Il brûlait tellement de feu de l'amour de Dieu qu'on l'a appelé le Docteur plein de zèle.
Alphonse Marie de Liguori naît dans une famille noble le 27 septembre 1696 à Marianella, près de Naples qui, à l’époque, est une possession de la couronne espagnole.
Alphonse reçoit une excellente éducation. Il apprend le latin, le grec, le français, l'espagnol, l'italien, l'histoire, les mathématiques, mais aussi des notions de physique. C’est un enfant surdoué. Il entre à l’université à l’âge de 13 ans et étudie le droit civil et canonique. Il obtient son diplôme à 17 ans. Pendant deux-trois ans, il assiste des avocats de la place, et finalement il obtient le droit d’exercer. Pendant huit ans il gagne toutes les causes qu’il défend jusqu’en juillet 1723 où il perd un procès vicié par la corruption et la malhonnêteté de la partie adverse. Il est dégoûté et humilié, il part en retraite et en ressort un homme nouveau : il quitte le métier d’avocat contre l’avis de son père et décide de devenir prêtre. Trois ans plus tard, le 21 décembre 1726, à l’âge de 31 ans, Alphonse Marie de Liguori est ordonné prêtre.
Il commence alors une action d’évangélisation et de catéchèse dans les couches les plus humbles de la société napolitaine, auxquelles il aime prêcher, et qu’il instruit sur les vérités fondamentales de la foi. Un grand nombre de ces personnes, pauvres et modestes, auxquelles il s’adresse, s’adonnent souvent aux vices et accomplissent des actes criminels. Il leur enseigne avec patience à prier, les encourageant à améliorer leur façon de vivre. Alphonse obtient d’excellents résultats : dans les quartiers les plus misérables de la ville se multiplient les groupes de personnes qui, le soir, se réunissent dans les maisons privées et dans les échoppes, pour prier et pour méditer la Parole de Dieu, sous la direction de plusieurs catéchistes formés par Alphonse et par d’autres prêtres, qui rendent visite régulièrement à ces groupes de fidèles. Quand, suivant le désir de l’archevêque de Naples, ces réunions sont tenues dans les chapelles de la ville, elles prennent le nom de « chapelles du soir». Elles sont de véritables sources d’éducation morale, d’assainissement social, d’aide réciproque entre les pauvres : les vols, les duels, la prostitution finissent presque par disparaître.
Après son apostolat dans la ville de Naples, notre jeune prêtre ressent un appel à évangéliser aussi les campagnes aux alentours. Il découvre alors l’abandon spirituel et la pauvreté matérielle du peuple des campagnes. Il a le cœur bouleversé devant une telle misère. En novembre 1732, il fonde une congrégation de missionnaires chargés d’annoncer la Bonne Nouvelle du Salut aux gens les plus démunis de secours spirituels. C’est la Congrégation du Très Saint Rédempteur qui deviendra plus tard la congrégation des Rédemptoristes. Ceux-ci sont des missionnaires itinérants qui vont jusqu’aux villages les plus reculés en exhortant à la conversion et à la persévérance dans la vie chrétienne, en particulier au moyen de la prière. Une de leurs spécialités est d’organiser et d’animer des missions paroissiales.
Le père Alphonse est un missionnaire infatigable. Il puise sa force dans sa vie spirituelle. Il prie avec assiduité, médite la Parole de Dieu chaque jour et entretient une grande dévotion envers la Vierge Marie. Cette fidélité à Dieu dans la prière est sa nourriture spirituelle qui alimente son œuvre missionnaire auprès des pauvres. Pour Alphonse de Liguori, vie de prière et vie missionnaire sont inséparables.
Dans ses missions, Alphonse accorde une importance primordiale au sacrement de réconciliation. Il passe des heures à entendre les confessions des pénitents venant de partout. Alphonse refuse la morale rigoriste de son temps marquée par le jansénisme. Il prêche la miséricorde. Il ne se contente pas de confesser, de distribuer largement le pardon de Dieu, il élabore aussi une « Théologie morale » empreinte de la bonté divine et attentive à la vie réelle de tous.
