Sr Nathalie Guéguen a su qu'elle serait religieuse à l'âge de 15 ans, mais le handicap de sa sœur a été une épreuve de foi : quel est donc cet appel au bonheur que Jésus propose ? À 38 ans, Nathalie Guéguen témoigne de son parcours de foi. Elle appartient à la congrégation des Filles de Jésus de Kermaria. Une congrégation de religieuses de vie apostolique fondée à la fin du XIXè siècle. Pour cette infirmière, prendre soin de l’autre a toujours été au cœur de ses préoccupations.
Dans son parcours de foi, il y a eu sa grand-mère, une femme "profondément joyeuse habitée par une foi très grande, très profonde", qui a transmis à Nathalie Guéguen "le goût de la prière". Il y a eu aussi son grand-oncle missionnaire au Gabon, qui venait régulièrement en vacances à Loctudy. Et puis son expérience d'enfant de chœur qui lui "a fait aimer la liturgie" et "entrer dans une intimité avec le Seigneur".
Mais le moment le plus déterminant de sa vocation, sa "rencontre avec le Christ", comme elle la décrit, a eu lieu au cours d'une retraite au foyer de charité de Tressaint (Côtes-d'Armor). Âgée de 15 ans, la jeune fille est "saisie au moment d'une prière d'oraison par la présence aimante et très proche du Seigneur". "Là j'ai découvert qu'à travers la méditation de la parole de Dieu c'est le Seigneur qui vienr me parler qui me rejoint." C'est à ce moment qu'elle dit "oui" à Dieu.
"Les moments de doute sont importants pour grandir dans la foi." Nathalie Guéguen a 17 ans quand sa petite sœur Elisabeth naît : le handicap dont elle est porteuse est une épreuve pour toute la famille. Elle ressent "l'angoisse et l'inquiétude" de ses parents. Nathalie, qui est la deuxième d'une fratrie de 13 enfants, a appris en famille "la vie communautaire". Cette fois, il faut accepter "une enfant différente, à laquelle il faut faire plus attention".
Une expérience radicale de vulnérabilité : la jeune fille en vient à douter de l'existence de Dieu. "Comment est-il possible que Dieu fasse vivre une telle souffrance qui vient perturber l'équilibre familial ? Et si Dieu n'existait pas ?" Pour elle qui était engagée au MEJ (Mouvement eucharistique des jeunes) mais aussi dans l'aumônerie de son lycée, cette remise en cause est une épreuve. "J'avais l'impression d'être là sans plus y adhérer de tout mon coeur." Pire, cet "appel à la vie consacrée" auquel elle avait dit oui deux ans plus tôt "ne tient plus la route".
Il aura fallu six mois à Nathalie Guéguen pour sortir de cette épreuve de foi. Six mois pour "sortir d'une foi magique, la foi des enfants où on pense que Dieu va venir avec sa baguette magique changer l'ordre ou le cours des choses". "J'ai découvert que finalement le Dieu auquel on est invité à croire c'est un Dieu qui se rend proche peut-être encore plus dans les moments où nous sommes traversés par l'épreuve de la fragilité."
C'est un texte de la Bible, les Béatitudes, qui l'aide à comprendre cet "appel au bonheur" tel que Jésus le propose. "L'appel au bonheur adressé à tous passe par le creuset de la pauvreté, quelque fois des larmes, de l'incompréhension." Les Béatitudes, elle en a fait la "feuille de route" de sa vie consacrée. "Je trouvais que c'était vraiment la feuille de route pour toute une vie consacrée et pour toute vie chrétienne d'ailleurs."
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