Gaspard, Melchior et Balthazar : la tradition a fait de ces mages d'Orient des rois et leur attribué des noms. Pourtant quand on lit le récit de l’épiphanie dans l’Évangile de Matthieu le texte est beaucoup plus sobre. On ne sait pas grand chose de ces hommes en quête, de ces marcheurs qui veulent rencontrer un roi, quelque part en terre d’Israël... Explications de Patrick Laudet, diacre du diocèse de Lyon.
Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »
En apprenant cela, le roi Hérode fut bouleversé, et tout Jérusalem avec lui. Il réunit tous les grands prêtres et les scribes du peuple, pour leur demander où devait naître le Christ. Ils lui répondirent : « À Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète : Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Juda, car de toi sortira un chef, qui sera le berger de mon peuple Israël. »
Alors Hérode convoqua les mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ; puis il les envoya à Bethléem, en leur disant : « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, venez me l’annoncer pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. »
Après avoir entendu le roi, ils partirent. Et voici que l’étoile qu’ils avaient vue à l’orient les précédait, jusqu’à ce qu’elle vienne s’arrêter au-dessus de l’endroit où se trouvait l’enfant. Quand ils virent l’étoile, ils se réjouirent d’une très grande joie. Ils entrèrent dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Mais, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.
Source : AELF
Traditionnellement, dans l’Église catholique on célèbre l’Épiphanie le 6 janvier. Mais si ce jour n’est pas chômé, la fête est fixée au dimanche entre le 2 et le 8 janvier.
Ce que l’on célèbre lors de la fête de l’Épiphanie, c’est la révélation du Christ aux nations, "à des gens qui ne sont pas juifs". Les mages, dont on sait qu’ils cherchent un roi, se mettent à genoux devant "un roi qui est un enfant" : pour Patrick Laudet, "c’est plus qu’une révélation, c’est une conversion, où ils passent sans doute d’une image de la royauté à la découverte d’une royauté qui est celle du Christ".
L’évangéliste parle de "mages venus d’Orient". Qui sont ces personnages mystérieux et ont-ils vraiment existé ? On sait peu de choses sur eux. La tradition en a fait des rois, a dit qu’ils étaient trois et leur a attribué des prénoms, Gaspard, Melchior et Balthazar…
"Ce ne sont pas des rois", assure Patrick Laudet, mais plutôt "des astrologues sans doute babyloniens". Pour le diacre, ce sont des hommes emprunts de sagesse, des chercheurs de Dieu. "Je les imagine comme de grands écoutants, écoutant d’ailleurs tellement qu’ils ont assez vite perçu qui était Hérode, ce faux roi dont il faut se méfier..." Mais "la naissance du Christ n’arrive pas dans un pays qui n’est pas travaillé par les épreuves, les douleurs de l’histoire".
Les rois mages ne sont pas juifs, mais on peut supposer qu’ils ont sans doute entendu parler de cette attente messianique. Pour Patrick Laudet, il est intéressant de noter que Matthieu leur fait employer l’expression "le roi des juifs". Une expression qui n’est pas hébraïque : un juif aurait dit le roi d’Israël.
"Où est le roi des Juifs qui vient de naître ?" demandent les mages. "Quand Matthieu écrit ça, explique Patrick Laudet, il veut déjà donner à son lecteur l’idée que ce qui se tisse, ce qui transparait en filigrane dans ce moment un peu merveilleux, c’est quelque chose du mystère de la Passion." Il est déjà question du grand malentendu sur la royauté de Jésus, qui conduira de Hérode à Pilate, de la naissance du Christ à sa Passion sur la croix.
Peu de nos contemporains connaissent les Évangiles. Ils n'y sont pas hostiles mais ils n'ont plus d'occasion d'y avoir accès. C'est partant de ce constat que, avec l'éclairage d'un bibliste, Béatrice Soltner propose chaque semaine un texte d'Évangile pour qu'il soit entendu (ou réentendu), pour en savourer la nouveauté et faire l'expérience que - si incroyable que ce soit à l'heure de l'instantanéité - cette parole écrite il y a plus de 2.000 ans nous rejoint toujours au plus profond.
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