Belgique
Ardent défenseur de la foi dans la divinité du Christ, Athanase a vécu une vie mouvementée faite de persécutions qui l’ont amené à vivre 17 ans en exil.
Le 2 mai, l’Église fête un grand théologien, défenseur de la divinité du Christ : saint Athanase d’Alexandrie. C’est un des Pères de l’Église grecs, déjà évoqué avec saint Hilaire de Poitiers, car tous les deux ont affronté le même combat.
Saint Athanase est vénéré tant par les catholiques que par les orthodoxes.
Les coptes orthodoxes – c’est-à-dire les chrétiens orthodoxes d’Égypte – le vénèrent comme leur compatriote et l’appellent l’« Apostolique », le « Phare de l'Orient » et la « Colonne de la foi ».
Athanase est né entre 296 et 298 en Égypte, près d’Alexandrie. Il est petit de taille, mais possède une intelligence brillante. Sa famille n’est pas croyante. Il est attiré par le témoignage de vie des chrétiens et demande le baptême.
C’est l’évêque Alexandre d’Alexandrie qui le baptise. Alexandre remarque vite les qualités intellectuelles d’Athanase. Il le prend à son service comme secrétaire et l’ordonne diacre.
Il y a dans le diocèse d’Alexandrie un prêtre qui pose problème. Son nom est Arius. Il prétend que Jésus n’est pas Dieu, qu’il est seulement homme. Cette doctrine s’appelle l’arianisme.
L’évêque Alexandre convoque un synode diocésain en 321 pour suspendre le prêtre Arius ainsi que ses partisans. En 322, il fait écrire un long rapport sur la situation par son secrétaire Athanase pour tenir les évêques voisins au courant du danger de l’arianisme. C’est le premier texte qu’on ait d’Athanase.
Alexandre invite son diacre Athanase à l’accompagner au premier concile de Nicée en 325.
Ce concile est convoqué par l’empereur Constantin qui est inquiet. Il a peur des conséquences pour l’empire romain d’un schisme dans l’Église entre les partisans de l’évêque Alexandre et du prêtre Arius. Il aimerait réconcilier tout le monde autour d’une voie médiane qui préserverait l’unité de l’empire.
Mais le Concile de Nicée prend fait et cause pour l’évêque Alexandre et donne tort au prêtre Arius. Les pères conciliaires rédigent un nouveau credo que nous connaissons sous le nom de Credo de Nicée Constantinople que nous récitons encore aujourd’hui.
En 328, l’évêque Alexandre meurt après avoir désigné Athanase comme successeur. Il a seulement 30 ans. Il sera patriarche d’Alexandrie pendant 45 ans.
La vie de l’évêque Athanase va être particulièrement mouvementée parce que le Concile de Nicée suscite beaucoup d’oppositions. Certains évêques se rétractent. Il y a de nombreuses factions qui combattent le Concile : les ariens, les semi-ariens, les anti-nicéens, etc. Tous les coups sont permis dans cette lutte à laquelle l’empereur se mêle de près, soutenant les ariens.
Le parti des ariens avec Eusèbe de Nicomédie monte un dossier contre Athanase avec diverses fausses accusations : gestion tyrannique mais surtout accusation d’assassinat. On accuse en effet Athanase d’être le commanditaire de l’assassinat d’un évêque schismatique, un certain Arsène d’Ypsélé à qui on aurait aussi coupé une main. L’affaire remonte évidemment jusqu’à l’empereur Constantin qui envoie comme enquêteur sur place son propre demi-frère. Mais, coup de théâtre, l’évêque Arsène qui se cachait apparaît bien vivant avec ses deux mains. Constantin écrit à Athanase pour lui dire son indignation devant ses accusations injustes.
Mais cela n’arrête pas les adversaires d’Athanase.
