Huit jours après sa naissance, le nouveau-né juif est circoncis. Une tradition à laquelle les juifs sont très attachés, qu'ils soient ou non pratiquants. Dans le judaïsme, comme l'explique le rabbin Rivon Krygier "on ne dissocie pas l'être, l'esprit, la chair et l'âme".
Dans la tradition juive, le huitième jour est comme un retour au premier. La circoncision intervient donc comme une seconde naissance, il s'agit de renaître à la communauté. C'est une tradition à la portée spirituelle dense et très profonde, qui se déroule lors d'une cérémonie riche en symboles.
Il y a des bénédictions, qui sont prononcées, une coupe de vin, qu'on lève, des épices, dont on fait sentir les odeurs... Et une chaise vide. Elle représente l'absence - et la présence - du prophète Élie. Dans la religion juive en effet, Élie est considéré "symboliquement et spirituellement présent dans le monde pour accompagner le processus de développement du monde jusqu'à la rédemption".
À travers la circoncision, il y a l'idée que "l'homme n'est pas complet, qu'il n'est pas plein de lui-même, qu'il doit renoncer à quelque chose de sa toute-puissance ; c'est faire place à une autre dimension." Avec cette idée qu'il faut retirer quelque chose de soi pour qu'il y ait "une aspiration vers quelque chose de supérieur à soi-même".
La circoncision est une marque d'engagement. En hébreu, brit milah signifie "alliance de la circoncision" : cette coupure est une jonction pour rattacher l'être à quelque chose de plus large." En devenant incomplet, l'unité de l'être se fait par le lien à Dieu. Il n'y a pas de cœur plus entier qu'un cœur brisé, disait le rabbi Nahman de Bratslav (1772-1810), l'un des grands maîtres du hassidisme. Pour Rivon Krygier: "Il n'y a pas d'homme plus entier qu'un homme qui concède une partie de soi."
Dans le Nouveau Testament, saint Paul fait mention de la circoncision. "Quelle est l’utilité de la circoncision ?" écrit-il (Rm 3, 1)*. On a longtemps considéré que l'apôtre y était opposé. En réalité, rappelle Rivon Krygier, "il n'était pas opposé à ce que les juifs la pratiquent mais opposé à ce qu'on oblige les nouveaux chrétiens païens à le faire". Le rabbin ajoute que saint Paul parlait aussi "de la circoncision du cœur". Qui, elle, concerne tout le monde.
* Source : AELF
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