"Pourquoi n’as-tu pas mis mon argent à la banque ?"
Méditation de l'évangile (Lc 19, 11-28) par la pasteur Nicole Fabre
Chant final: "Vivre d'amour" par les Séminaristes de la Maison Sainte Thérèse
En ce temps-là,
comme on l’écoutait,
Jésus ajouta une parabole :
il était près de Jérusalem
et ses auditeurs pensaient que le royaume de Dieu
allait se manifester à l’instant même.
Voici donc ce qu’il dit :
« Un homme de la noblesse
partit dans un pays lointain
pour se faire donner la royauté et revenir ensuite.
Il appela dix de ses serviteurs,
et remit à chacun une somme de la valeur d’une mine ;
puis il leur dit :
“Pendant mon voyage, faites de bonnes affaires.”
Mais ses concitoyens le détestaient,
et ils envoyèrent derrière lui une délégation
chargée de dire :
“Nous ne voulons pas que cet homme règne sur nous.”
Quand il fut de retour après avoir reçu la royauté,
il fit convoquer les serviteurs auxquels il avait remis l’argent,
afin de savoir ce que leurs affaires avaient rapporté.
Le premier se présenta et dit :
“Seigneur, la somme que tu m’avais remise
a été multipliée par dix.”
Le roi lui déclara :
“Très bien, bon serviteur !
Puisque tu as été fidèle en si peu de chose,
reçois l’autorité sur dix villes.”
Le second vint dire :
“La somme que tu m’avais remise, Seigneur,
a été multipliée par cinq.”
À celui-là encore, le roi dit :
“Toi, de même, sois à la tête de cinq villes.”
Le dernier vint dire :
“Seigneur, voici la somme que tu m’avais remise ;
je l’ai gardée enveloppée dans un linge.
En effet, j’avais peur de toi,
car tu es un homme exigeant,
tu retires ce que tu n’as pas mis en dépôt,
tu moissonnes ce que tu n’as pas semé.”
Le roi lui déclara :
“Je vais te juger sur tes paroles,
serviteur mauvais :
tu savais que je suis un homme exigeant,
que je retire ce que je n’ai pas mis en dépôt,
que je moissonne ce que je n’ai pas semé ;
alors pourquoi n’as-tu pas mis mon argent à la banque ?
À mon arrivée, je l’aurais repris avec les intérêts.”
Et le roi dit à ceux qui étaient là :
“Retirez-lui cette somme
et donnez-la à celui qui a dix fois plus.”
On lui dit :
“Seigneur, il a dix fois plus !
– Je vous le déclare :
on donnera
à celui qui a ;
mais celui qui n’a rien
se verra enlever même ce qu’il a.
Quant à mes ennemis,
ceux qui n’ont pas voulu que je règne sur eux,
amenez-les ici
et égorgez-les devant moi.” »
Après avoir ainsi parlé,
Jésus partit en avant
pour monter à Jérusalem.
Source : AELF
Pour cette parabole, le texte de Luc s’appuie sur un événement qui reste gravé dans les mémoires ; en l’an 4 avant notre ère, Archélaüs était parti à Rome pour se faire donner la royauté sur la Judée. Une délégation qui n’en voulait pas avait navigué aussi vers Rome. A son retour, il avait fait exécuter les contestataires. Luc insère la parabole que nous connaissons dans le souvenir de cet événement. Au cœur de cette parabole, deux manières de se situer pendant l’absence de celui qui est appelé à devenir roi sont décrites. Les premiers serviteurs accueillent cette somme et tâchent de faire fructifier ce qui leur est confié. Rappelons que la somme d’une mine équivaut au salaire de 100 journées de travail. Une somme nettement moindre que dans la parabole rapportée par Matthieu. Ce qui fait entendre un contraste démesuré entre la fidélité pour une somme relativement modeste et la récompense : l’administration d’autant de ville que de multiplication de la somme de départ : c’est un des points soulignés par ce récit. Le dernier serviteur à se présenter contraste avec tous ceux venus avant lui. Il parle. Et il ne parle pas de lui, mais de ce qu’il croit connaître de son maître. Tout cela pour cacher son inaction. A aucun moment, il n’a pris au sérieux le geste de cet homme qui lui a confié une part de son argent. Il ne se l’ai jamais approprié. Nous pouvons alors comprendre la parole finale : à celui qui n’a rien, on ôtera même ce qu’il a. De fait, il a vécu comme s’il n’avait pas cette somme. Mais pour l’homme noble, il en était bien le possesseur. On peut donc le lui enlever. Ce serviteur a vécu comme n’ayant rien reçu. Et tout cela par peur. Comme si Dieu était semblable aux personnages puissants, comme Archélaüs. Cette petite parabole nous interroge sur notre confiance en Dieu comme sur l’accueil de ce qu’il nous confie. Où en sommes-nous ? Avons-nous peur de mal faire ? De ne pas correspondre à ce que nous croyons être ses exigences ? Ou bien, fort d’une confiance en celui qui nous fait confiance, accueillons-nous véritablement ce qu’il remet entre nos mains : la création, la paix, l’accueil de chacune de ces créatures ? Fort de cette confiance, nous risquons-nous à faire fructifier ce qu’il nous a remis ?
Père, nous te déposons toutes les confusions, toutes les peurs qui peuvent nous habiter, et qui nous voilent ton véritable visage. Merci pour la confiance que tu nous fais. Qu’avec confiance, nous partagions ce que tu nous as donné.
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