À quoi sert notre foi chrétienne si l’on considère que la non-violence relève de l’utopie ? Si l'on pense, comme le reste de la société, qu’il faut obéir à la loi du plus fort ? Au sein du mouvement Pax Christi, dont il a été l’aumônier, Dominique Lang a rencontré des militants de la non-violence. Religieux assomptionniste et journaliste à l'hebdomadaire Le Pèlerin, il nous propose une méditation sur la non-violence évangélique. Il est l'auteur de "Forts dans la faiblesse - Au cœur de la non-violence évangélique" (éd. Salvator, 2021).
Au sein du mouvement Pax Christi, dont il a été l’aumônier, Dominique Lang a rencontré des militants de la non-violence qui l’ont "émerveillé", "interrogé" aussi par "l’intensité de leur engagement". Paradoxalement, leur "radicalité" pouvait passer pour une forme de violence... D’un autre côté, si l’on considère la non-violence chrétienne relève de l’utopie, voire de la naïveté, on peut se demander à quoi sert notre foi chrétienne si l’on pense, comme le reste de la société, qu’il faut obéir à la loi du plus fort ?
La question de la non-violence évangélique est complexe, et sans doute plus encore difficile à aborder lorsqu'on l'ancre dans les moments de notre vie quotidienne. Dans son livre, "Forts dans la faiblesse - Au cœur de la non-violence évangélique" (éd. Salvator), Dominique Lang raconte cette matinée où, juste après avoir prié et médité, il a appris la tragédie de la basilique Notre-Dame de l’Assomption à Nice. Le choc de ces réalités si opposées marque notre monde : il y a notre capacité à nous recueillir, à rechercher la paix, et en même temps celle temps de poser des actes abominables. Cette dualité au cœur de la nature humaine, c’est "notre expérience quotidienne".
Des chrétiens en colère, Dominique Lang en voit notamment dans le courrier des lecteurs, lui qui est journaliste pour l’hebdomadaire Le Pèlerin. Quand on est chrétien, peut-on justifier notre violence en l’inscrivant dans une lutte du bien contre le mal ?
S’inspirant de la pensée du sociologue et théologien protestant Jacques Ellul (1912-1994), Dominique Lang répond que si "des chrétiens, au nom de leur conscience ou de leurs convictions personnelles ou politiques" pensent qu’il faut emprunter la voie de la violence, "peut-être que ça peut se justifier politiquement, mais jamais spirituellement".
Entre violence et passivité, et s’il y avait une troisième voie ? Une forme de non-violence évangélique ? D’après Jacques Ellul, auteur de "Contre les violents" (1972), Dominique Lang rappelle ceci : "Il faut d’abord en tant que chrétien reconnaître que l’usage de la violence est toujours un échec, toujours, et, dans tous les cas, ce n’est pas la voie évangélique, ce n’est pas la voie du Christ."
"Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent" (Mt 5, 44), a dit le Christ. Dans ce verset de l’évangile de Matthieu est probablement contenu tout le caractère révolutionnaire du christianisme. Une affirmation "très troublante", admet l’assomptionniste. On peut la comprendre ainsi : "Si notre amour n’est réservé que à ceux qui nous aiment, à ceux qui nous ressemblent ou à ceux qui pensent comme nous, alors nous nous annonçons nous-mêmes mais nous n’annonçons pas Dieu sauve, cette promesse d’un salut universel pour toute créature."
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