"Demeurez en moi", dit Jésus à ses disciples dans l'évangile de ce dimanche. Pour expliquer ce commandement, il utilise la métaphore de la vigne et vigneron : où il est le cep, Dieu le vigneron et nous-mêmes les sarments, ceux qui portent le fruit. Un texte à la tonalité particulièrement solennelle, et qu'il faut lire comme un poème...
Évangile du dimanche 28 avril (Jn 15, 1-8)
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l’enlève ; tout sarment qui porte du fruit, il le purifie en le taillant, pour qu’il en porte davantage. Mais vous, déjà vous voici purifiés grâce à la parole que je vous ai dite. Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi.
Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est, comme le sarment, jeté dehors, et il se dessèche. Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent. Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voulez, et cela se réalisera pour vous. Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruit et que vous soyez pour moi des disciples. »
Source : AELF
Le texte de l’évangile de ce dimanche, c’est un peu le testament spirituel de Jésus. On est là au cœur d’un très long discours de Jésus. Discours qui va du milieu du chapitre 13 jusqu’au chapitre 16. "C’est l’évangile dans l’évangile", commente Anne Lécu, religieuse dominicaine. Dans le chapitre 15, Jésus explique ce que veut dire "demeurer". Si le texte de ce dimanche va jusqu’au verset 8, "pour bien faire il faudrait lire jusqu’au verset 17 pour avoir une pleine interprétation de ce texte".
Jésus adresse à ses disciples mais "ce n’est pas juste un bon copain qui parle", explique la dominicaine, "il s’inscrit dans la divinité, dans la lignée de fils du Père". On peut noter en effet le ton "extrêmement solennel" de ce discours, puisque Jésus commence en disant : "Moi, je suis", qu’il va répéter au verset 5. "Il y a très peu de situations" où Jésus s’exprime ainsi, souligne Anne Lécu. "Ça rappelle la parole de l’Exode quand Dieu révèle son nom au peuple en disant : Je suis qui je suis." (Ex 3, 14).
La religieuse nous invite à accueillir ce texte comme un poème. "Il est écrit en vers, d’une certaine manière, ce n’est pas juste un récit." Et à garder à l’esprit qu’il a été traduit du grec, et que dans sa version originale il y a "des jeux de mots que l’on n’entend pas en français"...
L’allégorie de la vigne est bien connue dans la bible. "Elle a toute une histoire", résume Anne Lécu. Ainsi dans le Livre d’Isaïe, dans le Premier Testament, on trouve "une comparaison entre le peuple et la vigne". Ici, Jésus parle de "la vraie vigne". "Il faudrait peut-être l’entendre comme le fils véritable, suggère Anne Lécu, le fils qui restaure l’humanité et au-delà de ça, qui restaure la création. Le fils qui achève la création du Père."
Le Père qui est désigné par Jésus comme "le vigneron". Pour Anne Lécu, cela signifie que "la relation entre la vigne et le vigneron est le lieu où le sarment peut se déployer. Au bout du compte nous entrons par la grâce de la vigne dans la relation avec le Père."
"Demeurer" est un mot que l’on retrouve très souvent chez Jean. Pour le comprendre, il faut poursuivre la lecture de ce passage d’évangile au-delà du verset 8. "Au verset 16, on entendra que le fait de demeurer : ce n’est pas juste demeurer en Jésus mais demeurer dans son amour", explique Anne Lécu.
Si Jésus se compare lui-même à la vigne, il nous invite à être les sarments, c’est-à-dire le bois de la vigne. La métaphore de la vigne et du sarment est donc très puissante puisque "nous sommes assimilés au fils de la même manière que le sarment est assimilé à la vigne", explique la dominicaine. Chacun est invité à "devenir fils par la grâce de l’amour de Jésus" et à "entrer dans cette relation qui est extrêmement intime".
Ce qui est très fort dans ce texte, c'est que Jésus se situe comme le cep de vigne. Or, ce sont les sarments qui portent les fruits. Jésus compte sur les sarments, donc sur ses disciples, donc sur nous, et qu'il va se retirer derrière nous, en étant le cep.
Peu de nos contemporains connaissent les Évangiles. Ils n'y sont pas hostiles mais ils n'ont plus d'occasion d'y avoir accès. C'est partant de ce constat que, avec l'éclairage d'un bibliste, Béatrice Soltner propose chaque semaine un texte d'Évangile pour qu'il soit entendu (ou réentendu), pour en savourer la nouveauté et faire l'expérience que - si incroyable que ce soit à l'heure de l'instantanéité - cette parole écrite il y a plus de 2.000 ans nous rejoint toujours au plus profond.
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