"Nous avons joué de la flûte, et vous n’avez pas dansé. Nous avons chanté des lamentations, et vous n’avez pas pleuré"
Méditation del'évangile (Lc 7, 31-35) par le père Sébastien Antoni
Chant final: "Ô Jésus, digne es tu" par la communauté du Chemin Neuf
En ce temps-là,
Jésus disait à la foule :
« À qui donc vais-je comparer les gens de cette génération ?
À qui ressemblent-ils ?
Ils ressemblent à des gamins assis sur la place,
qui s’interpellent en disant :
“Nous avons joué de la flûte,
et vous n’avez pas dansé.
Nous avons chanté des lamentations,
et vous n’avez pas pleuré.”
Jean le Baptiste est venu, en effet ;
il ne mange pas de pain, il ne boit pas de vin,
et vous dites : “C’est un possédé !”
Le Fils de l’homme est venu ;
il mange et il boit,
et vous dites : “Voilà un glouton et un ivrogne,
un ami des publicains et des pécheurs.”
Mais, par tous ses enfants,
la sagesse de Dieu a été reconnue juste. »
Source : AELF
Notre monde et sans doute le monde d’hier aussi trouve son écho tragique dans le récit évangélique d'aujourd'hui : 'Nous avons joué de la flûte pour vous, et vous n'avez pas dansé ; nous avons chanté un chant de deuil, et vous n'avez pas pleuré !' En somme, le nœud central réside dans le défi de susciter un intérêt sincère chez les individus. Le ressenti d'indifférence, de torpeur, de mélancolie, et d'isolement est largement répandu. Il arrive en vieillissant que ce qui jadis éveillait notre allégresse ou provoquait notre affliction ne revêt plus d'importance. Une alternative se dessine, celle de l'indifférence. Le grand péril consiste précisément en ce désintérêt. Il émerge pour des raisons variées. Fréquemment, il se forge en une forme de défense, un moyen d'échapper à la douleur. Par moments, il découle d'une forme de paresse, d'une intention d'éviter toute implication. Ces eaux stagnantes, cette tiédeur, incarnent le territoire le plus dangereux où nous campons parfois. La joie peut trouver sa place, la douleur peut être appréhendée, mais comment mettre un terme à l'indifférence ? 'En effet, Jean le Baptiste est venu, ne mangeant pas de pain ni ne buvant de vin, et vous dites : 'Il est possédé par un démon'. Le Fils de l'homme est venu, mangeant et buvant, et vous dites : 'C'est un glouton et un ivrogne, un ami des collecteurs d'impôts et des pécheurs.' Or, la Sagesse a été reconnue juste par tous ses enfants." Jésus choisit délibérément d'évoquer Jean le Baptiste et de se référencer lui-même, pour mettre en exergue deux perspectives fondamentalement différentes face à la réalité, et indique que lorsqu'une personne refuse de s'engager, elle cherche toujours à pointer du doigt ce qui ne va pas. Quand l'extrémisme et l'ascétisme prédominent, comme dans le cas de Jean le Baptiste, on l'accuse d'être sous l'emprise d'un démon. En revanche, lorsque l'ouverture et l'acceptation prévalent, à l'instar de Jésus, on le traite de populiste et de tolérant. Pourtant, la vérité est ailleurs : afin de se soustraire à toute implication, nous sommes prompts à rejeter la faute sur quelqu'un ou quelque chose. Ceux qui aspirent à s'engager, en revanche, ne cherchent pas les erreurs, mais se sentent investis de responsabilité.
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