En ce temps- là,
Jésus disait à ses disciples :
« Vous avez appris qu’il a été dit :
Œil pour œil, et dent pour dent.
Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant ;
mais si quelqu’un te gifle sur la joue droite,
tends-lui encore l’autre.
Et si quelqu’un veut te poursuivre en justice
et prendre ta tunique,
laisse-lui encore ton manteau.
Et si quelqu’un te réquisitionne pour faire mille pas,
fais-en deux mille avec lui.
À qui te demande, donne ;
à qui veut t’emprunter, ne tourne pas le dos ! »
Source : AELF
« Si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre. » Cette réponse de Jésus a fait couler beaucoup d’encre et reste sujette à bien des moqueries. Un père de famille me disait récemment, à propos de son fils qui venait de rentrer au collège : « Je ne vais quand même pas lui donner ce genre de conseil, car s’il agit ainsi, il risque de s’en prendre une deuxième. » Il m’a fallu du temps pour comprendre la signification d’un tel verset, et c’est un ami juif qui m’en a fait saisir la portée. Dans la culture rabbinique en effet, la joue droite est celle que l’on frappe du revers de la main, alors que la joue gauche est celle que l’on caresse avec la paume de la main.
Ainsi, face à la provocation du méchant, Jésus nous invite, non pas à la soumission, mais à réagir de manière décalée. En effet, la riposte violente ne peut que conduire à l’escalade. C’est cette fameuse loi du talion : « Œil pour œil, et dent pour dent. » Chaque fois que j’interviens dans une session de formation à la gestion de la violence, j’insiste sur la nécessité de ne jamais répondre en miroir : « Tu m’insultes, alors je t’insulte. Tu m’agresses, alors je t’agresse. » Un tel type de réponse ne peut que faire empirer la situation.
Jésus nous invite à réagir de manière décalée. Le terme « joue » en grec pourrait aussi se traduire par « face ». Autrement dit, l’évangile nous dit que si tu es provoqué sur le versant de la violence, il te faut présenter une autre face de toi-même, celle de l’amour et de la douceur. Me revient en mémoire ce conte indien, où un vieil apache enseigne son petit-fils, lui disant : « Tu sais, dans ton cœur, comme dans le cœur de tout homme, se battent deux loups : l’un gris, agressif, prêt à bondir sur l’autre qu’il vit comme une menace ; l’autre blanc, calme, attachant, prêt à accueillir l’autre qu’il vit comme une richesse. » Et l’enfant de demander : « Grand père, quel est celui qui va gagner ? » Et le vieil apache de répondre : « Celui que tu nourris, mon enfant. »
Puissions-nous aujourd’hui, dans cette société qui a tendance à devenir de plus en plus violente, nourrir ce loup blanc !
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