Depuis 2010, le Père Maurice Joyeux vit à Athènes, où il est aumônier des catholiques francophones. Après avoir été le directeur du Service jésuite des réfugiés (JRS) en Grèce, il fait aujourd'hui partie d'une "équipe internationale de JRS, qui a le souci de la mission de l'identité spirituelle de l'action sociale de JRS à travers le monde". Avant la Grèce, il a vécu au Rwanda, au Darfour ou en Afrique du Sud. Un parcours qu'il raconte dans son livre "Une Lumière en plus du soleil" (éd. Fidélité).
Comment ne pas désespérer devant l'ampleur de la crise des réfugiés en Europe ? Depuis 2015, mais aussi "bien avant", précise le P. Joyeux, la Grèce accueille "des populations gravement en détresse". Dresser un tel constat peut inspirer un sentiment d'impuissance : pour le prêtre c'est précisément là où il ne faut "pas perdre le goût de vivre".
"J'insiste beaucoup sur le fait que si nous ne voulons pas tomber dans des formes de déprime, de burn out, comme on dit, ou de cynisme vis-à-vis des situations difficiles de notre temps aux frontières de l'Europe, par exemple, il faut approfondir non seulement notre foi mais notre enracinement culturel."
La Grèce c'est aussi le berceau de notre civilisation, ce qui n'est pas qu'une formule. À l'heure où "on est dans une montée des nationalismes et des populismes", ce qui a de quoi "nous affoler", Maurice Joyeux insiste sur "l'importance du temps pris pour la réflexion". Même lorsque la situation semble dramatique, il y a de la place pour la pensée : c'est, "à l'extrême", ce dont témoigne le jounal qu'Etty Hillesum a tenu entre 1941 et 1943, en pleine période nazie - journal paru en France en 1985 sous le titre "Une vie bouleversée" (éd. Seuil). "Ce qui est important c'est la réflexion et l'intelligence du dialogue des civlisations : entre Occident et Orient ou Extrême-Orient, entre Nord et Sud, nous Européens, nous avons le berceau, en partie, de civilisations qu'est Athènes..."
Son livre, Maurice Joyeux l'a écrit après 10 ans de vie en Grèce, 10 années "difficiles sous beaucoup d'aspects mais passionnantes sur le plan humain, culturel, spirituel". À travers son expérience, le jésuite veut "offrir une manière de voir le monde" et proposer "une réflexion sur la société d'aujourd'hui, sur une manière de croire ou de chercher, d'espérer et d'oser".
Comment garder la foi en situation de détresse ? Prêtre de la Compagnie de Jésus, le Père Maurice Joyeux "reçoit une sortie de la peur, une confiance, une foi... c'est les mêmes mots tout ça". Une confiance qu'il reçoit des autres jésuites mais aussi de ses amis, en dehors de la Compagnie. Et aussi "des plus pauvres". "La Compagnie c'est une compagnie d'hommes faillibles, qui s'entraînent à reconnaître cette faillibilité et qui, peut-être, en cela trouvent une intelligence du monde un peu différente, à partir des plus pauvres."
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