Blessé par un boulet de canon, la vie d'Ignace est chamboulée et c'est le début d'un incroyable parcours de sainteté.
Inigo – c’est nom d’Ignace dans sa langue maternelle – est né au château de Loyola, au pays basque, en 1491. Dans sa jeunesse, il est à la recherche de l’honneur et de hauts faits d’armes. Il est d’abord page de cour, puis gentilhomme au service du vice-roi de Navarre. C’est à ce titre qu’il participe au siège de Pampelune où il est gravement blessé en mai 1521. En convalescence au château, Ignace s’ennuie et demande des romans de chevalerie pour se distraire. Mais il n’y a rien de tel au château. On lui donne à la place une « Vie du Christ » de Ludolphe le Chartreux et la « Légende dorée », un recueil de vies de saints, du dominicain Jacques de Voragine. En lisant ces livres spirituels, Inigo fait une expérience fondatrice. Certes, les livres de chevalerie sont plaisants à lire, mais ils laissent son âme aride et insatisfaite. Par contre, les vies de Jésus et des saints peuvent attrister sur le moment mais enflamment son âme d’un feu qui dure et lui donne de la joie.
Cette expérience est le point de départ d’un des traits les plus fondamentaux de la spiritualité ignatienne : le discernement des esprits qu’il reprendra plus tard sous la forme de la méditation des deux étendards. Cette expérience conduit Inigo sur le chemin de la conversion. Malgré sa souffrance et son handicap, il brûle de grands désirs : vivre pauvrement, mendier, suivre le Christ. Il décide alors d’aller à Jérusalem, en pèlerin mendiant. Il veut convertir les musulmans. Une nuit, il a une vision de la Vierge qui le confirme dans sa décision. Il a alors 30 ans.
Guéri, même s’il continue de boîter ce qu’il fera toute sa vie, Inigo quitte Loyola. Il s’arrête au sanctuaire Montserrat où il remet son épée et son poignard à la Vierge noire. Il devient pèlerin. Il fait halte ensuite à Manresa (Manrèse), petite ville de Catalogne. Il y reste presqu’une année en retraite solitaire. C’est là qu’il fait une expérience de Dieu originale et fondatrice qui va constituer le cœur de ce qu’il va appeler ses Exercices spirituels. Il consigne dans un petit livre toutes ses intuitions, expériences et découvertes : c’est le livret des Exercices Spirituels qui va devenir sa manière d’évangéliser. Il va proposer ce cheminement, ces exercices, à différentes personnes qui vont en recevoir un grand profit.
Les Exercices Spirituels sont d’abord et avant tout une expérience qu’Inigo a vécue pour lui-même et qui l’a aidé à discerner l’appel de Dieu sur lui. Il a aussi compris que cette expérience personnelle qu’il a faite ne doit pas se limiter à lui-même. Il sent l’appel à la proposer à d’autres pour les aider à choisir leur manière propre de vivre une vie chrétienne consciente d’elle-même dans une relation d’intimité avec le Dieu de Jésus-Christ. Vers la mi-février 1523, Inigo part à Jérusalem comme il se l’est promis. Il y arrive en septembre, mais le custode des franciscains lui ordonne de repartir dans les 15 jours car il risque de se faire enlever par les Turcs qui essaient de monnayer les chrétiens kidnappés. Tous les projets d’Inigo s’écroulent une nouvelle fois. Mais la main de Dieu se cache derrière ces contre-temps. Inigo comprend qu’il faut qu’il étudie la théologie pour pouvoir enseigner ses exercices sans susciter la suspicion. Il se rend compte que l’aide des âmes passe par le savoir, par la connaissance de la théologie.
En mars 1524, il est de retour à Barcelone où il commence à étudier des rudiments de latin avec des élèves bien plus jeunes que lui. Cela ne l’empêche pas de donner ses Exercices et de recruter 3 premiers compagnons. Inigo ne passe pas inaperçu comme laïc. Il attire l’attention de l’Inquisition qui se méfie de ces illuminés qui enseignent le catéchisme, ont des conversations spirituelles, proposent des retraites ou font des prédications sans diplômes, tout cela sans autorisation et sans appartenir à aucun ordre religieux. Inigo est mis en prison. Mais l’Inquisition ne le condamne pas. Libéré, il décide d’aller en 1527 étudier à Salamanque. Là aussi, il a maille à partie avec l’Inquisition. Après avoir été une nouvelle fois lavé de tout soupçon et reconnu dans son orthodoxie, il décide d’aller étudier à Paris, à la Sorbonne, plus ouverte aux idées nouvelles.
