Ce dimanche 25 décembre à midi, la communauté de Sant’Egidio organise des repas de Noël festifs dans plusieurs lieux en France. Des moments de partage ouvert à tous, en particulier les personnes pauvres et isolées. À la paroisse Saint-Merry, en plein cœur de Paris, les repas pour ceux qui n'ont pas de toit sont proposés tous les dimanches. cette attention aux personnes isolées prend ici la forme d'une cantine familiale, un repas servi à table, tous les dimanches, pour ceux qui n'ont pas de toit.
Cette année pour l'Avent et Noël, RCF a choisi de s'arrêter sur celui qui nous bouscule : l'étranger, l'exilé. Mais comment entendre ce que ces personnes ont à nous dire ? Ces migrations peuvent-elles avoir un sens théologique ? Découvrez notre programmation spéciale.
"L’ami sans-abri et le pauvre en général nous aident à nous réunir aussi et nous rassemble, c’est ce que l’on verra au repas de Noël, annonce le Père Philippe Perraud, curé de Saint-Merry. Ce sera une très belle icône de ce qu’est la famille de Dieu !" Comme de nombreux lieu où est installée la communauté Sant'Egidio, la paroisse Saint-Merry à Paris prépare son grand repas de Noël, ce dimanche 25 décembre. Parmi les invités, les paroissiens, les gens du quartier, les "amis sans-abri", des personnes pauvres et isolées...
La communauté de Sant’Egidio anime la paroisse Saint-Merry depuis septembre 2021. Ce groupe de chrétiens formé au lendemain de Vatican II par un lycéen italien, Andrea Riccardi, existe aujourd'hui dans plus de 70 pays. Parmi ses membres, le Père Philippe Perraud, un jeune prêtre ordonné en 2019, nommé administrateur de Saint-Merry par Mgr Michel Aupetit. Il rappelle que dans sa paroisse, les sans-abris, on les appelle "les amis" et ce n’est pas qu’une formule. "Ce sont vraiment des amis, on fête Noël ensemble, on va en vacances ensemble, on fait des moments, des sorties, on fête les anniversaires ensemble…"
Notre service auprès des pauvres est un lien direct avec la liturgie, avec le Christ
Des repas partagés ensemble et ouverts à tous, Saint-Merry en propose chaque dimanche. Cela s’appelle "la cantine familiale". "C’est une cuisine comme à la maison mais c’est aussi une ambiance comme à la maison, explique Mireille, la responsable de la cantine dominicale. L’idée c’est de retrouver un cadre familial, fraternel, détendu… C’est un lieu sécure où chacun peut trouver quelque chose dans sa vie pour l’améliorer, pour avancer. Et ça, déjà, c’est énorme parce qu’il y a ce lieu, dans la ville, où on peut être accueilli comme en famille !"
Le dimanche, avant la messe, Mireille et le Père Philippe, lancent les préparatifs du repas. "Il y a une chose qui est très importante pour la communauté, explique le prêtre, c’est à la fois d’avoir le sacrement de l’autel, qui est toujours, toujours, toujours lié au sacrement du frère." Servir les plus pauvres, "c’est parfois même une manière de prier", ajoute le prêtre, s’inspirant de saint Jean Chrysostome ou d’Olivier Clément. "Notre service auprès des pauvres est un lien direct avec la liturgie, avec le Christ."
Pendant la messe, d'autres bénévoles prennent le relais. Au menu, soupe, plat chaud, fromage, dessert et café. Il faut aussi installer les tables. Les bénévoles de la cantine familiale peuvent compter sur l'aide des personnes âgées du quartier, de la paroisse ou du réseau Sant’Egidio. Dès le samedi, celles-ci donnent un coup de main. Après la prière, "elles échangent et cuisinent pour la cantine familiale du lendemain". Ce jour-là, elles avaient déjà découpé toutes les carottes du chili con carne.
On n’a pas de subventions, on n’a pas de chiffre à faire, on prend le temps, comme en famille, c’est totalement gratuit !
À la cantine familiale, "on ne juge pas, on laisse les gens venir comme ils sont, et puis petit à petit…" Petit à petit des liens se créent, la confiance s’installe. "L’important, précise Mireille, c’est aussi de laisser le temps aux personnes de s’installer et après les langues se délient, on essaie de prendre le temps de parler." Suffit-il d’un repas pris autour d’une table pour sortir de la galère ? Ce serait un peu trop simple. Et pourtant : "Ils se remettent dans le circuit de la société rien qu’en étant à table et en mangeant à table, et pas dans la rue, sur une marche ou un banc, ça change tout déjà, de se mettre à table", observe Mireille, l’espérance chevillée au corps. "Il n’est jamais trop tard pour tout le monde, assure-t-elle, tout est toujours possible, tout peut toujours changer, il faut de la patience, du temps, de l’espérance, aussi, et beaucoup d’amour…"
À Saint-Merry, on cultive la gratuité des liens. "On n’a pas de subventions, on n’a pas de chiffre à faire, on prend le temps, comme en famille, c’est totalement gratuit !" Et c’est ce dont on a besoin quand on a perdu confiance. Mireille l'observe souvent chez les personnes de la rue, cette "perte de confiance d’une manière générale dans la société, dans les relations avec d’autres individus, avec soi-même aussi"... Pour les bénévoles de Saint-Merry, la solution est dans "le travail de l’amitié".
La cantine familiale est "une manière de préparer la paix sociale, la paix dans le quartier, la paix dans la ville", selon le curé de Saint-Merry. Bâtir la paix, c'est d'ailleurs l'un des charismes de la communauté Sant’Egidio, "la prière, la paix, les pauvres".
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