Marseille
Le patronage a connu un véritable succès ces derniers siècles avant de tomber en désuétude. On comptait au 19e siècle près de 16 000 patronages en France, contre un peu plus de 150 aujourd’hui. Mais ces tiers-lieux éducatifs pour enfants connaissent un nouvel essor depuis quelques années et attirent toujours plus d’enfants et d’adolescents. Ces centres de loisirs chrétiens sont désormais ouverts à tous et affichent une volonté de s’imposer en alternative solide et sérieuse aux centres classiques.
La mauvaise gestion des patronages a mené une bonne partie d’entre eux à devenir des centres de loisirs classiques, en particulier après mai 1968. Aujourd’hui, beaucoup se reforment en raison de la baisse des demandes de catéchisme et de sacrements. "Le patronage répond à un élan missionnaire", estime Stéphanie Pernod, membre de l’incubateur Esprit de Patronage, qui insiste sur la nécessité de lieux où éduquer les enfants par l’éducation intégrale.
Dès que les portes de l’école se ferment, les patronages ouvrent les leurs aux enfants. Que ce soit après les cours, le mercredi ou pendant les vacances scolaires, les jeunes sont accueillis avec bienveillance. L’objectif est de "les emmener vers le royaume de Dieu et de les former", explique Stéphanie Pernod. Il y a ainsi une forte présence religieuse au sein des patronages et "les enfants côtoient de manière naturelle un prêtre ou un autre religieux". Par ce modèle, le passage du jeu à la prière se fait régulièrement et naturellement.
Les patronages veulent se défaire de la vision négative qu’ont beaucoup de personnes à leur égard. "L’un des gros travaux aujourd’hui est de bien prendre en charge les enfants et de ne pas tomber dans les écueils qu’on a pu trouver avant", confie Joséphine Pitty, directrice de patronage au Bon Conseil Paris. Malgré l’aspect chrétien assumé, tout enfant ou adolescent peut y être accueilli. "On applique un principe de laïcité à la française semblable à celui appliqué par l’État", indique-t-elle. Pour mettre en avant les patronages et les redynamiser, Geoffrey Laurent et sa famille font le Tour de France des Patros depuis près d’un an.
De nos jours, les patronages parviennent à garder les jeunes qui deviennent formateurs à leur tour. "Un patronage qui tourne c’est qu’il réussit à puiser dans les jeunes qu’il a eu", affirme Joséphine Pitty. Ainsi, les plus jeunes éducateurs sont souvent d’anciens adhérents et peuvent gérer une équipe dès 11 ou 12 ans. Ce sont des "grands frères" ou "grandes sœurs" qui deviennent souvent par la suite des éducateurs après avoir obtenu le BAFA. Juliette, une auditrice qui a été dans un centre quelques années, souhaiterait aujourd’hui devenir éducatrice : "Je me souviens d’avoir été aimée profondément par une équipe d’éducateurs bienveillants et d’avoir enfin pu être moi-même". Elle décrit l’endroit comme un oasis qui était nécessaire à sa croissance.
"On veut accompagner les enfants qui seront les adultes de demain", affirme Stéphanie Pernod. La volonté des patronages est de faire grandir les enfants et de les aider à se renouveler de l’intérieur. "Beaucoup disent qu’ils ne sont pas les mêmes après ce qu’ils ont vécu avec le patronage", raconte la membre de l’incubateur Esprit de Patronage. Les valeurs portées par les centres tiennent à cœur à l’ensemble des personnes impliquées, qu’il s’agisse de l’éducateur, du prêtre ou du consacré. "En fin de journée je me dis que ça valait le coup et que ça fait du bien", conclut Joséphine Pitty.
Cette émission interactive de deux heures présentée par Melchior Gormand est une invitation à la réflexion et à l’action. Une heure pour réfléchir et prendre du recul sur l’actualité avec des invités interviewés par Véronique Alzieu, Pauline de Torsiac, Stéphanie Gallet, Madeleine Vatel et Vincent Belotti. Une heure pour agir, avec les témoignages d’acteurs de terrain pour se mettre en mouvement et s’engager dans la construction du monde de demain.
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