Qu'est-ce qu'un ermitage ?

La Cordelle, un ermitage à Vézelay

L’ermitage de la Cordelle se dresse depuis le XIIe siècle sur le flanc nord de la colline de Vézelay (89). Trois frères y vivent en harmonie avec la nature, et en suivant les préceptes de saint François d’Assise. "Dès le début de sa conversion, François a aimé sa vie de retrait", explique Frère Éric Moisdon, qui rappelle la "double polarité" du saint entre solitude et mission de conversion. Selon les historiens, saint François aurait passé plus de la moitié de son temps en ermitage. "Ces lieux l’ont façonné et transformé", témoigne l’actuel gardien de l’ermitage de la Cordelle.

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"Chez les franciscains, on n’est pas des ermites seuls", souligne Frère Éric Moisdon. Dans sa règle pour les ermites de 1228, saint François écrit que ceux-ci doivent être réunis au nombre de trois ou quatre. Chacun a sa propre cellule pour prier et pour dormir, et la vie se fait dans la fraternité et le soutien. L’ermitage de la Cordelle a pâti des guerres de Religion et de la Révolution. Il s'est pourtant imposé comme le berceau des franciscains en France.

L'ermitage, entre accueil et solitude

La vie d’un ermite, c’est d'abord une vie de prière. Dans le cadre idyllique de l’ermitage de la Cordelle, avec son potager et ses fleurs, les frères prient et contemplent. "On mène un travail pour nous décentrer de nous-mêmes, pour voir le monde avec les yeux de Dieu, avec l'aide du Saint-Esprit". Face au constat d’un monde et d’une Église en évolution, Éric Moisdon souligne l’importance de tels lieux qui enseignent la vie fraternelle.

Les trois religieux qui vivent en ermitage à la Cordelle ne sont pas totalement "coupés du monde". L’un se rend parfois à la prison voisine pour rencontrer les détenus. Les deux autres, parmi lesquels Frère Éric, sont davantage dans une vie de contemplation, en entretenant le jardin ou en accueillant les pèlerins. Le lieu voit en effet défiler de nombreuses personnes. "C’est aussi un endroit d’évangélisation !" note l’intervenant. Des proches, des voisins, des pèlerins en direction d’Assise toquent fréquemment à la porte de l’ermitage. "On les accueille par la prière, on fait des bénédictions… C’est l’endroit source de la route pour aller vers Assise."

Être gardien de l’ermitage, c’est "veiller sur le troupeau". Éric Moisdon anime la communauté, fait que chacun puisse y trouver sa place, et travaille à l’équilibre entre mission d’accueil et vie recluse.