Marseille
Face au “désenchantement du monde” dont parlait le sociologue Marcel Gauchet, les grandes religions ont reculé au profit d’une plus grande sécularisation. Pourtant de nouvelles croyances liées à la magie et au néo paganisme ont émergé parmi lesquelles la Wicca et les néo sorcières? Quels sont les fondements de ces nouvelles croyances qui prolifèrent sur les réseaux sociaux et comment sont-elles nées? Quel regard chrétien porter sur elles? Faut-il les accueillir ou bien s’en méfier? Nous en parlons dans “carrefour catholique” avec notre invité, Jean-François Meuriot, prêtre à Marseille, membre de l’Observatoire des nouvelles croyances à la Conférence des évêques de France et enseignant à l'ISTR.
La Wicca est une spiritualité de la nature, son nom vient du vieil écossais “wicca craft” qu’on pourrait traduire par “sorcellerie”. Elle est actuellement le courant religieux qui connaît la plus forte croissance dans les pays anglo-saxons. Reconnue comme une religion en Grande Bretagne et aux Etats-Unis, il y a même des aumôniers wiccans dans les universités au même titre que les aumôniers protestants, catholiques ou encore musulmans.
L’une des pionnières de la Wicca est Margaret Alice Murray (1863/1963) archéologue et égyptologue. À la suite d’une maladie, elle est obligée de rentrer en Angleterre et décide d’étudier le folklore anglais et notamment le procès des sorcières, qui vont lui inspirer des livres. Le succès est au rendez-vous et ses ouvrages servent de fondement à la Wicca bien qu’ils n’aient aucune valeur scientifique.
De la Wicca découle le mouvement des néo sorcières, qui arrivent en France dans les années 1970. Basés sur l’écoféminisme et le retour à la nature, les néo sorcières se sont développées en lien avec la maîtrise de soi et de son corps. Tout un rituel a lieu autour des règles et du cycle féminin.
Mais pourquoi se référer à la sorcière? “Ce sont des figures identificatoires, précise Jean-François Meuriot, des références sont faites aux sorcières du Moyen- Age qui étaient persécutées”. Ces femmes considérées comme des victimes traquées par le pouvoir masculin apparaissent comme des modèles d’indépendance et de courage qui défient les autorités patriarcales.
On pourrait aussi nommer les néo sorcières, les sorcières 2.0, car elles sont très présentes sur les réseaux sociaux. La figure de proue de ce mouvement est Myriam Simos dite “Starhawk”, considérée aussi comme une activiste politique. Elle tente d’unifier à la fois le militantisme politique autour de l’écoféminisme et de la spiritualité.
Il y a également tout un “witch business” qui se développe autour de ce courant spirituel. A grand renfort de markéting, des magazines proposent de “réveiller la sorcière qui est en vous”, ainsi que des agendas ou encore des malettes de pierres et de plantes qui apportent tel ou tel bienfait…
Quel regard chrétien porter sur ces nouvelles croyances?
Nouvelles spiritualités et christianisme sont deux mondes hermétiques qui ne se rencontrent pas ou peu. Leur rares interactions sont souvent réduites à des a priori négatifs. Le Père Jean-François Meuriot parle d’abord d’accueil afin de comprendre ces nouvelles spiritualités, puis dans un deuxième temps vient un discernement. “Les rituels ont une efficacité et il faut bien faire attention où on met le doigt et il peut y avoir une dangerosité à s’amuser avec le spiritisme”, complète-t-il.
Dans les diocèses, des temps d’écoute et de discernement sont prévus au sein des services d’exorcisme sensibilisés à ces questions.
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