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Père Najeeb Michaeel, il faut sauver les manuscrits des chrétiens d'Orient
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Père Najeeb Michaeel, il faut sauver les manuscrits des chrétiens d'Orient

RCF,  -  Modifié le 26 juin 2021
En Toutes Lettres Père Najeeb Michaeel, il faut sauver les manuscrits des chrétiens d'Orient
Combattre l'obscurantisme par la culture. Le Père Najeeb Michaeel lutte au péril de sa vie pour récupérer et protéger des manuscrits anciens laissés par les chrétiens qui ont fui Mossoul.
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"Si on veut combattre l'obscurantisme il faut le combattre par la culture." Le Père Najeeb Michaeel est-il un héros? Au péril de sa vie, le prêtre dominicain tente de sauver, restaurer et protéger les manuscrits anciens des chrétiens qui ont fui Moussoul et que les combattants de Daech promettaient de détruire. Il est l'auteur, avec Romain Gubert, de "Sauver les livres et les hommes" (éd. Grasset). Un témoignage de foi vibrant de courage et d'espérance.

 

 

Chrétiens d'Orient, sauver les livres, sauver la culture

Alors que les parisiens ont eu la chance de pouvoir admirer le patrimoine des chrétiens d'Orient à l'Institut du monde arabe, lui se bat sur le terrain pour sauver les livres. Le Père Najeeb Michaeel lutte au péril de sa vie pour restaurer et protéger les livres anciens. "Chaque livre incarne une vie, un personnage, une couleurs, des secrets, j'imagine celui qui l'a écrit, celui qui l'ont fabriqué et même ceux qui l'ont lu. Un livre c'est la manifestation du génie humain, le cadeau que Dieu nous a fait."

Ils sont les descendants directs des premiers chrétiens. Depuis 2.000 ans les chrétiens de la plaine de Ninive ont gardé la langue du Christ, l'araméen. "Notre langue maternelle, c'est notre langue, celle que l'on parle à la maison !" Ils sont les héritiers d'Abraham, de Jonas et de saint Thomas. Des figures bien vivantes dans la communauté.
 


"Le Notre Père est la prière la plus belle que Jésus nous a appris" Père Najeeb Michaeel

 

Pourquoi Daech attaque la culture

Ils ont détruit Palmyre ou saccagé le tombeau de Jonas. "Ils veulent casser l'homme et casser également son histoire." Effacer toute trace de civilisation. Le Père Najeeb Michaeel a cette sagesse, cette clairvoyance, qui n'est pas indifférence. Avec lucidité il explique comment la violence existait déjà avant Daech, et qu'elle existera encore après. Il dit aussi que si les religions cohabitaient en harmonie c'est parce que eux, les chrétiens, "avaient accepté d'être des citoyens inférieurs".

Le Père Michaeel a plusieurs fois été le témoin de gestes de solidarité de musulmans envers des chrétiens ou des yézidis. Ne pas tout confondre ni tout entremêler, même si c'est compliqué. "Ce n'est pas l'homme qui est mauvais, c'est l'idéologie, ce fondamentalisme, qui est mauvais." À plus de 60 ans, le dominicain ordonné prêtre en 1987 par Mgr Pierre Claverie (l'évêque d'Oran assassiné en 1996), aura consacré sa vie à cela: "Aller au-delà des religions pour atteindre le cœur de l'être humain tel qu'il est."

 



 

La culture pour combattre l'obscurantisme de Daech

D'où lui vient cette foi inébranlable ? Le passage de Daech, il le dit, aura marqué pour toujours cette région du monde. Lui-même a perdu des membres de sa famille, de ses amis. Mais il est devenu prêtre pour tous, "le prêtre n'a plus de famille", il est là pour tous. Pour tout ce qui peut aider l'humain à progresser. Y compris la culture. "Si on veut combattre l'obscurantisme il faut le combattre par la culture."

"Les fanatiques sont souvent des victimes de leur fanatisme et de leur idéologie." Le Père Najeeb Michaeel partage une conviction : "Si on veut aider vraiment ces gens-là, il faut les les aider à se libérer de cette violence intérieure et de cette idéologie qui n'est pas la leur mais qui leur a été imposée d'une manière ou d'une autre, par une religion, les coutumes, la manière de vivre, etc." Est-ce là le pardon ? Ne pas oublier, ne pas excuser, mais tenter de voir l'homme au-delà de la violence si effroyable soit-elle.
 

"Je suis inquiet mais je n'ai pas peur..."

Lui qui était promis à une carrière d'ingénieur expert en forage pétrolier a été sonder une autre richesse. De Mossoul à Qaraqosh, puis à Erbil, dans le Kurdistan irakien, le Père Najeeb Michaeel partage la souffrance des hommes et des femmes de la plaine de Ninive, qu'il poursuit de sa ténacité et de son courage. "Je suis inquiet mais je n'ai pas peur. Ou plus exactement je suis extrêmement inquiet et je n'ai pas peur tout le temps", écrit-il dans son livre.

"La peur, l'inquiétude, c'est naturel chez chaque être humain: la foi peut aller au-delà de cette peur, quand on a la foi on sait que Dieu est avec nous on a l'espérance." Pour lui, la violence c'est comme un incendie, si on le laisse s'étendre des innocents contineront d'être tués. Est-il un héros? "Je ne sais pas , je ne crois pas, je fais ce que je sens nécessaire de faire."

 

Émission enregistrée en octobre 2017

 

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Émission En Toutes Lettres © RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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