L'Évangile que nous lisons en ce deuxième dimanche de Carême est une théophanie, c'est-à-dire une manifestation de Dieu. Jésus est transfiguré : la version grecque du texte nous dit qu'il est métamorphosé. Mais le plus impressionnant est sans doute la réaction des disciples. Ils sont sous le choc, effrayés, éblouis... Ont-ils tout compris de la scène ? Que nous enseigne-t-elle ? Commentaires proposés par Sœur Anne Lécu, religieuse dominicaine.
Évangile du dimanche 25 février (Mc 9, 2-10)
Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmène, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux. Ses vêtements devinrent resplendissants, d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille. Élie leur apparut avec Moïse, et tous deux s’entretenaient avec Jésus. Pierre alors prend la parole et dit à Jésus : « Rabbi, il est bon que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » De fait, Pierre ne savait que dire, tant leur frayeur était grande. Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! » Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux. Ils descendirent de la montagne, et Jésus leur ordonna de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. Et ils restèrent fermement attachés à cette parole, tout en se demandant entre eux ce que voulait dire : « ressusciter d’entre les morts ».
Source : AELF
L’évangile de ce deuxième dimanche de Carême raconte une scène devenue célèbre, celle de la Transfiguration. L’épisode commence alors qu’il vient de se passer quelque chose entre Jésus et ses disciples, que Jésus a rabroués.
"Dans l’évangile de Marc c’est un peu à la truelle, c’est très sec comme texte, commente Anne Lécu, Pierre en prend pour son grade." On peut même dire que les deux hommes se sont disputés. Jésus a même dit à Pierre : "Passe derrière moi, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes." (Mc 8, 33) Il y a donc "une atmosphère un peu tendue entre Jésus set les disciples, ça ne va pas de soi…"
Le texte commence par "six jours après" : six jours après quoi ? Auparavant, Jésus a fait toute une série de déclarations annonçant sa Passion. On comprend qu’il y a là quelque chose de décisif. "Ces six jours peuvent avoir beaucoup de sens et sont sans doute à relier à l’Ancien Testament, à la création et au shabbat." Des références à l’Ancien Testament qui annoncent, sans le dire explicitement, une manifestation de Dieu.
De fait, l’évangéliste Marc multiplie les références au Premier Testament : la présence de Moïse, qui fait référence à la Loi et au Décalogue, Élie représente les prophètes et les écrits prophétiques. "La loi et les prophètes résume les Écritures", précise Anne Lécu. Moïse comme Élise ont tous deux rencontré Dieu sur une montagne. Il est donc question ici de "l’accomplissement des Écritures".
"Et il fut transfiguré devant eux." Dans la version grecque de l’évangile de Marc, le mot que l’on traduit ici par "transfiguration" signifie "métamorphose". Jésus est métamorphosé, "cela veut dire qu’il change de forme", explique Anne Lécu. C’est en tout cas l’impression que les disciples ont de la scène : Pierre, Jacques et Jean "sont totalement sidérés parce qui se passe". Marc dit même qu’ils éprouvent une "frayeur".
La scène de la Transfiguration et surtout "l’éblouissement" des disciples est "comme une annonce" de ce qu’ils "vont connaître à la Résurrection", pour Anne Lécu. "C’est un éblouissement qui rend aveugle, c’est-à-dire qu’on ne comprend plus rien, on est dans une forme de stupéfaction, il y a une sorte de choc dans cette manifestation."
Marc décrit une nuée d’où se fait entendre une voix. La nuée est un élément très important dans la Bible. Il rappelle le Livre de l’Exode, cette nuée protectrice qui se déplace avec le peuple hébreu. "Le Seigneur lui-même marchait à leur tête : le jour dans une colonne de nuée pour leur ouvrir la route, la nuit dans une colonne de feu pour les éclairer ; ainsi pouvaient-ils marcher jour et nuit." (Ex 13, 21)
De cette nuée retentit ce que l’on peut supposer être la voix du Père. "Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le !" Cela rappelle, au chapitre 1 de l’évangile de Marc, la scène du baptême de Jésus : "Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie." (Mc 1, 11) Mais cette fois, la voix s’adresse aux disciples.
Les disciples l’ont-ils entendue ? "Il n’est pas certain qu’ils comprennent ni qu’ils entendent, suppose Anne Lécu, que vont-ils retenir de cette scène ? Ils sont sous le choc !" Et si on se mettait nous-mêmes dans la peau des disciples ? "Nous aussi, il serait souhaitable que l’on soit sous ce choc-là : qu’est-ce que ça veut dire pour nous que le Père lui-même nomme son Fils ?"
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