Alphonse de Liguori est également un homme des médias. Sa passion évangélisatrice l’a poussé à s’engager résolument dans les communications sociales, au sens le plus moderne du terme. Aujourd’hui, on le retrouverait sans aucun doute dans des blogs et aux médias sociaux à y répandre la Parole de Dieu. À l’époque, c’est le livre qui est le moyen d’atteindre les foules.
Alphonse écrit beaucoup. Son œuvre littéraire totalise cent onze ouvrages parus en soixante-dix langues. La liste de ses best-sellers est longue : Gloires de Marie, Visites au Très Saint Sacrement et à la très Sainte Vierge Marie, Neuvaines au cœur de Jésus, etc. Son œuvre maîtresse reste La Théologie Morale.
Je vous ai dit au début qu’Alphonse est un surdoué. Il excelle aussi en musique et en peinture. Il met ses talents au service de l’évangélisation.
En 1762, Alphonse devient évêque du diocèse de Sainte-Agathe-des-Goths. Il a 64 ans. Il renouvelle entièrement son diocèse : réforme du clergé et du grand séminaire, réforme des couvents et des paroisses, visites pastorales fréquentes, missions paroissiales, etc. Malgré la tâche épiscopale, Monseigneur de Liguori ne change pas, il reste un homme simple et un ami des pauvres. C’est un trait central de la vie d’Alphonse, il cherche toujours à être l’ami des pauvres.
Entre mai 1768 et juin 1769, Alphonse a une terrible attaque de rhumatismes articulaires aigus qui le laisse handicapé. Son corps est devenu difforme, ce que l’on remarque sur certains de ses portraits. Pendant le reste de sa vie, il doit boire sa nourriture à l’aide d’un tube. Il n'aurait plus jamais pu dire la Messe si un augustin ne lui avait montré comment se tenir sur une chaise pour qu'avec l'assistance d'un acolyte il soit capable de porter le calice à ses lèvres. Il demande à être relevé de sa charge d’évêque, mais ce n’est que le pape Pie VI qui accède à sa demande quand Alphonse a déjà plus de 80 ans.
C’est la dernière partie de sa vie. Alphonse se prépare à mourir, mais la mort ne vient pas. Il va encore vivre 12 ans !
En 1779, une nouvelle attaque se déchaîne sur la congrégation des Rédemptoristes, toujours considérée par le royaume de Naples comme une congrégation illicite. C’est une affaire politique, liée aussi aux relations tendues entre les États Pontificaux et le Royaume de Naples. Alphonse est très diminué physiquement, estropié, sourd et presqu’aveugle. Il doit se fier à des amis et des conseillers qui le trompent et le trahissent. La Règle de la congrégation est changée et devient un « Regolamento » (règlement en français) qui n’a plus rien à voir avec la règle primitive. C’est la mort de la congrégation dans le royaume de Naples.
Mais les pères des maisons extérieures à Naples se tournent alors vers le pape Pie VI et racontent toute l’affaire. Le pape est furieux. Après enquête, il décrète que les seuls véritables Rédemptoristes sont ceux qui suivent la règle initiale. Il exclut donc les maisons de Naples et par la même occasion Alphonse de Liguori de sa propre congrégation. Quelle souffrance pour l’humble fondateur. Il meurt en août 1787 à presque 91 ans, toujours chassé de la congrégation qu’il a fondée.
Heureusement, comme il l’a prophétisé, en 1793, le gouvernement napolitain reconnaît la règle initiale, la congrégation est réunifiée et Alphonse de Liguori réintégré à titre posthume.
C’est le pape qui l’a exclu de son ordre, Pie VI, qui le déclare vénérable en 1796. Il est canonisé par Grégoire XVI en 1839. En 1871, Pie IX le proclame docteur de l’Église sous le nom de « Doctor zelantissimus », le docteur plein de zèle.
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