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Les Rugamba

Un article rédigé par Jean-Luc Moens - 1RCF Belgique,  -  Modifié le 25 janvier 2022
A l'école des Saints Les Rugamba, une famille au ciel ?

Le 23 septembre 2021 s’achève la phase diocésaine du procès de béatification d’une famille assassinée aux débuts des terribles événements du Rwanda : la famille Rugamba.

Rugamba©C.Emmanuel Rugamba©C.Emmanuel

Dans cette émission consacrée à l’écoute des saints, nous allons découvrir des serviteurs de Dieu, c’est-à-dire des personnes qui ne sont pas encore béatifiées mais pour lesquelles un procès de béatification est en cours.

 

Cyprien Rugamba est un grand intellectuel rwandais, poète, auteur compositeur, créateur d’un ballet de danse traditionnelle. Il naît en 1935. Il entre au séminaire en 1954, mais le quitte en 1959 ayant perdu la foi à la lecture des philosophes existentialistes.


Il étudie l’histoire à l’université et se fiance avec une jeune femme de sa région, Xavérine, dont il est éperdument amoureux. Celle-ci est malheureusement assassinée pendant les événements de 1963.
 

En 1965, il épouse Daphrose Mukansanga, née en 1944, nièce de sa fiancée décédée.
Les débuts du mariage sont difficiles. Daphrose est même répudiée pour un temps suite à une fausse accusation. Cyprien est un homme blessé qui ne se remet pas de la mort de sa première fiancée.

 

 

Cyprien est nommé directeur de l’Institut National de Recherche Scientifique (INRS) à Butare

 

Poète, il devient un des plus grands spécialistes de la langue rwandaise, le kinyarwanda. Il étudie la culture de son pays qu’il aime passionnément. Cette étude l’amène à la conviction que le Rwanda est un. Il n’y a qu’une seule culture, une seule langue – le kinyarwanda – et un seul peuple : les rwandais. Toute sa vie, Cyprien se fera l’apôtre de ce peuple unique, ne se laissant jamais piéger par ceux qui tentent de cliver la société rwandaise en différentes ethnies.

Ce travail de Cyprien a été reconnu après sa mort : il a été proclamé témoin de l’unité par la commission nationale rwandaise pour l’unité et la réconciliation en 2018.

 

 

Expérience spirituelle et conversion

 

La famille Rugamba habite à Butare. De nombreux enfants naissent. Un jour, Cyprien amène à Daphrose une enfant qu’il a eue hors du mariage. Daphrose l’accueille et la traite comme sa propre fille. Elle continue de prier pour la conversion de son mari.

 

En 1982, Cyprien tombe gravement malade. Dans l’avion qui l’emmène en Belgique pour le soigner, il fait une expérience spirituelle étonnante. Un chant monte en lui, un chant qui parle du ciel. C’est la conversion. Désormais, Cyprien va être un chrétien convaincu, un époux attentionné. Il demande pardon à Daphrose qui lui pardonne. Leur amour de couple devient un exemple pour tous.

 

En 1989, Cyprien perd son travail à Butare très probablement parce que ses travaux sur l’unité du pays ne plaisent pas en haut lieu.

 

C’est à cette époque qu’avec Daphrose, ils rencontrent la Communauté de l’Emmanuel qu’ils fondent au Rwanda.

 

Ils consacrent les dernières années de leur vie à l’évangélisation et au service des pauvres. C’est Daphrose qui propose à son mari de s’occuper des enfants de la rue à Kigali.

 

L'assassinat

 


Le 7 avril 1994, les soldats de la garde présidentielle investissent la maison de la famille.

 

 Es-tu toujours chrétien ? 

 

demande leur chef à Cyprien.

 

Oui

 

répond celui-ci.

 

Les soldats rassemblent toute la famille dans le jardin et ils tirent. Tous s’écroulent sur le sol : avec les parents, meurent Émerita, Serge, Cyrdy, Dacy, Cyrdina, Ginie et la petite cousine Gabrielle.


Le procès diocésain s’est ouvert en 2015 et se clôture en septembre 2021.
 

Pardon et engagement, l'exemple des Rugamba

 

À travers l’exemple de vie de la famille Rugamba, Dieu nous parle de la prière et du pardon indispensable dans la vie de couple, de l’engagement contre toute forme d’exclusion, de la sainteté en famille, de l’ouverture aux plus pauvres. En outre, si les enfants de la famille sont béatifiés avec leurs parents, ce sera indirectement l’ensemble des victimes innocentes du génocide contre les tutsis qui seront honorées. Leur sacrifice n’a pas été inutile : elles ont, elles aussi, été accueillies dans la miséricorde du Père.

Notons aussi que si l’Église confirme le martyre de cette famille, ils seront béatifiés comme famille ce qui est très rare. Il faut remonter aux familles martyres à Rome pour en trouver des exemples. Parmi eux, il y a justement au IVe siècle saint Flavien et sainte Daphrose (la patronne de Daphrose Rugamba - coïncidence ?) et leurs deux filles, saintes Bibiane et Démitri.

Ed.Emmanuel

 

God's talents Jean-Luc Moens, ami de la famille Rugamba
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©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
A l'école des Saints

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