Il arrive à Paris le 2 février 1528. Il a 37 ans et se retrouve à étudier avec des enfants, d’abord au collège Montaigu puis au collège Sainte Barbe. Il vit d’aumônes. Il partage la chambre de deux autres étudiants de 23 ans : Pierre Favre, un savoyard, et François Xavier, un navarrais. Inigo continue de donner les Exercices spirituels autour de lui aux étudiants, et ceux qui partagent sa chambre n’y échappent pas. Pierre Favre partage rapidement le désir d’Inigo : mener une vie pauvre à la suite du Christ. D’autres étudiant se joignent à eux.
Inigo est reçu Bachelier des Lettres en janvier 1532 et Licencié des Arts (lettres et philosophie) le 13 mars 1533. C’est à ce moment-là qu’ Inigo décide de latiniser son nom. Il devient Ignatius, Ignace en français. Le groupe d’Ignace s’interroge : avec les Exercices, ils ont fait une forte expérience de Dieu. Et maintenant ? Ils veulent tous vivre dans la pauvreté au service des hommes et être prêtres. Mais où ? Ils pensent à Jérusalem, si c’est possible. Sinon, ils iront à Rome, se présenter au Pape. Dans quel délai ? Ils se donnent un an à partir du moment où ils se retrouveraient à Venise pour prendre le premier bateau pour la Terre Sainte.
Forts de ces résolutions, le 15 août 1534, les compagnons d’Ignace se rendent à Montmartre dans la chapelle dite des martyrs. Ils sont 7 : Ignace de Loyola lui-même, François Xavier qui a fini par se joindre au groupe, Pierre Favre qui vient d’être ordonné prêtre le 30 mai, Diego Laynez, Nicolas Bobadilla, Simon Rodriguez, Alphonse Salmeron. Au cours d’une messe célébrée par Pierre Fabre, ils s’engagent au célibat et à la pauvreté, avec pour objectif de devenir tous prêtres pour aider les âmes… C’est le début de ce qui deviendra plus tard la Compagnie de Jésus.
Le 8 janvier 1537, les compagnons se retrouvent à Venise. Le 24 juin, ceux qui ne sont pas encore prêtres reçoivent l’ordination presbytérale. Ils espèrent toujours se rendre à Jérusalem. En attendant, ils se donnent un nom : “La Compagnie de Jésus”. Or la guerre entre Venise et le grand Turc bat son plein. Il est impossible de partir pour Jérusalem. Les compagnons se rabattent donc sur l’autre partie de leur vœu : ils vont voir le pape. Ils rencontrent le Pape Paul III en novembre 1538 et s’offrent à lui pour toute mission qu’il voudra bien leur confier. Pour que leur groupe disparate constitué d’hommes de de pays et de mentalités si différents ne se dissolve pas, ils décident de former un nouvel institut “La Compagnie de Jésus”. « Il vaut mieux pour nous, explique Ignace, que nous soyons tellement unis et liés en un seul corps qu’aucune séparation physique, pour grande qu’elle soit, ne puisse nous séparer. » Ils présentent donc leur “Formule” au Pape.
Le 27 septembre 1540, Paul III signe la bulle d’approbation de “La Compagnie de Jésus”. Le 17 avril 1541, Ignace est élu Préposé Général, malgré ses efforts pour ne pas accepter cette charge. Il ne pourra pas réaliser son rêve d’être missionnaire. Il va rester à Rome jusqu’à la fin de sa vie. Désormais la tâche d’Ignace est double : gérer le jeune institut qui grandit rapidement dans de nombreux pays et écrire ses Constitutions. Le nombre de jésuites grandit vite et les demandes affluent pour l’Asie, l’Afrique, l’Amérique. Le Pape veut des théologiens pour le Concile de Trente. Il faut aussi des hommes aux points chauds de la Réforme. On réclame des collèges, et les jésuites se retrouvent enseignants… Chaque jour, des dizaines de lettres écrites par Ignace partent de Rome à destination des villes d’Europe, des Indes, du Japon, adressées aux jésuites ou à d’autres personnages, responsables, à des titres divers, du destin des hommes. Plus de 6000 lettres seront retrouvées.
En plus de tout cela, Ignace trouve le temps de prêcher, de confesser, de créer des œuvres : maisons pour catéchumènes juifs ou mahométans, refuges pour les “femmes errantes”, quêtes pour les pauvres, les prisonniers insolvables… Au début du mois de juillet 1556, une fatigue extrême et des souffrances intolérables forcent Ignace au repos. Un dernier courrier part encore le soir du 30 juillet. Ignace meurt le lendemain matin à l’aube.
Il est canonisé le 12 mars 1622 par le pape Grégoire XV en même temps que François-Xavier et Thérèse d’Avila.
Certains reprochent à Dieu son silence. Or, depuis 2000 ans, Dieu nous parle par les saints. Les saints sont des messages de Dieu, des réponses de Dieu aux crises de notre temps. Pour le comprendre, mettons-nous à leur école…
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