Dans un texte paru le 17 juillet dernier et passé presque inaperçu, le pape François dit tout le bien qu'il pense de la littérature et de la poésie. Non seulement pour le plaisir qu'elles procurent mais aussi pour le rôle qu'elles jouent dans la formation humaine et spirituelle.
Écrite à l'origine pour les séminaristes, la lettre du pape François s'adresse à tous ceux qui ont à cœur d'annoncer l'évangile. Car dit-il encore "comment pouvons nous parler au cœur des hommes si nous ignorons [...] ces mots avec lesquels ils ont voulu manifester le drame de leur vie et de leurs sentiments à travers des romans et des poèmes?"
prendre le temps qu’il faut pour lire un roman
"C’est un texte qui m’a procuré une grande joie et que j’aurais aimé avoir écrit !" explique Dominique Vinay lorsqu’on lui demande sa réaction à la lecture de la lettre du pape François sur le rôle de la littérature dans la formation. Enseignant-chercheur à l’UCLY où elle fut doyenne de la faculté de Lettres de 2017 à 2023, Dominique Vinay salue un beau texte qui s’interroge sur le statut de la littérature aujourd’hui, et sur ce qu’elle peut apporter. "Je suis frappée par l’humilité, l’humanité et le bon sens du pape François dans ce texte qui a ceci de nouveau qu’il s’adresse à ses lecteurs en partant de la culture contemporaine". Evoquant les écrans, les médias audio-visuels, les réseaux sociaux et l’immédiateté à laquelle ils nous soumettent, François nous invite à prendre le temps et en particulier celui qu’il faut pour lire un roman. "Il inscrit la lecture dans un temps long et dans une posture d’écoute ajoute Dominique Vinay. Il la présente comme un terrain de recherche et d’investigation non dogmatique. A travers les personnages créés par l’auteur, le lecteur vit des aventures humaines pouvant être merveilleuses, édifiantes ou pénibles. Il peut se retrouver lui-même en faisant des expériences qu’il n’aurait jamais faites autrement".
choisir nos lectures avec ouverture, surprise, souplesse
"La littérature a donc à voir d’une manière ou d’une autre avec ce que chacun désire de la vie, écrit le pape puisqu’elle entre en relation intime avec son existence concrète, avec ses tensions essentielles, ses désirs et ses significations". Se pose alors la question d’une littérature qui serait profane et ce que l’on peut considérer comme une littérature édifiante, spirituelle, chrétienne.
"Le pape cite Proust, Cocteau, Paul Celan souligne l’écrivaine Jacqueline Kelen, mais aussi Karl Rahner et Basile de Césarée, expliquant que toutes ces œuvres constituent l’ensemble d’un trésor culturel inestimable." Et même si en bon jésuite, il en appelle au discernement, il nous propose de "choisir nos lectures avec ouverture, surprise, souplesse en nous laissant conseiller mais aussi avec sincérité en essayant de trouver ce sont nous avons besoin à chaque moment de notre vie".
"La littérature nous offre un vaste panorama explique Jean-Baptiste Amadieu, chercheur au CNRS en littérature française, spécialiste des phénomènes de censure. Et le pape nous rappelle combien elle nous ouvre non seulement à l’espace mais aussi au temps. Il de textes éloignés de notre culture ou de pays lointains qui nous donnent une vision plus large du monde et nous ouvre à des réalités qui sans ça nous resteraient inconnues". La littérature révèle les gouffres qui sont en nous. "Dieu vient habiter ces espaces infinis conclue Dominique Vinay, que la théologie, dans un second temps, vient éclairer".
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