"Homme et femme il les créa", dit la Genèse. Ce récit de la création du monde peut-il nous éclairer à l'heure où notre société est traversée par des questionnements sur le genre ? Peut-on dans la Bible trouver des réponses sur l'identité de genre ? Pour la théologienne Marie-Laetitia Calmeyn, la Genèse peut être d'une actualité brûlante si "on se laisse enseigné par la révélation".
Comment poser un regard chrétien sur les questionnements actuels autour du genre ? "Je pense que la théorie du genre peut nous effrayer, elle peut nous questionner, elle peut nous inscrire dans une certaine défiance, admet la théologienne Marie-Laetitia Calmeyn, mais elle est à la fois une chance pour que nous chrétiens, entre autres les théologiens, soient amenés à réfléchir de façon extrêmement sérieuse sur la place de l’homme et de la femme dans le dessein de Dieu." Enseignante en anthropologie au Collège des Bernardins (Paris), Marie-Laetitia Calmeyn est l’auteure du livre "Les enfants de la Promesse - L'Alliance avec Dieu donne le sens de nos vies" (éd. Artège).
Quelles que soient les réponses que l'on cherche dans les Écritures saintes, "notre perspective elle n’est pas scientifique, elle est théologique", prévient Marie-Laetitia Calmeyn. "On ne prend pas la perspective de l’intelligence humaine mais plutôt on se laisse enseigné par la révélation."
"Dieu dit : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance. Qu’il soit le maître des poissons de la mer, des oiseaux du ciel, des bestiaux, de toutes les bêtes sauvages, et de toutes les bestioles qui vont et viennent sur la terre. » Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme."
(Gn 1, 26-27)
Le Livre de la Genèse, le premier livre de la Bible, nous enseigne que Dieu a créé le monde "en séparant". Et que "la question de l’altérité est assez décisive pour que chaque créature trouve sa place", explique la théologienne. "Édith Stein dit clairement que la femme et l’homme sont deux créatures différentes. Au principe de leur être, il y a une altérité infiniment profonde qui permet aux autres altérités de trouver leur sens." Entre la prise de conscience de l'altérité et la découverte de son identité, il se joue quelque chose de décisif. "On n’accède pas à notre identité profonde en nous regardant dans un miroir", explique Marie-Laetitia Calmeyn.
"J’ai un corps d'homme ou de femme, mais en profondeur je ne sais pas…" Il y a là "une question très intéressante", estime la théologienne, qui "mérite vraiment d’être étudiée". Cependant, "ce n’est pas parce qu’on se pose la question de l’identité que l’on doit en changer", rappelle Marie-Laetitia Calmeyn. Parfois, changer de sexe semble être une solution "pleine de promesses". Mais à l'adolescence, on est "fragile" et il peut être "irresponsable" de la part de certains médecins de "proposer" de changer de sexe "à des adolescents en pleine maturation, en pleine fragilisation". La théologienne met en garde contre "une illusion mortifère".
Si l’on étudie la Bible, on touche du doigt le mystère de notre identité. "Ce que la théologie, ce que la révélation, peut apporter, c’est de dire : il est normal que tu ne saches pas parce que, à cette profondeur-là de ta vie, la réalité sexuée, en fait, elle t’échappe." Pour la théologienne, ce questionnement sur soi et sa propre identité de genre "amène à rechercher plus profondément quelle est la lumière qui va m’aider à être l’homme que je suis et la femme que je suis".
Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour
En partenariat avec Les Facultés Loyola Paris
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !