" Les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière "
Méditation de l'évangile (Lc 16, 1-8) par le Pasteur Nicole Fabre
Chant final : "Kyrie de la Messe en Sol majeur DV167" de Franz Schubert
En ce temps-là,
Jésus disait aux disciples :
« Un homme riche avait un gérant
qui lui fut dénoncé comme dilapidant ses biens.
Il le convoqua et lui dit :
“Qu’est-ce que j’apprends à ton sujet ?
Rends-moi les comptes de ta gestion,
car tu ne peux plus être mon gérant.”
Le gérant se dit en lui-même :
“Que vais-je faire,
puisque mon maître me retire la gestion ?
Travailler la terre ? Je n’en ai pas la force.
Mendier ? J’aurais honte.
Je sais ce que je vais faire,
pour qu’une fois renvoyé de ma gérance,
des gens m’accueillent chez eux.”
Il fit alors venir, un par un,
ceux qui avaient des dettes envers son maître.
Il demanda au premier :
“Combien dois-tu à mon maître ?”
Il répondit :
“Cent barils d’huile.”
Le gérant lui dit :
“Voici ton reçu ;
vite, assieds-toi et écris cinquante.”
Puis il demanda à un autre :
“Et toi, combien dois-tu ?”
Il répondit :
“Cent sacs de blé.”
Le gérant lui dit :
“Voici ton reçu, écris 80.”
Le maître fit l’éloge de ce gérant malhonnête
car il avait agi avec habileté ;
en effet, les fils de ce monde sont plus habiles entre eux
que les fils de la lumière. »
Source : AELF
Bel exemple, que Jésus donne à ses disciples. Est-ce une invitation à utiliser les biens d’autrui à leur profit ? Pourquoi ce gérant, littéralement de l’injustice est-il loué par le maître de la parabole. Il y a plusieurs réponses à cette question : peut-être d’abord parce qu’il prend au sérieux la parole de son maître : tu ne peux plus gérer. Cette parole peut faire écho à ce qui traverse tout l’évangile : « le Royaume de Dieu s’est approché. Convertissez-vous. » Or, face à cette échéance nouvelle, les uns et les autres n’ont pas l’air de se sentir concernés. Il n’y a que les malades, les possédés, les pécheurs qui entendent véritablement ce moment particulier annoncé par Jésus. Donc, premier point : il entend, et comme le fils de la parabole précédente, il rentre en lui-même et opère un changement. Deuxième point : il transforme les questions de comptabilité, de dettes en question de relation et d’accueil : « pour que des gens m’accueillent chez eux ». Troisième piste : il n’est pas anodin qu’il passe par des remises de dettes, terme employé sans cesse dans l’évangile pour parler du pardon. Aussi, la conclusion est celle-ci : les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière. Je vais vous dire comment cette parabole me rejoins : en tant que femme, je vis d’une vie qui m’a été donnée par d’autres, et aussi par Dieu. Je vis sur une terre qui m’a été confiée, avec des personnes qui, elles aussi, me sont confiées, si différentes les unes des autres. Tout cela entre en résonnance avec le terme de gérant. Or, si je suis vraie, je ne suis pas à la hauteur de cette gérance. Donc, soit je fais semblant d’y arriver, parce que je suis pasteur, disciple du Christ, soit j’accepte d’être gérante de l’injustice, et je suis témoin de l’amour qui m’est donnée sans raison par Dieu. Je ne cherche plus la perfection, mais j’accueille le pardon qui me relève et j’apprends à pardonner à mon tour, à accueillir, moi aussi, tous ceux qui me sont confiés. Ne nous trompons pas d’axe dans notre vie.
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