Marseille
Aujourd’hui, il est banal d’avoir des femmes pasteurs mais cela n’a pas toujours été le cas au cours de l’Histoire. Dans l'Eglise protestante unie de France (EPUDF), les femmes peuvent devenir pasteur depuis la fin de la seconde guerre mondiale et ont les mêmes droits que leurs homologues masculins depuis 1966.
Rencontre avec l'une d'entre elles dans “Escale Protestante”, Anne Faisandier, qui nous parle de son parcours et de sa vocation.
“Quand je dis que je suis pasteur, les gens me regardent et je sens parfois une dissonance cognitive, ils se disent “là il y a un truc qui ne va pas” (...). Souvent je souris et j’explique quand j’en ai l’occasion", se souvient Anne Faisandier avant de poursuivre: "ça dit quelque chose aussi des résistances que l’on peut avoir”.
Il n’y a pas eu toujours des femmes pasteurs. Dans l’église à laquelle appartient Anne Faisandier, l’Eglise protestante unie de France (EPUDF), le ministère féminin a été mis en place à la fin de la seconde guerre mondiale et les femmes pasteurs n’ont acquis les mêmes droits que leurs collègues masculins qu’en 1966.
“Dans la Réforme elle-même, il y avait des fondamentaux qui ont permis ça après, avec quelques points saillants de la réforme protestante, comme par exemple la question de l'Église, explique-t-elle, le croyant est directement en lien avec Dieu par sa foi.
L’Eglise n’est pas une condition de la foi mais une conséquence de la foi, c’est parce que vous êtes croyant que vous allez vous réunir avec d’autres et que vous allez former le corps du Christ avec les autres, et c’est un élément important qui a désacralisé la fonction de prêtre, en s’appuyant sur un principe qui existe dans toutes les confessions chrétiennes qui est “le sacerdoce universel”, principe biblique qui dit qu’on est tous prêtre.
Un principe qui s’est conjugué de différentes manières et, dans le protestantisme, cela n’a pas fait du pasteur quelqu’un à part, le pasteur est un homme ou une femme comme les autres”.
Chez les protestants, le pasteur s'inscrit dans une approche plus horizontale de l’Eglise.
Le protestantisme a largement ouvert l’accès à la Bible et cette ouverture a éduqué les femmes, une éducation qui est “une des clés pour prendre sa place dans la société à tous les postes”.
Anne Faisandier cite également des modèles de femmes dans la Bible qui “ont ouvert aux femmes protestantes des façons d’être femme dans leur famille, dans leur église et dans la société”.
Par exemple, dans le livre des Proverbes, chapitre 31, est décrite la femme vaillante, engagée, courageuse, qui assume des responsabilités, y compris politiques, ou encore la samaritaine, qui va parler de sa foi et convertir les gens.
Quand on lui demande comment est née sa vocation de pasteur, Anne Faisandier se compare au personnage biblique de Jonas, pour expliquer qu'elle était en elle depuis longtemps mais a mis du temps à éclore.
“J’ai grandi dans une famille engagée et le modèle de pasteur faisait partie de mon univers. J’ai décidé de faire du droit car c’était bien carré (...) et je me suis sentie malheureuse dans ces études”.
Elle garde toujours le lien avec la foi et réalise que c’est de ce côté-là qu'elle trouvera du sens à sa vie. L’idée de devenir pasteur mûrit grâce aussi aux encouragements de son entourage.
“J’ai 54 ans et cela fait 28 ans que je suis pasteur (...), j’ai vécu avec des tas d’étapes ce chemin de liberté qui est le fondement de la foi chrétienne, celle d’un Dieu qui nous accompagne pour nous rendre toujours nous-même. Pour moi c’est ça le salut !”
Mariée et mère de trois filles, elle ressent cet appel de Dieu qui lui fait comprendre, “ta maternité, ta féminité c’est ce dont j’ai besoin pour que tu prêches l’Evangile”.
Vivre une vie de famille imbriquée dans la vie paroissiale, ouvre tout un champ de discussion pour Anne Faisandier.
“La grâce c’est de recevoir la grâce que tu as à être avec les limites que tu as, c’est pour moi une incarnation de l’Evangile. Je ne fais pas semblant d’avoir des limites, je vis avec, c’est assez libérateur pour mes interlocuteurs et je me rends compte que finalement c’est quelque chose qui touche les gens de traverser cette condition humaine qui est imparfaite et faite de souffrances et qui est aussi faite de grandes joies. Cela incarne quelque chose de l’Evangile”.
En conclusion, Anne Faisandier fait référence à la Bible: “pour moi l’Evangile concerne chacune de nos vies et de nos existences. C’est vraiment un chemin de libération et cela concerne les femmes dans leur propre vie, leur vie de famille, leur métier. C’est exigeant d’accéder à cette liberté, de se laisser aimer suffisamment pour se laisser être qui on a à être, mais au final tout le monde en bénéficie”.
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