Alpes-Maritimes
Le mois de mai est le Marie dans l’Église catholique. Les fidèles sont invités à prier Marie et à demander son intercession. Mais qui est la Vierge Marie ? Elle est souvent représentée comme une femme blonde, grande et fine, à la peau diaphane. On est bien loin de l’adolescente juive qu’elle a dû être ! Pour comprendre qui est vraiment Marie, Véronique Alzieu reçoit la théologienne Sylvaine Landrivon et Père Jean Massonnet, bibliste, prêtre du diocèse de Lyon.
Traditionnellement, mai est le mois de Marie dans l’Église catholique. Un mois au cours duquel les fidèles sont invités à prier la et à demander son intercession. En Occident, nombre d’artistes se sont emparés de la figure de Marie. On la représente souvent blonde, la peau diaphane, grande et fine, souvent vêtue de bleu et parfois avec des roses sur les pieds... On est bien loin de l’adolescente juive qu’elle a dû être !
On parle assez peu de Marie dans le Nouveau Testament. On la trouve au premier chapitre de l’évangile de Luc, lorsqu’elle prononce un texte resté célèbre, le Magnificat. Un texte où, "non seulement elle va se présenter comme une fille d’Israël, issue du peuple d’Abraham, Isaac et Jacob, mais en plus elle va faire un vrai cours de christologie dès le début, pour annoncer qui elle attend". On retrouve Marie à Cana, lors des noces où elle est présente avec Jésus, on en parle à la Pentecôte et lors de la crucifixion. "Saint Paul, dans sa lettre aux Galates (chapitre 4, verset 4) en parle une seule fois sans la nommer." Il dit que Jésus est né d’une femme pour dire qu’il est Dieu et homme à la fois.
Si on en parle si peu de Marie dans le Nouveau Testament, sur quoi repose la forte dévotion mariale des catholiques ? "Elle repose sur un fait qui est le cœur de la foi chrétienne, la naissance de Jésus Messie, répond le bibliste Jean Massonnet, avec Marie, il y a celui qu’on pourra appeler en plénitude Emmanuel, Dieu avec nous." Marie est donc une figure indispensable dans le processus de salut. "Elle réalise l’annonce l’Isaïe", ajoute Sylvaine Landrivon. "C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel (c’est-à-dire : Dieu-avec-nous)." (Is 7, 14)
Pour Sylvaine Landrivon, nul doute que Marie était "une jeune femme extrêmement intelligente et dégourdie : elle a bien compris qu’il y a un lien entre la sexualité et la procréation !" Et surtout, Marie "a dit oui à une subversion extraordinaire". Comme Thamar, Rahab ou Ruth, ces femmes que l’évangéliste Matthieu cite dans la généalogie de Jésus, Marie est "une femme forte", pour la théologienne. Une femme qui a accepté la maternité alors qu’elle avait "toutes les chances d’être lapidée".
À rebours de la figure de soumission souvent présentée au cours du XIXe siècle, Marie est donc plutôt "une figure de transgression", pour Sylvaine Landrivon. "Ce n’est pas une figure mièvre Marie, je crois qu’on s’est trompé de figure en voulant passer par la soumission de Marie." Quand elle dit "je suis l’esclave du Seigneur", Marie "ne se soumet pas aux humains, au clergé, elle se donne entièrement à Dieu, c’est tout autre chose, c’est un autre programme !"
Marie est une femme juive et cela a son importance. "C’est une femme sémite qui apporte toute l’histoire du peuple d’Israël dans le christianisme. L’Église est fondée sur la judéité de Marie, elle n’est pas coupée de cette judéité."
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