"Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson"
Méditation de l'évangile (Jn 6, 52-59) par le père Sébastien Antoni
Chant final: "Qui mange ma chair" par l'ensemble vocal Resurrexit
En ce temps-là,
les Juifs se querellaient entre eux :
« Comment celui-là
peut-il nous donner sa chair à manger ? »
Jésus leur dit alors :
« Amen, amen, je vous le dis :
si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme,
et si vous ne buvez pas son sang,
vous n’avez pas la vie en vous.
Celui qui mange ma chair et boit mon sang
a la vie éternelle ;
et moi, je le ressusciterai au dernier jour.
En effet, ma chair est la vraie nourriture,
et mon sang est la vraie boisson.
Celui qui mange ma chair et boit mon sang
demeure en moi,
et moi, je demeure en lui.
De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé,
et que moi je vis par le Père,
de même celui qui me mange,
lui aussi vivra par moi.
Tel est le pain qui est descendu du ciel :
il n’est pas comme celui que les pères ont mangé.
Eux, ils sont morts ;
celui qui mange ce pain
vivra éternellement. »
Voilà ce que Jésus a dit
alors qu’il enseignait à la synagogue de Capharnaüm.
Source : AELF
Bon... je vous l'avoue chers auditeurs qui priez avec nous cette semaine, je galère à essayer d'expliquer, de trouver encore des choses à dire sur ce long discours sur le pain de vie du chapitre 6 de l'évangile selon Saint Jean que Jésus lui-même explique. J'ai souri en lisant cette expression de Marion Muller Collard qui disait au sujet de ce texte : "Lorsqu'on naît dans une mangeoire à la Maison du pain (Bethléem), il vaut mieux admettre d'emblée le risque de se faire manger." Jésus serait-il donné en pâture pour régaler les affamés ? Mais les affamés de quoi ? Pourquoi cette insistance à se donner en nourriture ? Sans doute parce que, dans la logique du vivant, manger est le moyen le plus sûr d'incorporer. Je peux lire la Parole, je peux prier toutes les prières de la terre dans toutes les positions que mon corps me permet d'adopter, à genoux, assis, allongé, tête penchée... tout cela ne peut malgré les apparences que nous voudrions laisser voir aux autres avec nos mimiques liturgiques, mains levées, croisées, collées, ouvertes, vers le haut, vers le bas... Eh bien, Jésus et sa grâce peuvent être relégués à des textes inertes posés sur mon joli bureau ou mon coin prière. Je peux écouter l'Évangile et laisser ses mots flotter à la surface de mes pensées. Je pourrais apprendre par cœur l'Évangile, mais alors je pourrais l'oublier, comme j'ai fini par oublier de nombreuses leçons apprises sur les bancs de l'école. Je pourrais même aller jusqu'à comprendre l'Évangile sans encore, pourtant, l'incorporer. Car c'est bien de cela dont il s'agit. C'est bien cela que vise Jésus en parlant de son corps comme d'un pain à recevoir... il s'agit très concrètement et très métaphoriquement en mangeant le pain de vie de faire descendre de la tête aux entrailles le Seigneur, autrement dit c'est passer, dans ma relation à lui, de la compréhension, des gestes extérieurs au tressaillement de mes tréfonds. L'évangile, il ne suffit pas de le connaître par raison ou par cœur, il faut le connaître par corps ! Afin qu'il ne soit pas seulement un habit, mais une peau ; pas seulement une peau, mais l'organe vital de nos vies. Afin que, comme le dit encore Marion Muller Collard : si nous venions à l'oublier, si nous venions à douter de lui, chaque cellule de notre être puisse témoigner qu'il est déjà et pleinement incorporé à ce que nous sommes.
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