Rien de plus simple qu'un morceau de pain et qu'un verre de vin partagé entre amis. "Ceci est mon corps", dit Jésus : il a choisi ce geste domestique pour signifier l'extraordinaire. La scène décrite dans l'évangile de ce dimanche semble banale et pourtant elle signifie l'immensité de l'amour de Dieu pour l'humanité.
Évangile du dimanche 2 juin (Mc 14, 12-16.22-26)
Le premier jour de la fête des pains sans levain, où l’on immolait l’agneau pascal, les disciples de Jésus lui disent : « Où veux-tu que nous allions faire les préparatifs pour que tu manges la Pâque ? » Il envoie deux de ses disciples en leur disant : « Allez à la ville ; un homme portant une cruche d’eau viendra à votre rencontre. Suivez-le, et là où il entrera, dites au propriétaire : “Le Maître te fait dire : Où est la salle où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ?” Il vous indiquera, à l’étage, une grande pièce aménagée et prête pour un repas. Faites-y pour nous les préparatifs. » Les disciples partirent, allèrent à la ville ; ils trouvèrent tout comme Jésus leur avait dit, et ils préparèrent la Pâque.
Pendant le repas, Jésus, ayant pris du pain et prononcé la bénédiction, le rompit, le leur donna, et dit : « Prenez, ceci est mon corps. » Puis, ayant pris une coupe et ayant rendu grâce, il la leur donna, et ils en burent tous. Et il leur dit : « Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude. Amen, je vous le dis : je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’au jour où je le boirai, nouveau, dans le royaume de Dieu. » Après avoir chanté les psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers.
Source : AELF
L'évangile de ce dimanche, tirée de l'évangile de Marc, se passe après l'entrée triomphante de Jésus à Jérusalem et ses discours annonçant sa Passion. "On est quand même dans une atmosphère lourde", précise la bibliste Régine Maire. Malgré le contexte de fête religieuse, puisque cela se passe lors de la semaine de Pessah.
La fête de Pessah dure une semaine. Et en réalité la période regroupe deux fêtes : d'une part la fête des azymes, au cours de laquelle on consomme du pain sans levain. À cette fête agricole, en lien avec le rythme des saisons, "s'est jointe la fête de la mémoire de la sortie d'Égypte" où l'on sacrifiait un agneau.
Racontée dans le Livre de l'Exode, la sortie d'Égypte est un événement fondateur dans l'histoire du judaïsme. "Pessah veut dire passer, rappelle Régine Maire, Dieu va faire passer son peuple de l'esclavage à la libération."
Cet extrait de l'évangile de Marc décrit la Cène. Le dernier repas du Christ avec ses disciples s'est déroulé dans un contexte "d'une communauté fragilisée, inquiète, prête à la dispersion puisque le texte qui suit est celui de la trahison de Pierre". Entre la trahison de Judas et la trahison de Pierre, il y a comme un moment de grâce, selon la bibliste.
Il faut imaginer des hommes qui étaient dans la peur et qui, malgré cela, s'ouvrent au mystère que Jésus a pu leur partager. C'est-à-dire le don de son corps et de son sang, qui fait référence au sacrifice de l'agneau. "Jésus va donner son corps et son sang en nourriture à ses amis, scellant une alliance pour l'univers tout entier et la multitude."
"Prenez, ceci est mon corps", dit Jésus. Manger le corps du fils de Dieu et boire son sang, cela a pu choquer. "C'est une parole folle, admet la bibliste. Comment les disciples ont-ils entendu cela ? Comment cela a-t-il raisonné en eux ? Comment ont-ils osé prendre et manger ? Quel acte de foi fou de dire amen à une parole à laquelle sans doute ils n'ont pas de sens immédiatement !"
La Cène, que les chrétiens commémorent le Jeudi saint, est l'instauration de l'eucharistie. "Une vie nouvelle s'instaure à laquelle nous sommes tous appelés, explique Régine Maire. Ce qui est nouveau, c'est l'annonce d'une vie qui ne finit pas avec la mort mais qui va se renouveler. Et c'est notre foi en la Résurrection qui est mise à l'épreuve ici. L'ouverture de Jésus sur ce vin nouveau nous met dans l'espérance que comme Jésus, nous boirons avec lui ce vin nouveau après notre mort."
L'eucharistie est également célébrée à l'occasion de la Fête du Saint-Sacrement, fêtée ce dimanche 2 juin (bien qu'elle soit tombée jeudi 31 mai en 2024).
Peu de nos contemporains connaissent les Évangiles. Ils n'y sont pas hostiles mais ils n'ont plus d'occasion d'y avoir accès. C'est partant de ce constat que, avec l'éclairage d'un bibliste, Béatrice Soltner propose chaque semaine un texte d'Évangile pour qu'il soit entendu (ou réentendu), pour en savourer la nouveauté et faire l'expérience que - si incroyable que ce soit à l'heure de l'instantanéité - cette parole écrite il y a plus de 2.000 ans nous rejoint toujours au plus profond.
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