Collaborateurs de saint Paul, Priscille et Aquila sont un couple missionnaire du premier siècle de l'Eglise.
Le 8 juillet, l’Église fête un saint couple missionnaire, sainte Priscille (aussi appelée Prisca) et saint Aquila. C’est le deuxième saint couple de l’histoire de l’Église, après Joseph et Marie !
Et celui de Priscille et Aquila particulièrement car ils éclairent d’un jour nouveau la première évangélisation dans l’Église primitive, le travail de l’apôtre Paul en particulier… mais aussi le rôle des couples dans la mission de l’annonce de l’Évangile. Priscille et Aquila sont cités plusieurs fois dans le Nouveau Testament comme collaborateurs de saint Paul : 3 fois dans les Actes, une fois dans l’épitre aux Romains, une fois dans la première au Corinthiens et une fois dans la deuxième lettre à Timothée. Nous voyons donc que parmi les missionnaires de l’Église primitive, il y avait aussi des couples !
On a brodé pas mal de légendes autour du couple mythique d’Aquila et Priscille. Limitons nous à ce que le Nouveau Testament dit d’eux en suivant la catéchèse que le pape Benoît XVI leur a consacrée le 7 février 2007.
Priscille et Aquila sont d’origine juive. Ils portent des noms latins et habitent Rome. Il semble qu’Aquila provenait de la Turquie actuelle, plus précisément de l’Anatolie orientale. Priscille – Prisca – est probablement originaire d’une famille juive de Rome. Ce qui est sûr, c’est que le couple est devenu chrétien à Rome. Ils sont fabricants de tentes. On ne sait pas s’ils ont des enfants. On ne sait pas comment ils sont devenus chrétiens. Peut-être que la foi chrétienne est arrivée à Rome avant que Pierre ou que Paul n’arrivent dans la ville. C’est très possible avec la circulation des marchands juifs qui ont pu profiter de leurs déplacements pour évangéliser. On pense que Priscille et Aquila sont devenus chrétiens dans les années 40.
Avec l’édit de Claude qui chasse les juifs de Rome, Priscille et Aquila vont s’installer à Corinthe. L’historien romain Suétone raconte que Claude, excédé par les disputes qui éclataient entre les juifs à propos d’un certain Chrestus, chassa tous les juifs de Rome. On s’accorde à reconnaître dans ce Chrestus le Christ dont, visiblement, Suétone ne connaît pas le nom exact.
Priscille et Aquila sont donc à Corinthe au début des années 50. Ils y rencontrent Paul qui fait le même métier qu’eux. Ils l’accueillent chez eux et même s’associent à lui dans leur travail.
On retrouve ensuite Priscille et Aquila à Éphèse. Dans cette ville, ils s’occupent de la formation chrétienne d’Apollos, un juif d’Alexandrie. Voici ce qui disent les Actes des apôtres :
Un Juif nommé Apollos, originaire d’Alexandrie, était arrivé à Éphèse. C’était un homme éloquent, versé dans les Écritures. Il avait été instruit de la Voie du Seigneur, et, dans la ferveur de son âme, il prêchait et enseignait avec exactitude ce qui concerne Jésus, bien qu’il connût seulement le baptême de Jean. Il se mit donc à parler avec assurance dans la synagogue. Priscille et Aquila, qui l’avaient entendu, le prirent avec eux et lui exposèrent plus exactement la Voie. (Ac 18, 24-26)
On voit ici que la formation de Priscille et Aquila comprenait l’expérience du baptême dans l’Esprit Saint dont Apollos n’avait pas fait l’expérience. Il y a plusieurs références dans les Actes des Apôtres à des personnes ou des groupes de personnes qui étaient chrétiennes mais ignoraient l’existence de l’Esprit Saint.
