La sainteté n'est pas le propre d'une élite, d'un petit nombre d'élus. La sainteté, explique le Père Sébastien Antoni, c'est désirer être heureux...
Pour être saint, il n'est pas nécessaire d'être prêtre, évêque ou religieux. Il n'est pas non plus nécessaire de s'appeler Ignace de Loyola ou Vincent de Paul. La sainteté n'est pas réservée à un petit nombre, une sorte d'élite qui pourrait consacrer sa vie à Dieu. "Nous sommes tous appelés à être des saints en vivant avec amour et en offrant un témoignage personnel dans nos occupations quotidiennes, là où chacun se trouve", écrit le pape François dans son exhortation apostolique "Gaudete et exsultate" (2018). Mais peut-on vraiment devenir saint malgré nos faiblesses et nos petitesses ? Réponses du Père Sébastien Antoni.
Être saint, c'est "l'objectif de toute une vie", explique le Père Sébastien Antoni. "Je veux être saint : disons-le autrement : je veux être heureux." Comment être heureux selon la voie chrétienne ? En empruntant la voie de l'humilité. Qui n'est autre que "la reconnaissance de l'action de Dieu dans ma vie". Se dire que ce n'est pas à soi que l'on doit les bonnes choses qui nous arrivent, mais à quelqu'un de plus grand que soi.
Le meilleur exemple d'humilité qu'un chrétien puisse trouver c'est celui de la Vierge Marie : elle celle qui a dit oui, qui a accepté le don de Dieu. "Pour recevoir un cadeau il faut l'accepter, souligne le prêtre, c'est là le point de bascule de la foi, cette proposition qui paraît immense, énorme, démesurée, est-ce qu'elle est pour moi ? Oui elle est pour moi et là tout change, tout devient possible, un avenir devient possible."
"Heureux les artisans de paix", "heureux les doux"... Le texte que l'on appelle communément les Béatitudes, que l'on trouve dans l'Évangile de Matthieu (chapitre 5) et de Luc (chapitre 6), c'est "la voie royale pour devenir saint". Or, "il n'est pas aussi extraordinaire que ça ce texte, consoler ceux qui pleurent, être artisan de paix, c'est très concret finalement, ce n'est pas éthéré, la sainteté pas déconnecté du quotidien ni de la vie des personnes."
"On est tous en capacité d'être consolant, d'avoir une parole qui relève, qui redonne confiance. On peut tous le faire, ça nous coûte pas, sauf peut-être une pudeur ou quelque chose qui nous freinerait, mais à quoi bon perdre son temps dans de la fausse pudeur ? Notre vie est courte à quoi bon ne pas s'engager pleinement dans la relation à l'autre selon cette ligne qui nous est proposée d'aimer ?"
Sans tomber sans la fausse bonne résolution ni vouloir changer de caractère, la sainteté suppose "une démarche de conversion". Au sens propre, cela signifie "se retourner". Ainsi, quand on s'éloigne de quelqu'un parce qu'on est fâché avec cette personne, la conversion c'est de tourner la tête pour revenir à lui. "Le changement est là, accepter de tourner la tête, le regard, pour retrouver l'amour, les choses perdues qui nous peinent et qui nous font mal."
Certes, parfois on s'obstine, persuadé d'avoir raison, "on part en déshérance une tristesse au cœur". Mais le Père Antoni nous explique : "Avoir raison ne suffit pas nécessairement, c'est être dans la vérité qui est le plus important : parfois il faut lâcher, se retourner."
Émission d'archive diffusée en octobre 2018
Dans le souci de s’adresser au plus grand nombre et avec curiosité, Pauline de Torsiac sollicite théologiens et biblistes pour un échange enthousiaste sur les fondamentaux de la foi chrétienne.
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