Entre frères et sœurs, en famille, dans les relations professionnelles ou amoureuses, nous connaissons tous la morsure de la jalousie. Ce ressentiment de rivalité qui envahit toutes nos pensées, cette piqûre qui peut et veut tout détruire. La jalousie, nous apprend Colette Combe, auteure de "Histoire des deux frères - L’épreuve de la jalousie" (éd. Nouvelle Cité), est une épreuve profondément humaine. Quel sens peut-on lui donner ? Que nous apprend-elle sur nous ? Comment pouvons-nous construire ou reconstruire nos relations au-delà ou en-deçà de cette épreuve ?
Dans son ouvrage, un beau livre illustré par Ruta Poikans, Colette Combe propose une méditation personnelle sur la jalousie nourrie par une lecture biblique et son expérience de psychanalyste. Elle revient sur l'histoire de Jacob et Esaü, ces deux frères jumeaux dont la jalousie réciproque est racontée dans le livre de la Genèse.
Ils sont frères jumeaux mais Esaü est l'aîné : un avantage dont Jacob est jaloux, lui dont le nom en hébreu signifie "talonné" - le nom d'Esaü, lui, signifie "rouge", la couleur de la colère. "Donne-moi ta place de grand frère, promets-moi que tu me donnes la place de premier que tu as pour nos parents", fait dire Colette Combe à Jacob dans son ouvrage (d'après le livre de la Genèse, chapitre 25, versets 29 à 34). "Le texte fait bien sensir que tout est de l'ordre de la convoitise", note la psychanalyste.
Tristesse, colère, haine démesurée... Esaü passe de manière très rapide de la meurtrissure au désir de meurtre. "Quand mon père sera mort, je tuerai mon frère", dit-il. Ce désir de meurtre, Colette Combe le constate chez certains de ses patients enfants, adolescents ou jeunes adultes. "Une haine qui paraît démesurée et qui probablement est montée comme un volcan, avant qu'ils aient pu la maîtriser."
Si le récit de Jacob et Esaü fait directement écho à l'histoire de Caïn et Abel, dans le second passage "il n'y a pas de parole de Caïn ni d'Abel ni des parents". Alors qu'entre Jacob, Esaü et Leurs parents Rebecca et Isaac, "on parle beaucoup". Pour la psychanalyste, la parole est "un vecteur pour défaire la jalousie".
Jacob et Esaü ont vécu la division mais les deux frères se sont ensuite retrouvés. Pour Jacob, cela est plus difficile : le texte montre "la profondeur de la difficulté pour revenir". Si toute division n'est pas destructrice, la Bible dit que nous avons à comprendre ce sentiment de jalousie et à lui reconnaître un pouvoir de nous détruire. "Un pouvoir de détruire qui est double : qui est de nous détruire en nous rongeant de jalousie, ou en nous la faisant payer par la culpabilité, et une envie de détruire l'autre permanente."
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