Accueil
Saint Cyrille d’Alexandrie
Partager

Saint Cyrille d’Alexandrie

Un article rédigé par Jean-Luc Moens - 1RCF Belgique, le 28 juin 2022  -  Modifié le 28 juin 2022

Grand défenseur de la divinité du Christ, il a obtenu que Marie soit déclarée Mère de Dieu

©tous droits réservés ©tous droits réservés

Histoire

 

On ne sait rien de la naissance et de l’enfance de Cyrille. La seule chose sûre est qu’il est le neveu de Théophile, patriarche d'Alexandrie. À la mort de son oncle, le 15 octobre 412, Cyrille lui succède, non sans quelques résistances. Au début de son ministère, Cyrille se montre autoritaire et même violent. Il reprend à son compte l’inimitié qui opposait son oncle Théophile à saint Jean Chrysostome qui s’étaient disputés à Constantinople en 403. Cette inimitié le met dans une position schismatique à l’égard du reste de la chrétienté. Il refuse farouchement de reconnaître la sainteté de Jean Chrysostome et donc de l’inscrire sur les dyptiques sacrés. 


On peut donc dire que les débuts de la vie épiscopale de Cyrille sont loin de la sainteté. Voilà quelque chose qui doit nous donner de l’espérance pour notre propre cheminement de sainteté : on ne naît pas saint, on le devient !


Ce qui va permettre à Cyrille de sortir de cette impasse, c’est l’intervention de son directeur spirituel qui est un saint : il s’agit de l’abbé de Péluse, saint Isidore, qui se désole de voir son dirigé se perdre dans des rancœurs familiales. Il écrit à Cyrille, en faisant référence au grand prêtre Éli dont parle le premier livre de Samuel. Ce prêtre avait négligé de corriger ses deux fils, Hophni et Pinhas, qui scandalisaient tout Israël par leur comportement. La punition de Dieu avait été terrible. Hophni et Pinhas étaient morts dans un combat contre les Philistins et l’Arche d’alliance avait été prise. Saint Isidore écrit donc à Cyrille :

 

Si je suis votre père, comme vous le dites, (entendez père spirituel) je dois craindre d'attirer sur moi le châtiment d'Éli, si terriblement puni pour avoir négligé la correction de ses enfants. Faites cesser ces querelles. Ne cherchez pas plus longtemps la vengeance d'une injure privée et domestique. Ne la faites pas peser sur l'Église.

Cyrille accepte finalement de se soumettre

En 418, il convoque les évêques de son patriarcat et inscrit solennellement le nom de Chrysostome sur les dyptiques. Il rentre ainsi de nouveau en communion avec l’évêque de Rome.
Mais ce qui va rendre Cyrille d’Alexandrie célèbre comme théologien, défenseur de la foi et Père de l’Église, c’est la dispute qu’il a menée contre Nestorius qui devient patriarche de Constantinople en 428. Nestorius est moine et prêtre de la ville d'Antioche, connue pour son enseignement dualiste. Sous des dehors austères, Nestorius cache un esprit faux et chicaneur et, comme nous le verrons dans la suite de cette histoire, un orgueil indomptable. Arrivé sur le siège de Constantinople, il se met à enseigner avec force une hérésie dualiste qui a pris pour nom nestorianisme. Cette hérésie prétend qu'il y a deux personnes en Jésus Christ : celle de Dieu et celle de l'homme. Selon Nestorius, dans son Incarnation, le Fils de Dieu ne s'est pas uni à la nature humaine, mais il l'a seulement prise que comme un vêtement. En conséquence, toujours selon Nestorius, la Vierge Marie n'est pas Mère de Dieu, elle est seulement mère de l'homme Jésus ou mère du Christ dans une expression qu’il a proposée pour tenter de concilier ses opposants. Il affirme donc haut et fort : « Je refuse de voir un Dieu formé dans le sein d'une femme ! »

