Entre la fête de l'Ascension (le jeudi 18 mai) et celle de la Pentecôte (le dimanche 28 mai) il y a neuf jours : cette durée de neuf jours est à l'origine de la neuvaine. Une pratique de plus en plus répandue chez les catholiques. Facile, perçue comme "efficace", cette forme de prière est aujourd'hui détachée de la liturgie. Comme le dit Maximilien de la Martinière : "On a remasterisé la neuvaine pour en faire un objet spirituel utile qu’on a sous la main pour utiliser quand on veut."
Ce lundi 22 janvier, c’était la fête de sainte Rita. La sainte des causes désespérées est la championne des neuvaines ! Sur le réseau social de prière Hozana, les neuvaines à sainte Rita peuvent réunir jusqu'à plus de 88.000 priants. Mais il y a aussi des neuvaines à saint Joseph, à sainte Thérèse de Lisieux ou à "Marie qui défait les nœuds"... La neuvaine, une prière quotidienne durant neuf jours, est de plus en plus répandue chez les catholiques. Pourquoi un tel engouement ? Cette pratique qui relève de la piété populaire est-elle le signe d'une foi authentique ou d'une superstition ?
Faire une neuvaine c’est pour les catholiques, prier chaque jour pendant neuf jours, dans l’espérance d’une grâce ou de la résolution d’un problème. En France, dans une société où chacun "va chercher des éléments qui permettent d’alimenter son besoin spirituel", selon les mots du Père Maximilien de la Martinière, prêtre du diocèse de Versailles, cette pratique est de plus en plus populaire.
Facile, accessible et perçue comme efficace, la neuvaine semble adaptée aux mentalités occidentales d’aujourd’hui. "Elle touche beaucoup la question de guérison et d’efficacité et le monde d’aujourd’hui est comme ça : J’ai un besoin il faut une solution, décrit Maximilien de la Martinière. Et puis ça n’engage pas, la neuvaine, et aujourd’hui nos contemporains ont du mal à s’engager." Le prêtre de Versailles note qu’il y a "un côté utilitariste" dans la neuvaine, et que c'est ce qui explique son succès. "Je trouve ça merveilleux, dit-il, c’est une porte d’entrée pour l’Église !"
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La neuvaine a des origines bibliques. Dans le Nouveau Testament, Marie et les Apôtres se retrouvent pour prier après la montée au ciel de Jésus et la venue de l’Esprit saint sur les apôtres. "Pendant ces neuf jours les apôtres et la Vierge se mettent en prière pour attendre l’Esprit saint", explique Maximilien de la Martinière. Neuf jours qui aujourd’hui dans la liturgie séparent la fête de l’Ascension et celle de la Pentecôte.
Petit à petit, "la piété populaire s’est appropriée les neufs jours qui précèdent la fête". Spécialiste de la piété populaire, auteur du livre "La piété populaire - Une chance pour l'évangélisation" (éd. Médiaspaul, 2019), le Père de la Martinière note qu’il y a "quelque chose de l’ordre d’une habitude qui s’est créé au cours des siècles, assez typique de la piété populaire, qui consiste à recopier ce que fait la liturgie en le prenant en compte par la piété du peuple".
Nous faisons une neuvaine non plus parce que la fête du saint arrive dans neuf jours, on fait une neuvaine parce qu’on porte tel souci ou tel désir et qu’on pense que ce saint va intercéder pour nous
Aujourd’hui, la pratique neuvaine n'est plus liée à la liturgie. Toutes les occasions sont bonnes pour lancer une neuvaine : demander une guérison, trouver un travail ou un logement... "On a remasterisé la neuvaine, formule Maximilien de la Martinière, pour en faire un objet spirituel utile qu’on a sous la main pour utiliser quand on veut."
Les neuvaines à saint Joseph, à sainte Rita ou à "Marie qui défait les nœuds" : sur le réseau social de prière Hozana, ce sont celles qui réunissent le plus de "priants". "Peu à peu s’est développée une sorte de catalogue de saints en fonction des talents, des charismes ou des champs d’intercession ou d’intervention des saints. Et nous faisons une neuvaine non plus parce que la fête du saint arrive dans neuf jours, on fait une neuvaine parce qu’on porte tel souci ou tel désir et qu’on pense que ce saint va intercéder pour nous."
La neuvaine serait-elle devenue une prière à la frontière entre démarche de foi et superstition ? "La superstition, rappelle le Père de la Martinière, ça consiste à penser que si on fait telle et telle choses à tel ou tel moment dans telle situation, etc., il y a quelque chose d’opératoire, qui va forcément se passer." Ce qui caractérise la superstition c'est le côté automatique : "un peu comme quand vous mettez une pièce dans un distributeur, vous êtes sûr d’avoir après une canette de Coca qui tombe !" Et pour le prêtre, "il y a toujours cette limite-là dans la piété populaire" entre foi et superstition.
Dans la neuvaine, "je pense qu’il y a un vrai mélange des deux", estime le prêtre, "mais ce n’est pas grave". "Derrière ça, ajoute-t-il, il y a quand même et je le crois profondément une vraie démarche de foi qui est de dire : Je ne peux pas par moi-même résoudre un problème qui m’habite... Je fais une neuvaine comme un acte de foi, un appel à l’aide, une demande de secours." Pour le Père de la Martinière, la neuvaine est un "moyen de rentrer en contact avec beaucoup de gens !"
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