"Nul n’est prophète en son pays." Cette expression de la langue populaire est tirée de l'Évangile de Luc. On y voit Jésus qui fait la lecture à la synagogue de son village. Ce passage inaugure la vie publique du Christ. Il aide à méditer le sens des épreuves et le salut qu'apporte le Christ. Explications de Sœur Anne Lécu.
Alors il se mit à leur dire : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. » Tous lui rendaient témoignage et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche. Ils se disaient : « N’est-ce pas là le fils de Joseph ? »
Mais il leur dit : « Sûrement vous allez me citer le dicton : “Médecin, guéris-toi toi-même”, et me dire : “Nous avons appris tout ce qui s’est passé à Capharnaüm ; fais donc de même ici dans ton lieu d’origine !” » Puis il ajouta : « Amen, je vous le dis : aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays. En vérité, je vous le dis : Au temps du prophète Élie, lorsque pendant trois ans et demi le ciel retint la pluie, et qu’une grande famine se produisit sur toute la terre, il y avait beaucoup de veuves en Israël ; pourtant Élie ne fut envoyé vers aucune d’entre elles, mais bien dans la ville de Sarepta, au pays de Sidon, chez une veuve étrangère. Au temps du prophète Élisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël ; et aucun d’eux n’a été purifié, mais bien Naaman le Syrien. »
À ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux. Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville, et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où leur ville est construite, pour le précipiter en bas. Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin.
(Source : AELF)
La Bonne nouvelle est pour aujoud'hui. Le passage d'Évangile commence par : "Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre." Le terme "aujourd'hui" est essentiel : "L'Écriture s'accomplit toujours aujourd'hui, explique Anne Lécu, aimer ne se conjugue pas au passé ou au futur." On en revient au sens du mot "évangile", qui signifie "bonne nouvelle".
Le début de la vie publique de Jésus. C'est la première fois que Jésus prend la parole chez lui, sur sa terre natale et devant les siens. L'évangéliste Luc choisit d'inaugurer la vie publique du Christ avec cette lecture d'Isaïe dans la synagogue.
Quand il évoque "ce qui s’est passé à Capharnaüm", Jésus fait référence aux miracles qu'il a accomplis dans un épisode précédent. Sans doute a-t-il perçu l'attente chez les gens de Nazareth qui veulent à leur tour recevoir eux aussi des signes. Mais Jésus suggère que cela ne sera pas possible car ces gens-là ne croient pas en lui.
"Médecin, guéris-toi toi-même". Plus tard, au moment de la Crucifixion on entendra cette injonction "Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même !" (Lc 23, 37). "Sauf que Jésus n'est pas là pour se guérir lui-même, ni se sauver lui-même, et il nous indique que nous ne sommes pas là pour nous guérir nous-mêmes ni pour nous sauver nous-mêmes, mais pour se laisser guérir par un autre et se laisser sauver par un autre. Ce n'est pas lui qui se donne à lui-même son propre salut." La population de Nazareth a bien du mal à croire en la parole de l'enfant du pays. Comment peut-il être le Messie que le peuple d'Israël attendait ?
On peut trouver ici de quoi méditer le sens des épreuves : "Le salut apporté par le Christ ne nous délivre pas des problèmes de la vie courante. Il ne nous guérit pas de façon magique, explique Anne Lécu, mais il creuse en nous une autre attente, une autre place, où peut-être nous pouvons du coup voir les choses dans une autre perspective. Mais il ne nous dispense pas de l'épreuve."
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