L’enseignement de Nestorius commence par scandaliser le peuple de Dieu, très attaché au titre de Mère de Dieu donné à Marie dès 325 par un prédécesseur de Cyrille, l’évêque Alexandre d’Alexandrie, et confirmé indirectement par le concile de Constantinople en 381 quand il a inclus dans le credo la phrase :

Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, vrai Dieu né du vrai Dieu, par l’Esprit Saint a pris chair de la Vierge Marie et s'est fait homme


Mais les théologiens s’emparent aussi de l’affaire. À leur tête, Cyrille d’Alexandrie qui avait, déjà en 420, protesté contre  « ceux qui divisent le Christ en deux et veulent faire de lui un homme uni au Verbe par une simple union morale ». Dès 429, il affirme dans une homélie pascale : 

Ce n’est pas un homme ordinaire que Marie a enfanté, c’est le fils de Dieu fait homme ; elle est donc bien mère du Seigneur et mère de Dieu.

Mais parler dans une homélie ne suffit pas. Cyrille apprend que l’hérésie nestorienne est en train de pénétrer chez les moines du désert d’Égypte, donc dans son territoire. Il écrit alors une longue lettre dogmatique pour défendre le dogme de l’incarnation sans jamais citer le nom de Nestorius. Puis il écrit à Nestorius lui-même, mais celui-ci s’entête dans sa position. Cyrille qui lui envoie une seconde lettre dans laquelle il fait un exposé clair et concis de la doctrine christologique. Il y développe différents points essentiels de la christologie :

  • Ce que signifie « le Verbe s’est fait chair » ;
  • comment le Verbe éternel est né dans le temps ; 
  • comment il est vrai que Dieu a souffert, est mort, est ressuscité ; 
  • pourquoi il est impie de partager en deux le Verbe incarné ; 
  • comment enfin la Vierge Marie est véritablement Mère de Dieu.

 

 

Le pape Célestin convoque un concile qu’il place sous la présidence de Cyrille.

 

C’est le Concile d'Éphèse en 431 qui regroupe deux cents évêques. Le concile prononce contre Nestorius une sentence de déposition. Il n’est plus patriarche de Constantinople. Le 7 juin 431, le Concile confirme officiellement que Marie est bien Mère de Dieu, théotokos en grec. Cette déclaration est accueillie par la liesse populaire.

Cyrille a gagné. Son rôle a été déterminant. Métaphysicien pénétrant et esprit religieux, Cyrille a mis en relief la cohérence du mystère de l'Incarnation. Pour lui, l'unité du Christ lui est apparue comme la conséquence logique d'un raisonnement très simple. Remarquez ici l’importance de l’intelligence dans la compréhension de la foi. Avec Cyrille, nous avons un bel exemple de situation où l’intelligence, le raisonnement simplement logique, sont venus au secours de la foi. Voici ce raisonnement :
 

  • si le Rédempteur n'est pas Dieu Lui-même, Il ne peut pas nous sauver ; Jésus Christ est donc personnellement Dieu. 
  • Si Jésus Christ est Dieu, il est juste de reconnaître à Marie la qualité de Mère de Dieu, quoiqu'elle n'ait pas, à proprement parler, produit la Divinité, chose qu'il serait absurde de prétendre. C'est ainsi que dans les générations ordinaires, l'âme l'emporte de beaucoup sur le corps. Et cependant, ne nommons-nous pas parents, ceux qui, en réalité, ne nous ont donné en fait que de notre substance corporelle?
     

 

Saint Cyrille d’Alexandrie est mort probablement le 27 juin 444. Il est Père de l’Église et Docteur de l’Église. Il est reconnu comme un saint tant par l’Église d’Orient à laquelle il appartenait que par l’Église de Rome avec laquelle il a voulu être en communion.
 

Cet article vous a plu ?
partager le lien ...

©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
A l'école des Saints

RCF vit grâce à vos dons

RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation  de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !

  • Ce don ne me coûte que 0.00 € après déduction fiscale

  • 80

    Ce don ne me coûte que 27.20 € après déduction fiscale

  • 100

    Ce don ne me coûte que 34.00 € après déduction fiscale

Faire un don