L'Évangile de ce dimanche décrit la scène où Jésus est baptisé par Jean-Baptiste dans le Jourdain. Il faut imaginer une foule d'hommes et de femmes, gens bien ou peu fréquentables, qui viennent se plonger dans l'eau en signe de repentance. Au milieu d'elle, Jésus, encore inconnu, va vivre le même rite d'immersion. Explications de Frère Dominique Collin, dominicain.
Or le peuple était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Christ. Jean s’adressa alors à tous : « Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus fort que moi. Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu...
Comme tout le peuple se faisait baptiser et qu’après avoir été baptisé lui aussi, Jésus priait, le ciel s’ouvrit. L’Esprit Saint, sous une apparence corporelle, comme une colombe, descendit sur Jésus, et il y eut une voix venant du ciel : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »
Source : AELF
La scène se passe alors que le peuple d’Israël vit une période de crise. Son pays est occupé par les Romains, et cette présence étrangère "amène avec elle son injustice, son oppression, sa difficulté économique, et les gens aspirent à quelque chose", décrit Dominique Collin. Il y a donc une aspiration à quelque chose de nouveau. Et Jean fait partie de ceux qui se lèvent. On peut noter, avec le dominicain, qu’il ne cherche pas à exciter les foules pas plus qu’il ne les invite à prendre les armes. "Il les invite à une transformation intérieure signifiée par l’immersion dans l’eau."
Le rite d’immersion dans l’eau décrit dans l’évangile de Luc vient probablement de la secte des esséniens. Dans leur conception hygiéniste du corps, pourrait-on dire, "l’eau prend une importance considérable comme métaphore de la purification, pour se préparer au jugement de Dieu", décrit Dominique Collin.
Pour le dominicain, "Jean trompe et sur sa place peut-être, et sur celle que le Christ va occuper". Il est en effet "annonciateur d’une colère de Dieu". Le rite de purification qu’il propose, c’est pour lui comme « un examen de passage » devant la "justice divine". Un Dieu qui vient pour punir : c’est un thème que l’on trouve fréquemment dans le Premier Testament. "Ce qui nous montre que Jean-Baptiste est à cheval entre le Premier Testament et le Nouveau Testament - à certains aspects d’ailleurs il est plutôt proche du prophétisme du Premier Testament."
Or, ce qui est annoncé avec le Christ, "ce n’est plus la colère de Dieu qui vient venger sa cause, mais la venue du Royaume de Dieu, un royaume de justice et de paix, un salut et une manière d’être présent aux hommes pour qu’ils vivent entre eux des rapports renouvelés".
Peu de nos contemporains connaissent les Évangiles. Ils n'y sont pas hostiles mais ils n'ont plus d'occasion d'y avoir accès. C'est partant de ce constat que, avec l'éclairage d'un bibliste, Béatrice Soltner propose chaque semaine un texte d'Évangile pour qu'il soit entendu (ou réentendu), pour en savourer la nouveauté et faire l'expérience que - si incroyable que ce soit à l'heure de l'instantanéité - cette parole écrite il y a plus de 2.000 ans nous rejoint toujours au plus profond.
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