Après 11 années passées à Istanbul, à étuder l'islam de Turquie et plus particulièrement le soufisme, le dominicain Alberto Fabio Ambrosio a publié un essai sur les paraboles. Même s'il n'a rien délaissé de sa foi chrétienne et de son attachement à l'Église en s'intéressant à l'islam, c'est un regard enrichi et renouvelé sur l'Évangile qu'il propose dans "Une lutte sans merci - Actualité des paraboles" (éd. Empreinte Temps présent). Une vision renouvelée aussi sur la foi chrétienne, plus incarnée et ancrée dans la vie ordinaire qu'on aurait tendance à l'envisager.
L’Évangile regorge de paraboles, ces petites histoires très imagées dont Jésus avait le secret. Il y évoque la vie ordinaire de son époque : le pain qui lève grâce au levain, le sel qui donne du goût, la vigne, un festin ouvert à tous, une brebis égarée, le cultivateur qui sème à tout vent, un trésor à découvrir dans un champ... Ces histoires qui continuent de nous parler ce sont les paraboles.
La parabole du semeur (Mt 13, 1-9)
Ce jour-là, Jésus était sorti de la maison, et il était assis au bord de la mer. Auprès de lui se rassemblèrent des foules si grandes qu’il monta dans une barque où il s’assit ; toute la foule se tenait sur le rivage.
Il leur dit beaucoup de choses en paraboles : « Voici que le semeur sortit pour semer. Comme il semait, des grains sont tombés au bord du chemin, et les oiseaux sont venus tout manger. D’autres sont tombés sur le sol pierreux, où ils n’avaient pas beaucoup de terre ; ils ont levé aussitôt, parce que la terre était peu profonde. Le soleil s’étant levé, ils ont brûlé et, faute de racines, ils ont séché. D’autres sont tombés dans les ronces ; les ronces ont poussé et les ont étouffés. D’autres sont tombés dans la bonne terre, et ils ont donné du fruit à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un. Celui qui a des oreilles, qu’il entende ! »
Source : AELF
"Parce que Jésus veut atteindre le cœur de tout le monde, explique fr. Alberto Fabio Ambrosio, il n'y a que la vie concrète qui puisse parler à l'homme de la foi." Manger, partager, dormir, tout cela parle de la foi. "Ce n'est pas la foi qui parle de la vie mais la vie qui ouvre à la foi."
Comment se fait-il que Jésus, le fils de Dieu, n'a pas fait de catéchèse ou de théologie ? Pour Alberto Fabio Ambrosio c'est en tout cas le signe que : "Il y a une sorte de matérialisme dans la foi c'est-à-dire que notre foi doi têtre ancrée dans la vie concrète, ordinaire."
Fr. Alberto Fabio Ambrosio a intitulé son ouvrage "Une lutte sans merci", allusion à Lotta continua, ce mouvement maoïste terrorisme qui a marqué l'Italie des années 70 et insinué alors "un esprit de peur et de crainte", se souvient le dominicain. "Lotta continua", un nom qui l'a toujours interpellé, car pour lui c'est la "vie évangélique" qui est une une lutte continue. "La vraie lutte continue de l'Évangile c'est de retrouver chaque jour, chaque instant, la nouveauté de l'Évangile."
À la suite du pape François, qui parle souvent de "la nouveauté de l'Évangile", fr. Ambrosio nous explique que la pire chose qui puisse arriver à notre foi c'est de tomber dans la routine. "Cette routine tue l'Évangile." Le risque, c'est de s'habituer, "quand la foi devient un discours, des paroles qui perdent de l'épaisseur". Justement, ce que montre le dominicain dans son ouvrage, c'est que les paraboles nous stimulent, nous réveillent, nous piquent parfois. Bref, elles changent notre regard et bousculent notre petite logique purement humaine.
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