Ce sont les paroles de Jésus à l'agonie, crucifié au milieu de quolibets. Un cri de de détresse physique et psychique, existentielle. Dieu est donc aussi souffrance: il a connu la vulnérabilité. Une image "en contrepoint de tout ce que l'on pense sur Dieu", explique Nicole Fabre.
Ces dernières paroles du Christ sur la croix - cri de vie, cri de souffrance - sont une prière que l'on retrouve dans les psaumes. "C'est cet écartèlement: Dieu est loin et la souffrance est proche." Pour la bibliste, "Jésus est alors au cœur de l'incompréhension entre Dieu et les hommes." Ce que saint Paul a décrit d'une autre manière. "Je ne fais pas le bien que je voudrais, mais je commets le mal que je ne voudrais pas." (Rm, 7, 19)* Il s'agit là des "forces de mort que l'on n'aimerait pas trouver en nous". Jésus ne repousse pas les contradictions, il se laisse au contraire atteindre par les violences au cœur de la nature humaine.
Ce récit poignant de la Passion, on le réentend chaque année lors de l'office du Vendredi saint. Il nous fait "plonger en des lieux où on n'a pas envie d'aller voir, écouter des personnes que l'on n'a pas envie d'écouter", admet Nicole Fabre. Parce que ce texte nous dit "jusqu'où la souffrance peut défigurer l'homme et mettre à bas tous nos rêves qui ne cessent de nous habiter".
La souffrance c'est difficile d'en parler sans blesser tous ceux qui en font l'expérience. En tant que pasteure et aumônier d'hôpitaux, Nicole Fabre confie: "Je suis extraordinairement étonnée de découvrir, dans des regards, des sourires, des connivences, des confessions, combien la vie se donne encore et peut-être de manière plus forte sans doute, dans ses racines mises à nu."
*Source: AELF
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