Une nouvelle accusation très grave lui est faite : il aurait empêché la livraison du grain à Alexandrie. Athanase répond que même s’il avait voulu, il n’en aurait pas eu le pouvoir. Constantin, qui ne croit pas trop à cette accusation farfelue, tranche en envoyant Athanase en exil à Trèves, dans le Nord de l’Empire. C’est une mesure clémente. C’est ainsi qu’Athanase va pouvoir rencontrer Hilaire de Poitiers, et qu’à deux, ils vont devenir les fervents défenseurs de la divinité du Christ.
À Trèves, Athanase rencontre le fils de Constantin qui va le soutenir. À la mort de Constantin, l’empire est partagé en 4 parties confiées à chacun des fils de Constantin. Son fils Constantin II fait réhabiliter Athanase qui revient à Alexandrie. Mais son frère Constance II dont dépend l’Égypte est de plus en plus favorable aux ariens. Athanase est de nouveau remplacé comme évêque d’Alexandrie. Cela aboutit à un nouvel exil, cette fois à Rome, où Athanase rencontre le pape Jules Ier, également saint. Malgré les pressions ariennes, Jules Ier soutient Athanase et veut organiser un concile. Après des tentatives infructueuses, le concile se réunit à Sardique vers le milieu de l’année 343. C’est un échec retentissant : les évêques occidentaux partisans d’Athanase s’opposent aux évêques orientaux favorables à l’arianisme. Ces derniers s’enfuient et organisent un contre-concile qui excommunie le pape Jules Ier et Athanase !
Finalement, après différentes péripéties, Athanase est réintroduit comme évêque d’Alexandrie en 346.
Il faut ajouter à ces descriptions le fait que les exils d’Athanase s’accompagnaient de persécutions pour les chrétiens qui lui restaient fidèles. Dans d’autres lieux, c’étaient les ariens qui étaient persécutés.
Athanase reçoit le soutien des moines qui se sont installés dans le désert, et en particulier, de l’ermite saint Antoine le Grand qui jouit d’un énorme prestige. Athanase consolide sa position en faisant nommer des évêques issus du monachisme et tous fervents partisans de la divinité du Christ.
Mais la situation se retourne une nouvelle fois. Le 8 février 356, les troupes de l’empereur Constance II entourent la cathédrale où siège Athanase, entouré par la foule en prière.
L’objectif des soldats est de s’emparer du patriarche. Mais un groupe des moines s’introduit dans l’église, ils entourent Athanase et l’exfiltre au nez à la barbe des 5000 soldats sur pied de guerre. Commence alors une période terrible de répression contre les fidèles d’Athanase à Alexandrie.
Athanase se retrouve de nouveau en exil, cette fois dans les déserts d’Égypte, protégé par les moines. C’est un des moments les plus fructueux pour sa production littéraire. Bien que recherché par la police de l’empire, il n’est jamais trouvé.
Il y a encore beaucoup de rebondissements dans la vie d’Athanase, mais il finit par être réhabilité et il meurt à Alexandrie le 2 mai 373. Sur ses 45 années d’épiscopat, il en a passées 17 en exil.
Saint Athanase a contribué à la défaite de l’arianisme. Rappelez-vous son exclamation :
Arius me vole mon Sauveur !
Athanase était convaincu que si Jésus n’était pas vrai Dieu, alors il ne pouvait pas nous avoir sauvé. Il a contribué à la définition du dogme de l’Incarnation et de la Trinité :
L’incarnation est le fait que le Fils unique du Père s’est fait homme en la personne de Jésus Christ qui est donc, à la fois, vrai Dieu et vrai homme.
Si Jésus est vrai Dieu, cela implique que Dieu est Trinité : Père, Fils et Saint Esprit.
On le voit, l’histoire de l’Église a ressemblé parfois à un film d’espionnage avec de multiples rebondissements. Et en même temps, à travers ces péripéties rocambolesques, Dieu était à l’œuvre par ses saints comme saint Athanase, saint Hilaire ou saint Jules Ier pour faire triompher la vraie foi.
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