Marcheur de Dieu, apôtre du Vivarais et du Velay, on l'appelait déjà le "Saint Père" de son vivant
Jean-François Régis est né le 31 janvier 1597 à Fontcouverte dans l'Aude près de Narbonne. Il est le deuxième de 4 garçons. Ses parents sont des nobles ruraux assez aisés et profondément chrétiens. À 14 ans, il part étudier au Collège des Jésuites de Béziers. Il est apprécié pour son travail et son esprit de bonne camaraderie. Il aime la prière et la Sainte Vierge.
À presque 19 ans, François Régis entre au noviciat de la Compagnie de Jésus à Toulouse. C’est une force de la nature. Il mesure 1,92 m. Après ses premiers vœux en 1618, il poursuit la longue formation des Jésuites, Il est ordonné prêtre à Toulouse en mai 1630 à 33 ans. Son rêve est de partir comme missionnaire au Canada, la Nouvelle France.
Votre Canada, ce sera le Vivarais !
lui répond le Supérieur Général.
Le père Régis est donc envoyé dans le Vivarais qui se relève des sanglantes guerres de religion qui ont marqué la France. C'est l'époque de la Contre-réforme : les évêques cherchent des "missionnaires" pour réévangéliser leurs diocèses. Leur but n’est pas tant de convertir les Protestants irréductibles que de ranimer la foi catholique mise à mal par les calvinistes dans les campagnes.
En 1632, il est envoyé à Montpellier comme missionnaire, il y prêche beaucoup et s’occupe des pauvres. Il est missionné à Sommières et aux environs. En 1634, il est mis à la disposition de l’évêque de Viviers, Monseigneur de la Baume de Suze, dans la visite de son diocèse. Il va à pied de village en village, préparant la venue de l’évêque. On l’appelle le « marcheur de Dieu ». C’est dans les rudes montagnes des Boutières qu’il démontre ses qualités de missionnaire vivant la radicalité de l’Évangile. Humble et chaleureux, le père François Régis gagne rapidement les cœurs des habitants. Sa grande bonté et sa parole simple attirent les populations.
En 1636, le père François Régis est nommé au Puy en Velay. À partir de ce moment, son apostolat se divise en deux parties : pendant la belle saison, il travaille au Puy ; l’hiver, il visite les villages de montagne car il sait qu’à ce moment-là, il peut trouver les paysans chez eux.
Au Puy, il continue son mode de vie très austère. Il concentre son activité sur trois priorités : les catéchèses, les pauvres, les pécheurs.
Les catéchèses du père Régis ne s’adressent pas seulement aux enfants. Elles attirent aussi les adultes, religieux et laïcs, pauvres et gens aisés. Il peut y avoir jusqu’à 4.000 personnes rassemblées pour écouter ses exposés solides et accessibles sur la foi chrétienne.
La famine et la guerre civile ont fait grandir la population du Puy. Le père Régis s’entoure de dames pieuses pour repérer et secourir les misères cachées. Il se rend populaire en procurant du travail aux dentellières, qui sont pour la plupart des femmes pauvres. Il se bat pour elles et obtient du Parlement de Toulouse le droit de fabriquer à nouveau la célèbre dentelle du Puy. Il cherche aussi à aider les prostituées. Pour les aider à quitter la prostitution, il fonde une maison d’accueil pour les « filles perdues ». Il propose à certaines de ces filles de devenir dentellières pour subvenir à leurs besoins. Il doit affronter les souteneurs, mais sa haute stature l’aide à s’imposer. Il doit aussi affronter les gens bien-pensants qui critiquent son apostolat auprès des prostituées.
Il s’occupe aussi des pauvres, visite les hôpitaux et les prisons, fonde une soupe populaire. On l’appelle le père des pauvres.
L’hiver, entre 1636 et 1640, le père François Régis visite de nombreux villages des montagnes du Vivarais et du Velay. Il est infatigable. Notre « marcheur de Dieu » se déplace toujours à pied dans des régions qui restent parfois dangereuses. Il loge chez les paysans qui veulent bien l’accueillir. Il prêche autant dans les églises que sur les chemins. Il est attentif aux besoins spirituels et matériels de tous. Il confesse énormément. Il accueille les pénitents avec beaucoup d’amour. On l’appelle partout le « Saint Père ». Quand les montagnards le rejoignent, il leur ouvre son cœur : « Venez, mes enfants, dit-il, je vous porte tous dans mon cœur ! » Parfois, les foules l’accompagnent d’une paroisse à l’autre. Il doit s’arrêter pour confesser en pleine campagne, parfois les pieds dans la neige.
En décembre 1640, le père François Régis achève une mission à Montfaucon où sévit la peste. Il part en bénissant la ville. Il annonce la fin de l'épidémie. Il retourne au Puy pour faire une retraite personnelle de trois jours. Il confie : « j'ai interrompu mes missions pour me préparer à bien mourir. » Prémonition ? Peut-être…
Car le 23 décembre, il se remet en route avec un compagnon, le frère Bideau, pour le village de La Louvesc. L’hiver bat son plein. Le temps est très mauvais. Le voyage des deux jésuites est difficile. Il s’égarent dans la neige et doivent passer la nuit dehors. Le père Régis prend froid et tombe malade. C’est une pleurésie.
Cela ne l’empêche pas, le 24 décembre au matin, à son arrivée à La Louvesc, de se rendre immédiatement à l’église et de commencer la mission. Pendant trois jours, sans faire attention à sa maladie, il travaille sans relâche, prêche sept fois, confesse deux jours et trois nuits, sans penser à prendre de nourriture et de sommeil. On imagine bien qu’il ne peut pas tenir longtemps ainsi. Le mercredi 26 décembre, après sa messe célébrée à deux heures de l'après-midi, il veut regagner son confessionnal mais il en est empêché tant l’assistance est dense. Alors, il s'assied près de l'autel et se remet à confesser, tête nue, sous une fenêtre aux vitres brisées.
Soudain dans la soirée, il chancelle et s'affaisse, à la grande stupeur des assistants. On le transporte à la Cure. Là, près du feu, ne croyez pas qu’il se repose. Les pénitents l’assaillent et il trouve la force d'entendre encore une vingtaine de confessions. Finalement, épuisé, il s'évanouit. Les gens sont consternés. Le curé les fait sortir et installe le père François Régis dans son lit. Pendant cinq jours, François lutte contre la maladie. La nouvelle se répand. Trois de ses confrères viennent d’Annonay et de Tournon accompagnés d’un médecin et d’un apothicaire. Le dimanche 30 décembre, il reçoit les derniers sacrements.
Le lendemain peu avant minuit, il dit au frère Bideau qui veille à ses côtés : « je me trouve plus mal », puis immédiatement : « Ah mon frère, je vois Notre Seigneur et Notre Dame qui m'ouvrent le Paradis. » Puis il reprend les paroles du Christ sur la croix : « Seigneur, je remets mon âme entre tes mains » et il expire. C’était le 31 décembre 1640, le père François Régis n’avait pas encore 44 ans.
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