Le succès de la série "Sex Education" laisse croire que les jeunes ne cherchent que le plaisir sexuel. Or, pour le philosophe canadien Alex Deschênes, spécialiste de la théologie du corps de Jean Paul II, et auteur du livre "Tu es don, la théologie du corps pour les jeunes" (éd. Artège), c'est bien l'amour sincère et durable que veulent les jeunes. "Ils sont des romantiques."
L’Église peut-elle donner à tous une vision enthousiasmante de la sexualité ? Cela semble peu évident, à première vue... Pourtant, Alex Deschênes en a "la certitude", "l’Église peut être la plus belle parole, le plus beau message sur la sexualité humaine qui puisse être entendu aujourd’hui". Il l'admet, il reste "du chemin à faire" pour rejoindre nos contemporains et "toutes les réalités des différentes personnes".
Au cours des siècles, l'Église catholique a souvent donné l'impression qu'elle avait un problème avec le corps et la sexualité. Or, "c'est tout le contraire du christianisme, qui est une religion de l’incarnation", rappelle le philosophe. La faute aux jansénistes ? À saint Augustin ? "Reste que cet héritage est certainement néfaste et loin de ce que l’Église a vraiment à transmettre", pour Alex Deschênes.
La théologie du corps, c'est le nom que l'on donne aux catéchèses données chaque mercredi pendant cinq ans par le pape Jean Paul II. Près de 130 textes recensés par Yves Semen qui en a fait un best-seller, "La sexualité selon Jean-Paul II" (éd. Presses de la Renaissance, 2004). Alex Deschênes, qui a été l'élève d'Yves Semen, a "dévoré ses ouvrages". "J’ai trouvé tellement magnifique cette vision de la sexualité ! Dans l’union sexuelle ce que les hommes, les femmes cherchent profondément c’est le don de soi, on veut se donner à quelqu'un, donner tout ce que l’on peut être." Il ajoute : "Même chez Simone de Beauvoir on retrouve ça !"
Avant Jean Paul II, il y a eu Henri Caffarel, Maurice Zundel ou encore Dietrich et Alice von Hildebrand, qui ont eu "de magnifiques paroles sur l’amour", selon Alex Deschênes. "Mais Jean Paul II a donné non seulement le texte le plus profond, le plus long peut-être, sur l’amour et la sexualité mais aussi avec son autorité de pape." La théologie du corps selon jean Paul II est encore très peu connue, elle se répand dans certains milieux catholiques.
Les jeunes du XXIe siècle ont-ils envie d'une relation amoureuse comme en célèbre l'Église ? "Dans le cœur de tout être humain il y a un désir profondément pour l’amour, certifie le philosophe, et c’est la même chose pour les jeunes... Les jeunes sont des romantiques, ils veulent trouver l’amour." Par contre, lorsqu'on mesure le succès de la série Sex Education, qui fait un carton chez les adolescents, on peut se se questionner sur l'image de l'amour qu'on leur transmet. Dans cette série, "tous les personnages, qu’ils aient 13 ou 73 ans, sont tous obsédés par une chose, le sexe, et à travers ça, ils espèrent peut-être au bout du compte trouver l’amour". Or, pour Alex Deschênes, "l'amour devrait être premier, c'est l'amour que je devrais chercher d’abord, et la sexualité est le somment, le zénith..."
Les jeunes sont des romantiques, ils veulent trouver l’amour
Dans son livre, Alex Deschênes encourage le jeune à identifier ses propres désirs. Et à méditer le sens de sa vie sur terre. L'idée étant que tant qu’il n’aura pas résolu ces questions il ne pourra pas entrer dans une relation amoureuse. "La période de l’adolescence est une période d’abord pour apprendre à se connaître, tisser des amitiés tout simplement et apprendre quelles sont les valeurs qui m’animent." Puis, quand vient le temps des relations amoureuses, il ne faut pas hésiter à "se projeter". Et à se demander : "Quel genre d’homme ou de femme je veux rencontrer ? Comment est-ce que je veux être aimé ? Comment est-ce que je mérite d’être aimé ?" Pour Alex Deschênes, "si je ne connais pas ma propre valeur aux yeux de Dieu, ma dignité, il y a le danger d’entrer dans des relations où je mets de côté ma dignité".
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