Jérusalem
L'archéologie biblique a d'abord été perçue comme une discipline qui allait prouver l'exactitude de ce qui est dit dans la Bible. Or, bien souvent, les croyants ont été bousculés par ce que l'on a découvert. Cela fait des années que le dominicain Jean-Baptiste Humbert, installé à Jérusalem depuis plus de 50 ans, travaille sur ces questions. Archéologue, il raconte comment ses recherches scientifiques ont fait grandir sa foi.
À Jérusalem, non loin de la vieille ville. C'est là que vit et travaille Frère Jean-Baptiste Humbert depuis plus de 50 ans, au cœur de l'École biblique et archéologique. Son laboratoire - on pourrait dire son "musée" - est une véritable caverne d’Ali baba ! Chaque pièce, chaque photo évoque un souvenir de ses missions en Israël, à Gaza, en Jordanie, en Iran... Il raconte comment ses recherches scientifiques ont fait grandir sa foi.
Si l’archéologie biblique est une discipline scientifique, c’est aussi "une science qui doit être interprétée, pensée, qui suscite des émotions", estime le dominicain. Travailler la terre, retrouver des traces de la vie de Jésus, c’est "comme si on avait un album photo qui illustrait le texte". Cela permet "une autre vision" et montre que la Bible est enracinée dans une réalité historique.
"Simplifier l’archéologie biblique est un danger et peut conduire à l’anachronisme", insiste Frère Jean-Baptiste. La rigueur est de mise et permet de nouvelles découvertes. "Depuis 50 ans, la chronologie de la Bible a été bousculée : on s’est rendu compte qu’elle avait été près de 500 ans après ce que l’on croyait, au retour de l’exil." Des découvertes qui "changent tout" : l’archéologie doit être pensée de la manière "la plus réelle possible" en observant depuis l’époque d’écriture du texte.
Plus les années passent, plus le bagage augmente et plus je suis habité, meublé et conforté dans ma foi
On pourrait croire que les découvertes archéologiques bousculent le croyant. Au contraire, "plus les années passent, plus le bagage augmente et plus je suis habité, meublé et conforté dans ma foi", répond Frère Jean-Baptiste. Ses fouilles et ses études le poussent à se "dégager du merveilleux pour réaliser à quel point la foi est concrète". D'ailleurs, pour le dominicain, le merveilleux ne sert qu'à "boucher les trous de ce que l’on ne comprend pas" !
Mais à travers les pierres, il redécouvre Jésus fait homme, incarné. "Dieu a parlé mais ce sont les hommes qui ont écrit... Je traverse des millénaires dans la terre. Les monuments et les objets ne m’intéressent pas : je ne trouve que les hommes. Je trouve le cheminement de l’humanité."
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