Avoir des états d'âme, la mort dans l'âme, trouver l'âme sœur... Cela fait des siècles que les être humains se posent la question de l'âme. Pour les chrétiens, avoir une âme c'est avoir une relation avec Dieu. Mais où se trouve l'âme dans notre corps ? Y a-t-il un lien entre l'âme, immatérielle, et notre corps ?
Esprit, conscience, cerveau, souffle divin… Ce sont autant de termes qui servent parfois à définir l’âme. Mais qu’est-ce qu’une âme ? Le mot "âme", du latin "anima", correspond à ce qui est animé. Dans la Bible, il renvoie à l’idée de souffle et de respiration. "L’âme désigne ce qui est vivant", explique Jean-Baptiste Masson. Prêtre du diocèse de Lille et curé de paroisse à Villeneuve-d'Ascq, il a animé en janvier 2022 des journées d'études à la faculté de théologie de l'Université catholique de Lille, sur le thème : "L’âme humaine dans la spiritualité chrétienne".
"Tout ce qui respire loue le Seigneur" (Ps 150, 6) : dans la Bible, la notion d’âme est étroitement liée à la relation à Dieu. Et l’homme a une relation particulière à Dieu puisque, "dans la Genèse Dieu insuffle son souffle propre à l’homme", précise le prêtre.
Si l’âme est étroitement liée à l’idée de Dieu, que dire des personnes qui ne croient pas en Dieu ? Sont-ils dépourvus d’âme au regard des croyants ? "La question de l’âme, elle a du sens dans la foi, et en face de Dieu, nous dit Jean-Baptiste Masson, et donc quand on ne croit pas en Dieu, la question de l’âme se pose moins, ne se pose pas."
Pour autant, que reste-t-il de l’homme après sa mort s’il ne croit pas en Dieu ? Dans la pensée chrétienne, "en dehors de Dieu, soit on vit uniquement corporellement - et à ce moment-là, la mort c’est la fin de tout - ou alors il y a quelque chose qui existe mais on a du mal à comprendre comment on peut continuer à exister si on ne reçoit pas cette vie de Dieu…"
Se poser la question de l’âme c’est se demander au fond qui est l’être humain. En évacuant la notion d’âme, on débouche sur une question matérielle et mécanique de l’humain. Mais y a-t-il un lien entre l’âme, qui est impalpable, et la matérialité du corps ? Les philosophes de l’Antiquité grecque ont abondamment traité le sujet. Il y a ainsi chez Platon "une nature humaine, corporelle, mortelle, et des pensées qui sont éternelles, spirituelles". Entre les deux, il n’y a pas de "continuum", comme le précise le Père Masson, chez Platon, le corps est la prison de l'âme.
En revanche, "il y a chez Aristote un fond philosophique qui permet bien d’exprimer la pensée chrétienne". Pour Aristote, "il y a un continuum entre le corporel, le biologique, le sensitif et les facultés supérieures de pensée". Ainsi, l’âme viendrait englober les trois dimensions de l’être : corporelle, sensitive et spirituelle. "C’est le corps dans l’âme plutôt que l’âme dans le corps."
Dans la pensée chrétienne il y a donc un "continuum", pour reprendre le terme du Père Masson, entre le physique et le spirituel. "On fonctionne, y compris dans notre relation à Dieu, en lien avec ce que l’on est physiquement." Nos pensées mais aussi nos prières viennent de notre corps….
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