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L'appartenance religieuse au défi du communautarisme

RCF, le 31 janvier 2018 - Modifié le 9 décembre 2024

Aussi rassurant soit-il dans une société où l'individu se sent seul le communautarisme opprime la liberté. Il procède d'une logique binaire où toute appartenance extérieure est une déviance.

Ben White / Unsplash -  "On voit le bien fondé d'une apartenance" religieuse si l'individu est en capacité "d'estimer positivement d'autres types d'appartenances"Ben White / Unsplash - "On voit le bien fondé d'une apartenance" religieuse si l'individu est en capacité "d'estimer positivement d'autres types d'appartenances"

"Que ce soit le christianisme, le judaïsme ou l'islam, dans tous les cas il y a une place importance accordée à la communauté : faire religion c'est être en lien, c'est une des racines étymologiques du terme religio." Dans le contexte actuel on voit émerger deux tendances opposées. Il y a l'individu qui se construit une religiosité à la carte et celui qui adhère à un groupe, à une communauté. C'est au second que s'intéresse Michel Younès, qui a dirigé la publication de "Faire communauté à distance du communautarisme" (éd.  Chronique sociale). Comment passe-t-on de l'appartenance à une communauté au communautarisme ? Quelle place pour l'individu ?
 

"La difficulté du communautarisme c'est qu'il opprime la liberté - avec peut-être quelque chose qui peut être senti dans le contexte actuel comme un avantage, c'est qu'il rassure."

 

Liberté individuelle et appartenance religieuse

À tout individu membre d'une communauté, il revient de "[négocier] l'héritage à sa manière" de "le mesurer par rapport à sa subjectivité". L'individu ne renonce pas à sa liberté individuelle, mais la communauté lui oppose une forme de "régulation" de cette liberté.

Tout est affaire d'équilibre. Pour Michel Younès "on voit le bien fondé d'une apartenance" si l'individu est en capacité "d'estimer positivement d'autres types d'appartenances, voire d'autres personnes d'autres communautés".

 



 

L'individu en quête de liens

"La modernité a complètement changé le cadre global", admet Michel Younès. Dans nos sociétés occidentales modernes, l'individu a pris une place prépondérante. On a mis l'accent notamment sur sa capacité à recomposer le paysage religieux. Une émancipation qui expose l'individu à "une forme d'insécurité". Ainsi mis en avant "il se donne une responsabilité assez importante".

Dans une société hyper-individualisée, qui pour beaucoup semble fragmentée, atomisée, les liens se distendent. En réponse à cela, la France connaît un essor des communautés - ethniques, religieuses... - qui expriment des revendications nouvelles vis-à-vis de l’État républicain. Avec le risque de basculer dans le communautarisme.

La communauté au défi du communautarisme

Le communautarisme, comme le définit Michel Younès, "c'est une appartenance fermée, qui absolutise l'espace de l'appartenance de l'individu à la communauté". Une logique binaire, où toute appartenance extérieure devient une déviance erronée. "Une installation dans la fermeture de l'identité."

"La difficulté du communtaurisme c'est qu'il opprime la liberté - avec peut-être quelque chose qui peut être senti dans le contexte actuel comme un avantage, c'est qu'il rassure. Il donne tellement de critères formatés qu'on n'a plus besoin de rechercher." Or, dans un contexte de "mondialisaiton ouverte" et de "transformation rapide de la société", céder au communautarisme c'est sombrer dans l'illusion qu'on y trouve des repères.

 

 

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