Le Liban, un pays plongé dans le chaos
En partenariat avec L'ŒUVRE D'ORIENT
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Il y a deux ans, le 4 août 2020, deux explosions dans le port de Beyrouth causaient la mort de plus de 200 personnes. Ce drame allait précipiter dans le chaos un pays déjà fragilisé par la corruption. Mais le Liban reste un cas unique de diversité confessionnelle et religieuse. Pour en parler, Pauline de Torsiac reçoit Michel Younès, professeur de théologie et directeur du Centre d'étude des cultures et des religions de l'Université catholique de Lyon.
La taille du Liban est équivalente à la dimension d'un département français. Un petit pays qui pourtant compte 18 communautés religieuses officielles dont 13 sont chrétiennes. "C'est un laboratoire unique, un modèle unique en son genre, on n'a jamais connu une telle diversité sur une petite proportion de population avec des histoires qui se recomposent au sein d'une même réalité" constate Michel Younès, lui-même d'origine libanaise.
Pour comprendre la diversité religieuse libanaise, il faut s'arrêter sur l'Histoire du pays. "On a des chrétiens à Antioche, dès le début du christianisme, c'est une réalité très ancienne" explique Michel Younés. Petit à petit, ces communautés se sont élargies et ont évoluées notamment avec l'arrivée de l'Islam. Les "conciles christologiques" du VIème et Vème siècle, qui posent la question de l'identité du Christ, marquent un tournant notamment le concile de Chalcédoine en 451. "Avec ce concile, il y a eu des premières clarifications christologiques mais aussi les premiers grands schismes de l'Église. Il y a eu la grande Église syriaque qui va se détacher de l'Église de Rome et de l'Église de Byzance, la grande Église copte va se détacher aussi et puis il y a l'Église arménienne". C'est à cette période que les églises d'Orient se constituent et que les communautés commencent à coexister.
Au XIème siècle, a lieu le schisme entre l'Église de Constantinople et l'Église Latine, ce qui va également influencer la composition des familles chrétiennes dans cette région. Enfin, un dernier repère important dans la construction des églises d'Orient a lieu au XVIIème siècle lorsque certaines églises orthodoxes vont se rattacher à Rome. C'est pour cela qu'on trouve aujourd'hui certaines églises d'Orient d'une même famille qui sont pour certaines rattachées à Rome et d'autres aux orthodoxes. Un maillage religieux complexe qui a évolué au cours de l'histoire et qui donne au Liban un héritage confessionnel inédit dans le monde.
Trois grandes familles chrétiennes sont présentes au Liban aujourd'hui : les catholiques, les orthodoxes et les protestants. Les maronites forment la plus grande communauté chrétienne libanaise avec plus de la moitié des chrétiens du Liban, vient ensuite les orthodoxes , l'église grec melkite qui est catholique représente également un nombre important de la population. Vient ensuite de nombreuses communautés comme les syriaques, les chaldéens, les coptes ou encore les arméniens. "Plusieurs patriarcats sont installés désormais au Liban. Sur le même territoire vous avez plusieurs patriarches et parfois sur le même siège. À Beyrouth, par exemple, il y a plusieurs évêques. Ca c'est la grande particularité du Liban qui fait que d'emblée on est face à une diversité de sensibilité chrétienne" explique Michel Younés.
Pour le professeur de théologie ce qui différencie ces différentes Églises c'est le rite, soit la manière de célébrer. "Très tôt chacune va s'attacher à cet héritage qui peut être très riche et des manières de prier avec des langues particulières, le grec pour certaines, le syriaque pour d'autres et cette richesse va s'exprimer à travers une autre caractéristique l'art iconographique." Enfin ces Églises ont des formes de spiritualités différentes, certaines sont monastiques "parce qu'elles vont naître dans le giron des grands monastères et puis pour d'autres à travers les grandes figures des Pères de l'Église".
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