À la fin de sa Première Lettre aux Corinthiens écrite à Éphèse, saint Paul envoie ses salutations accompagnées de celles – je cite –
d'Aquilas et Prisca [qui] vous saluent bien dans le Seigneur, avec l'Église qui se rassemble chez eux (16, 19)
Voici le commentaire de Benoît XVI à propos des réunions qui se passent dans la maison de Priscille et Aquila :
Nous apprenons ainsi le rôle très important que ce couple joua dans le milieu de l'Église primitive : accueillir dans leur maison le groupe des chrétiens locaux, lorsque ceux-ci se rassemblaient pour écouter la Parole de Dieu et pour célébrer l'Eucharistie. C'est précisément ce type de rassemblement qui est appelé en grec “ekklesìa” - le mot latin est “ecclesia”, le mot français “église” – qui signifie convocation, assemblée, regroupement. Dans la maison d'Aquila et de Priscille, se réunit donc l'Église, la convocation du Christ, qui célèbre là les saints Mystères.
Dans l’Église primitive, les premiers chrétiens se sont d’abord réuni dans les synagogues juives. Lorsque la séparation s’est opérée avec le judaïsme, les chrétiens ont commencé à se retrouver dans les maisons. Cela a duré jusqu’au troisième siècle lorsque sont nés les édifices chrétiens. À Rome, par exemple, beaucoup d’églises ont été construites sur des maisons romaines où les chrétiens se réunissaient déjà. On peut encore aujourd’hui visiter les fouilles qui mettent à jour certaines d’entre elles.
Les maisons des chrétiens deviennent donc à proprement parler des “églises”. Le Nouveau Testament en donne plusieurs exemples :
Après Éphèse, Aquila et Priscille retournent à Rome. Leur maison devient là aussi une église comme le signale saint Paul dans sa lettre aux Romains :
Saluez Prisca et Aquila, mes coopérateurs dans le Christ Jésus ; pour me sauver la vie ils ont risqué leur tête, et je ne suis pas seul à leur devoir de la gratitude : c'est le cas de toutes les Églises de la gentilité ; saluez aussi l'Église qui se réunit chez eux. (16, 3-5)
Benoît XVI commente :
« Quel extraordinaire éloge des deux conjoints dans ces paroles! Et c'est l'apôtre Paul lui-même qui le fait. Il reconnaît explicitement en eux deux véritables et importants collaborateurs de son apostolat. La référence au fait d'avoir risqué la vie pour lui est probablement liée à des interventions en sa faveur au cours d'un de ses emprisonnements, peut-être à Éphèse même (cf. Ac 19, 23; 1 Co 15, 32; 2 Co 1, 8-9). Et le fait qu'à sa gratitude, Paul associe même celle de toutes les Églises des gentils, tout en considérant peut-être l'expression quelque peu excessive, laisse entrevoir combien leur rayon d'action a été vaste, ainsi, en tous cas que leur influence en faveur de l'Évangile. »
Et Benoît XVI continue un peu plus loin :
« À la gratitude de ces premières Églises, dont parle saint Paul, doit s'unir la nôtre, car c'est grâce à la foi et à l'engagement apostolique de fidèles laïcs, de familles, d'époux comme Priscille et Aquila, que le christianisme est parvenu à notre génération. Il ne pouvait pas croître uniquement grâce aux Apôtres qui l'annonçaient. Pour s'enraciner dans la terre du peuple, pour se développer de façon vivante, était nécessaire l'engagement de ces familles, de ces époux, de ces communautés chrétiennes, et de fidèles laïcs qui ont offert l'“humus” à la croissance de la foi. Et c'est toujours et seulement ainsi que croît l'Église. En particulier, ce couple démontre combien l'action des époux chrétiens est importante. »
L’exemple de Priscille et Aquila nous montre que les couples chrétiens sont eux aussi invités à participer à l’évangélisation du monde. Ils ont collaboré au travail des apôtres. Sans eux, l’Église n’aurait pas pu s’installer et grandir dans le monde romain. Aujourd’hui encore, les couples et les familles chrétiennes sont appelées à être témoins de l’Évangile.
Comment ?
Par l’annonce explicite, comme l’ont fait Priscille et Aquila comme nous l’avons vu avec Apollos. Mais aussi en transformant, comme les premiers chrétiens, leur maison en une petite Église. C’est pourquoi Benoît XVI conclut sa catéchèse en disant :
Nous honorons donc Aquilas et Priscille comme modèles d'une vie conjugale engagée de façon responsable au service de toute la communauté chrétienne. Et nous trouvons en eux le modèle de l'Église, famille de Dieu pour tous les temps.
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