Ce que nous révèle l'évangile du dimanche, la parabole bien connue de la paille et de la poutre, c'est quelque chose d'extraordinaire : Dieu nous sait capables d'aimer comme lui aime. C'est-à-dire sans jugement et sans vouloir changer l'autre... Explications du Père Sébastien Antoni, prêtre de la congrégation des Augustins de l’Assomption.
Évangile du dimanche 27 février (Lc 6, 39-45)*
Il leur dit encore en parabole : « Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? Ne vont-ils pas tomber tous les deux dans un trou ? Le disciple n’est pas au-dessus du maître ; mais une fois bien formé, chacun sera comme son maître. Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère, alors que la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas ? Comment peux-tu dire à ton frère : “Frère, laisse-moi enlever la paille qui est dans ton œil”, alors que toi-même ne vois pas la poutre qui est dans le tien ? Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre de ton œil ; alors tu verras clair pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère. Un bon arbre ne donne pas de fruit pourri ; jamais non plus un arbre qui pourrit ne donne de bon fruit. Chaque arbre, en effet, se reconnaît à son fruit : on ne cueille pas des figues sur des épines ; on ne vendange pas non plus du raisin sur des ronces. L’homme bon tire le bien du trésor de son cœur qui est bon ; et l’homme mauvais tire le mal de son cœur qui est mauvais : car ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur.
*Source : AELF
Les paraboles, ce sont des petites histoires très courtes, souvent des scènes de la vie quotidienne ou de la nature, ou même parfois des scènes complètement improbables. Une poutre dans un œil, cela semble en effet surréaliste ! "Les paraboles ont une fonction d’alerte", explique Sébastien Antoni. "Au-delà des mots il va falloir creuser comprendre, chercher le message qui se cache ou du moins qui a envie de se révéler derrière cela."
Jésus ne s’adresse pas aux foules mais au nombre restreint de ses disciples. C’est-à-dire à ceux qui ont choisi de le suivre. "La première mission du disciple ce n’est pas tellement de faire quelque chose, c’est d’abord suivre Jésus, reconnaître en lui son maître." Les foules, elles, sont encore un peu sur la réserve, dans l’Évangile, c’est l’image de ceux qui hésitent encore. À l’inverse, le disciple, c’est celui qui s’engage : "Il va y avoir pour lui un processus, explique le Père Antoni, quelque chose qui va transformer sa vie." Qu’est-ce qui change quand on décide de suivre le Christ ? C’est précisément ce que Jésus entreprend dans ce texte d’expliquer aux disciples.
L’espoir que met Dieu dans l’Homme, c’est de devenir comme lui, au moins dans la manière d’appréhender l’autre, de comprendre l’autre, de regarder le monde...
Dans l’Évangile précédent, Jésus donnait son commandement ultime, l’amour des ennemis. Cette fois le message qu'il nous donne est qu'il "va falloir apprendre à aimer comme Dieu aime", selon le Père Antoni. Mais Jésus va nous montrer comment faire. "Si l’on veut suivre avec vérité le Christ, si l’on veut être en cohérence avec la proposition de l’Évangile, c’est-à-dire cette bonne nouvelle que Jésus nous propose, cette vie à sa suite, Jésus va prendre les moyens de nous former."
Que le Christ nous propose d’aimer comme lui, il y a là "quelque chose d’extraordinaire !" Dieu nous sait capables d’aimer comme lui aime. Jésus dit : "Le disciple n’est pas au-dessus du maître ; mais une fois bien formé, chacun sera comme son maître" (Lc 6, 40). Cela signifie que "l’espoir que met Dieu dans l’homme, dans celui qui veut le suivre, c’est de devenir comme lui, au moins dans la manière d’appréhender l’autre, de comprendre l’autre, de regarder le monde…"
Dans toute cette histoire de poutre et de paille, il est question du regard d’amour de Dieu, un regard qui accueille et qui ne juge pas. Est-ce que peux juger quelqu’un ? Est-ce je peux le changer ? "Il s’agit d’abord, quand on veut suivre Jésus, quand on veut regarder comme Dieu regarde, de se regarder soi-même, d’avoir une vérité, une lucidité sur soi. Et de reconnaître que on a besoin d’abord nous d’être sauvé avant de vouloir sauver les autres."
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