Le mois de mai rime souvent avec retour des beaux jours et jours fériés, mais pour les catholiques et les anglicans, il rime aussi avec Marie. En effet, depuis le Moyen-Âge, le mois de mai est consacré à la Vierge, alors même qu’aucune grande fête mariale ne s’y passe. Voici pourquoi.
Récitation du rosaire, chapelet et neuvaine rythment souvent le mois de mai, que les catholiques et les anglicans surnomment « Mois de Marie ». Pourtant, à l’inverse du mois d’août et de décembre, pendant lesquels deux grandes fêtes mariales sont célébrées (respectivement l’Assomption et l’Immaculée conception), le mois de mai n’en comportait pas jusqu’en 1969, année où la fête de la Visitation de la Vierge Marie a été fixée au 31 mai pour les catholiques, et au 30 mars pour les orthodoxes. Pourtant, la tradition de dédier le mois de mai à l’intercession de la Vierge remonte à bien plus longtemps avant.
Cette dévotion pour Marie au mois de mai remonte au 13ème siècle. À cette époque, le roi de Castille, dit Alphonse X le Sage associe dans un de ses poèmes la beauté de Marie à celle du mois de mai. Un mois de printemps pendant lequel les fleurs éclosent. Le choix du mois de mai pour louer la Vierge relève donc davantage de la saison plutôt que du cycle liturgique.
Par la suite, les Dominicains et les Franciscains étendent ce rituel de dévotion en Europe. En Allemagne, c’est le frère dominicain Henri Suso qui contribue à cela en prenant l’habitude d’orner les statues de Marie avec des couronnes de fleurs, dès le début du mois de mai.
Le fait de consacrer le mois de mai à la Vierge, avec des prières renforcées, apparaît à Rome, à la fin du XVIe siècle. Saint Philippe-Néri, le fondateur de la congrégation de l’Oratoire, a par exemple instauré un rituel avec les enfants de sa paroisse. Rassemblés dans l’église Chiesa Nova, les enfants déposaient des fleurs de printemps sur l’autel de la Sainte Vierge. Ces fleurs représentaient les vertus du christianisme qui devaient éclore dans leur vie. Cette offrande était donc à la fois un acte de piété et un engagement à se sanctifier chaque jour du mois de mai, selon le père Renaud Saliba, recteur du sanctuaire de Pontmain interrogé sur le site de l'Église catholique en France.
Mais il faut attendre la fin du XVIIIe siècle et plus exactement l’année 1785 pour que cette tradition se fasse connaître davantage. Cette année-là, un père jésuite italien, Alfonso Muzzarelli publie Le mois de Marie ou mai, dans lequel il propose des médiations sur les vertus de la Vierge pour chaque jour du mois.
Le livre rencontre un tel succès qu’il est traduit en plusieurs langues et qu’il arrive jusqu’au Vatican. Face à l’engouement que suscite ce livre, le pape Pie VII décide quelques années plus tard, en 1815, d’étendre la dévotion au mois de Marie, à toute l’Église catholique. Il accorde d’abord 300 jours d’indulgence à ceux qui honorent cette dévotion, puis l’indulgence plénière en 1822.
Par la suite, les papes ont confirmé cette décision et ont régulièrement appelé régulièrement les croyants à prier la Mère de Dieu, notamment pour la paix.
Depuis, les croyants ont instauré différentes pratiques au sein de ce mois de Marie. Les bases de ces pratiques résident dans la prière renforcée et adressée à la Vierge pendant un mois. Ce peut être en récitant le Rosaire régulièrement ou en méditant les vingt mystères à l’aide du chapelet. "Méditer fidèlement le chapelet, c'est accueillir en toute simplicité le Christ chez soi", commentait le Père Philippe Chérel, dans une émission spéciale de RCF en 2020.
Jusqu'à la fin des années 70, certains pratiquants préparent des autels chez eux en l'honneur de la Vierge. D’autres profitent aussi de ce mois pour organiser des neuvaines, c’est-à-dire une dévotion publique ou privé de neuf jours pour préparer une fête religieuse. En mai, ces neuvaines sont parfois organisées début mai, en vue de la fête de Notre-Dame de Fatima, le 13 mai. Ce peut aussi être à la fin du mois, pour préparer la fête de la Visitation le 31 mai.
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