C'est dans les rues de Manille, que le Père Matthieu Dauchez exerce son ministère de prêtre. Il s'occupe de l'association ANAK-Tnk, qui vient en aide aux enfants pauvres de la capitale des Philippines, association qui fête cette année ses 20 ans. Le Père Dauchez a raconté son aventure humaine et spirituelle dans plusieurs livres. En 2015, il était sur RCF pour témoigner de son parcours à l'occasion de la sortie de son ouvrage, "Plus fort que les Ténèbres" (éd. Artège, 2015).
Un jour, des amis séminaristes, souhaitant le provoquer, lui ont dit qu'avec ses origines versaillaises il serait bien incapable de partir en mission. Les prenant au mot, Matthieu Dauchez décide de les suivre jusqu'à Manille et d'accompagner le jésuite Jean-François Thomas dans la fondation de ce qui s'appellera ANAK-Tnk. "Anak" qui signifie "enfant" en tagalog et les trois lettres "TNK" sont les initiales de la fondation connue à Manille sous le nom de "Tulay Ng Kabataan", qui signifie "Un pont pour les enfants".
En 1998, le jeune séminariste entame donc un séjour de deux ans aux Philippines, deux ans qui vont changer sa vie. Et révéler ce qu'il appelle à la suite de mère Teresa, "un appel dans l'appel". Lui qui sait qu'il veut devenir prêtre ne se doutait pas que ce serait pour être au service des enfants des rues, des bidonvilles et de la décharge. "J'ai compris que je voulais donner ma vie pour ça." Donner sa vie pour l'amour qui manque aux plus pauvres. "J'ai compris que la plus grande misère n'était pas d'abord une misère matérielle mais cet amour qui n'était pas donné à ces enfants, dont ils manquaient tant."
La première fois qu'il a mis les pieds à Manille, il a été "extrêmement surpris, déstabilisé" par cette grande pauvreté dans laquelle vit 70% de la population. "Vous arrivez dans un pays qui a une misère qui nous donne des claques." La peur ? Elle lui vient quand il regarde en arrière et constate tout le chemin parcouru. Et en se disant que "si Dieu n'était pas à ses côtés", il ne serait "pas là aujourd'hui".
Il se souvient de la première nuit qu'il a passée dans la rue avec les éducateurs, pour aller à la rencontre d'enfants âgés de 7 à 8 ans drogués ou dormant dans les ordures. Très loin du Versailles où il a grandi ! "J'ai toujours été d'une certaine façon très marqué par l'amour que doivent donner des parents, ayant eu la chance d'avoir des parents très aimants, et qu'un enfant puisse ne pas être aimé ça me paraît être le plus grand scandale."
Après son premier séjour à Manille, il lui a fallu rentrer en France, pour poursuivre ses études au séminaire. Et surtout discerner. "Il a fallu trois ans pour discerner, être accompagné, comprendre comment se donner totalement à cette vie-là." Le Père Dauchez a été ordonné diacre en 2003 puis prêtre en 2004 pour le diocèse de Manille. Lui qui se voyait très bien en curé de paroisse dans les Yvelines s'est découvert "pris aux tripes" et appelé bien loin de là, aux périphéries, comme le dit le pape François.
Cette formidable et terrible aventure humaine et spirituelle auprès des pauvres de Manielle, il l'aborde en "témoin privilégié". "Les plus belles leçons je les reçoit des familles des bidonvilles, des familles de la décharge." Témoignage qu'il s'efforce de transmettre dans ses livres. "Le pape François nous incite à être sans cesse à l'écoute de ces plus pauvres et je m'aperçois qu'effectivement la vraie richesse elle se situe dans les ordures de Manille."
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