Si, dans les Évangiles, on voit Jésus guérir à plusieurs reprises, on ne peut pas le réduire à un "distributeur de miracles" ! Les changements qu'il opère sont souvent plus intérieurs. L'Évangile du dimanche est commenté par le Père François Lestang, prêtre de la Communauté du Chemin Neuf, professeur d'exégèse et d'hébreu biblique à la Faculté de théologie de l'Université catholique de Lyon (Ucly).
"Jésus quitta le territoire de Tyr ; passant par Sidon, il prit la direction de la mer de Galilée et alla en plein territoire de la Décapole. Des gens lui amènent un sourd qui avait aussi de la difficulté à parler et supplient Jésus de poser la main sur lui. Jésus l’emmena à l’écart, loin de la foule, lui mit les doigts dans les oreilles, et, avec sa salive, lui toucha la langue. Puis, les yeux levés au ciel, il soupira et lui dit : « Effata ! », c’est-à-dire : « Ouvre-toi ! » Ses oreilles s’ouvrirent ; sa langue se délia, et il parlait correctement. Alors Jésus leur ordonna de n’en rien dire à personne ; mais plus il leur donnait cet ordre, plus ceux-ci le proclamaient. Extrêmement frappés, ils disaient : «Il a bien fait toutes choses : il fait entendre les sourds et parler les muets.»"
Dans cet Évangile selon saint Marc, nous voyons Jésus se déplacer vers l'actuel Liban, lui qui est habituellement en Galilée, dans le nord d'Israël. Juste avant ce passage, il a été amené à guérir la fille d'une femme syro-phénicienne, on dirait aujourd'hui du Liban. À nouveau, il va au-delà des frontières de la Galilée.
La Décapole désigne un territoire situé autour du lac de Tibériade, surtout au sud du lac, et qui regroupe dix villes habités par des Grecs, au beau milieu d'une population juive. Le Christ est très libre dans sa démarche, libre d'aller aussi là où n'y a pas que des croyants de souche.
Dans l'Évangile, Marc décrit une scène de guérison par imposition des mains. On retrouve souvent ce type de scène dans la Bible, dans le Nouveau comme dans l'Ancien Testament. Avec cette idée que "le thérapeute a en lui une force de vie, qui par le contact rend saint", comme l'explique François Lestang.
Jésus "lui mit les doigts dans les oreilles, et, avec sa salive, lui toucha la langue". Des pratiques qui peuvent étonner aujourd'hui, mais dans les textes médicaux anciens, comme le rappelle le bibliste, "on trouve ce genre de technique". Ainsi l'historien de l'Antiquité Tite-Live a-t-il décrit comment l'empereur Vespasien aurait, au Ier siècle ap. J.-C., opéré un miracle en crachant sur un aveugle. Comme le dit le P. Lestang, ce sont "des formules qui font un Jésus presque trop guérisseur, alors qu'on l'aimerait majestueux mais il est là ce Jésus bien humain et bien attentif à celui qui souffre devant lui".
Peu de nos contemporains connaissent les Évangiles. Ils n'y sont pas hostiles mais ils n'ont plus d'occasion d'y avoir accès. C'est partant de ce constat que, avec l'éclairage d'un bibliste, Béatrice Soltner propose chaque semaine un texte d'Évangile pour qu'il soit entendu (ou réentendu), pour en savourer la nouveauté et faire l'expérience que - si incroyable que ce soit à l'heure de l'instantanéité - cette parole écrite il y a plus de 2.000 ans nous rejoint toujours au plus profond.
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