Le secret de confession est total et absolu et ne peut, en aucun cas, être révélé par le prêtre. Une pratique qui questionne l'imaginaire collectif de notre société notamment depuis la crise des abus sexuels qui traverse l'Église catholique. Comment respecter les consciences d'un côté et rendre justice de l'autre ?
C'est autour de cette question que Sophie Lecomte interroge le père Thomas Poussier, supérieur de séminaire Saint Luc à Aix-en-Provence et auteur du livre "Le secret de confession" publié aux éditions Salvator.
Le père Poussier a souhaité écrire son livre "Le secret de confession" après avoir réalisé l'impact du statut de prêtre dans la vie des paroissiens. "Ça m'a interpellé le lien très fort qu'on pouvait tisser avec des personnes. Dès qu'on disait qu'on était prêtre, ils nous confiaient des choses très personnelles, intimes et cette responsabilité du prêtre qui recevait des choses très personnelles ça m'a intrigué" se souvient-il.
Il s'intéresse rapidement au sujet du secret, notamment de confession, et réalise que contrairement à d'autres "secrets" médicaux ou familiaux, le secret de confession était le seul à être notifié comme étant absolu.
La société actuelle ne laisse plus de place au secret, qui entraîne aujourd'hui et de manière quasi systématique une suspicion. Le père Poussier parle de "tyrannie de la transparence". Un positionnement complexe à aborder avec justesse pour l'ensemble des prêtres."Tout ce qui est secret n'est pas forcément de l'ordre du soupcon ou d'une mauvaise chose : un vrai secret ça porte la vie" ajoute-t-il. Il prend l'exemple de la Vierge Marie qui court vers Elisabeth quelques temps après avoir entendu l'annonce de l'ange.
Le secret est souvent lié à ce que l'on doit cacher, mais c'est aussi très souvent le signe d'une bonne relation entre les Hommes et un gage magnifique de confiance, enfin dans le Foi c'est un signe de relation avec Dieu qui s'établit dans le sacrement de la confession.
Le sacrement de réconciliation est protégé par le droit français, par ailleurs il n'est pas possible dans les faits de briser le secret de confession. La spécificité de ce secret, selon le père Poussier, et que "justement le secret du sacrement de réconciliation, c'est le retour d'un pénitent vers Dieu son Père qui va lui pardonner ses péchés et donc, puisque la miséricorde de Dieu est absolue, le secret est absolu".
Le sacrement de réconciliation prouve qu'il n'y pas de limites à la miséricorde de Dieu. Par ailleurs, il est très important pour le père Thomas Poussier de préciser que ce n'est pas le prêtre qui est dépositaire du secret mais bien Dieu lors du sacrement. Dans d'autres circonstances ou lieux, le prêtre n'est pas tenu au secret absolu.
Les récents scandales d'abus sexuels au sein de l'Église remettent en question le caractère absolu du secret de confession qui pourrait être gage d'impunité pour les auteurs. "La protection du secret n'empêche pas la justice mais elle permet dans d'autres cas, hors du cas de la confession, d'avoir cette dénonciation qui est possible" explique le père Poussier, "il est fondamental de tenir à la fois l'exigence de justice qui est due aux victimes, qui est due à la société, et en même temps de tenir le respect des consciences. Ce n'est pas parce qu'on respecterait le secret absolu de la confession qu'on ne permet pas à la justice de se faire" ajoute-t-il.
Dans son livre "Le secret de confession", le père Thomas Poussier différencie le secret du silence. "Par exemple dans les histoires de pédo-criminalités, les silences de l'Eglise, c'est quand elle cherche à mettre un couvercle sur un problème, sur un crime, sur des personnes qui ont été abîmées, par contre le secret c'est justement ce qui permet dans le cadre d'une relation qu'il y est cette ouverture de coeur, cette ouverture de conscience. En fait, le secret c'est ce qui va conditionner la relation" explique-t-il. Il donne l'exemple de ce qu'on appelle des "secret de famille" qui selon lui sont en fait des silences.
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