"Personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste"
Méditation de l'évangile (Mt 11, 11-15) par le père Bernard Devert
Chant final: "Seigneur, viens nous sauver" par la communauté du Chemin
En ce temps-là,
Jésus déclarait aux foules :
« Amen, je vous le dis :
Parmi ceux qui sont nés d’une femme,
personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste ;
et cependant le plus petit dans le royaume des Cieux
est plus grand que lui.
Depuis les jours de Jean le Baptiste jusqu’à présent,
le royaume des Cieux subit la violence,
et des violents cherchent à s’en emparer.
Tous les Prophètes, ainsi que la Loi,
ont prophétisé jusqu’à Jean.
Et, si vous voulez bien comprendre,
c’est lui, le prophète Élie qui doit venir.
Celui qui a des oreilles,
qu’il entende ! »
Source : AELF
Peuple de prêtres, peuple de prophètes, peuple de rois ! Voilà ce que nous sommes de par notre baptême. Il nous ouvre à la communauté chrétienne, non pour être à part mais pour témoigner de l’amour du Christ qui offre à ce monde une incroyable aventure.
Puisse ce temps de l’Avent nous inviter à vivre cette perspective. Il ne s’agit pas tant d’une charge que d’une responsabilité qui éclaire le sens de notre existence : l’homme plus grand qu’il ne le croit ou ne le pense.
Au sein de cette communauté baptismale, il faut renoncer aux pouvoirs clivants qui déforment, défigurent l’Ecclesia pour être tous appelés par le Seigneur. La vocation de chacun est unique, elle mérite un infini respect.
Ne sommes-nous pas :
La vie chrétienne est un combat. Heureux les doux, pas les doucereux. Heureux les artisans de justice qui luttent sans armure, à découvert, se libérant de leur propre violence aux fins d’avancer désarmés contre ce qui est inique et destructeur de vie.
La lutte est pour le moins inégale. Il ne nous est pas demandé de gagner mais de refuser ce qui est inacceptable, inhumain.
Le dilemme est constant.
Dietrich Bonhoeffer assassiné, pour avoir combattu le nazisme, s’est beaucoup interrogé sur cette question de la violence. Après un long discernement, il a considéré qu’il n’avait pas d’autre option, comme chrétien, de s’opposer à cette folie meurtrière des corps et de l’âme. Il a cette image d’un camion fou qui, sur son passage, détruit, sème la mort. Il faut l’arrêter coûte que coûte et quoi qu’il en coûte.
Il dira : « J’ai compris plus tard et je continue de faire cette expérience que c’est en vivant pleinement dans l’horizon terrestre de la vie qu’on parvient à croire. Quand on a renoncé complètement à faire quelque chose de soi-même – que ce soit un saint ou un pêcheur converti, ou un homme d’Eglise (ce qu’on appelle une figure sacerdotale !), un juste ou un injuste, un malade ou un bien-portant ‑ , et c’est ce que j’appelle l’horizon terrestre : vivre dans la multitude des tâches, des questions, des succès et des insuccès, des expériences et des perplexités – alors on se met pleinement entre les mains de Dieu, on prend au sérieux non ses propres souffrances, mais celles de Dieu dans le monde, on veille avec le Christ à Gethsémani, et je pense que c’est cela la foi, c’est cela la metanoia ; c’est ainsi qu’on devient un homme , un chrétien ».
Ce chemin est difficile. Il vaut la peine d’être vécu, pleinement parcouru, pour être la convergence vers cet essentiel se révélant une transcendance. Les poètes, seuls, parviennent à l’exprimer.
Je vous partage quelques mots de François Cheng : « la mort… elle n’est point notre issue. Posant la limite, elle nous signifie l’extrême. Exigence de la Vie, celle qui donne, élève, déborde et dépasse ».
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