Dans l'Evangile du quatrième dimanche de Carême, le drame de l'aveugle-né se joue celui de toute l'humanité. Invité de Bénédicte Draillard, le P. Dominique Gonnet analyse le commentaire de saint Augustin.
En chemin vers Jérusalem. C'est la proposition que fait RCF cette année, pour accompagner ses auditeurs au long des 40 jours qui précèdent Pâques. Les célébrations de la Semaine sainte seront retransmises en direct de l'École biblique et archéologique française de Jérusalem.
Dans le drame de l'aveugle-né se joue celui de toute l'humanité. C'est l'apôtre Jean qui en a fait le récit. Quand les disciples du Christ lui demandent pourquoi cet homme est aveugle, il semble que Jésus n'explique pas ce mal. "Il y a là quelque chose qui manifeste la force de salut de Jésus, le mal ne lui résiste pas", explique le P. Dominique Gonnet. "En quelque sorte Jésus se révolte contre tous les fatalismes qui feraient accuser toute personne qui aurait une souffrance, un handicap, et dont on dirait 'c'est de sa faute'."
En passant, Jésus vit un homme aveugle de naissance. Ses disciples l’interrogèrent: «Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle?» Jésus répondit: « Ni lui, ni ses parents n’ont péché. Mais c’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui. Il nous faut travailler aux œuvres de Celui qui m’a envoyé, tant qu’il fait jour ; la nuit vient où personne ne pourra plus y travailler. Aussi longtemps que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. »
Cela dit, il cracha à terre et, avec la salive, il fit de la boue ; puis il appliqua la boue sur les yeux de l’aveugle, et lui dit : « Va te laver à la piscine de Siloé » – ce nom se traduit : Envoyé. L’aveugle y alla donc, et il se lava ; quand il revint, il voyait.
(Jn, 9, 1-7)*
La lecture des Pères de l'Église reste un éclairage précieux pour qui veut lire la Bible. Saint Augustin d'Hippone est l'un des quatre Pères de l'Église latine, il a aussi été déclaré Docteur de l'Église. Pour ce grand commentateur de l'Évangile de Jean, l'aveugle-né c'est chacun d'entre nous. Car nous avons tous nos aveuglements et même sans le vouloir il nous arrive de faire souffrir les autres. "Nous sommes intérieurement aveuglés, d'un certain point de vue." Et ce qui nous aide à recouvrer la vue, c'est "un travail de vérité".
« Il s’en alla et se lava ; quand il revint, il voyait » (Jn 9, 1.6-9.13-17.34-38)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là,
en sortant du Temple,
Jésus vit sur son passage
un homme aveugle de naissance.
Il cracha à terre
et, avec la salive, il fit de la boue ;
puis il appliqua la boue sur les yeux de l’aveugle,
et lui dit :
« Va te laver à la piscine de Siloé »
– ce nom se traduit : Envoyé.
L’aveugle y alla donc, et il se lava ;
quand il revint, il voyait.
Ses voisins, et ceux qui l’avaient observé auparavant
– car il était mendiant –
dirent alors :
« N’est-ce pas celui qui se tenait là pour mendier ? »
Les uns disaient :
« C’est lui. »
Les autres disaient :
« Pas du tout, c’est quelqu’un qui lui ressemble. »
Mais lui disait :
« C’est bien moi. »
On l’amène aux pharisiens, lui, l’ancien aveugle.
Or, c’était un jour de sabbat que Jésus avait fait de la boue
et lui avait ouvert les yeux.
À leur tour, les pharisiens lui demandaient comment il pouvait voir.
Il leur répondit :
« Il m’a mis de la boue sur les yeux, je me suis lavé,
et je vois. »
Parmi les pharisiens, certains disaient :
« Cet homme-là n’est pas de Dieu,
puisqu’il n’observe pas le repos du sabbat. »
D’autres disaient :
« Comment un homme pécheur
peut-il accomplir des signes pareils ? »
Ainsi donc ils étaient divisés.
Alors ils s’adressent de nouveau à l’aveugle :
« Et toi, que dis-tu de lui,
puisqu’il t’a ouvert les yeux ? »
Il dit :
« C’est un prophète. »
Ils répliquèrent :
« Tu es tout entier dans le péché depuis ta naissance,
et tu nous fais la leçon ? »
Et ils le jetèrent dehors.
Jésus apprit qu’ils l’avaient jeté dehors.
Il le retrouva et lui dit :
« Crois-tu au Fils de l’homme ? »
Il répondit :
« Et qui est-il, Seigneur,
pour que je croie en lui ? »
Jésus lui dit :
« Tu le vois,
et c’est lui qui te parle. »
Il dit :
« Je crois, Seigneur ! »
Et il se prosterna devant lui.
Emission enregistrée en juillet 2013
*source: AELF
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