Les propos de saint Paul sur les femmes peuvent heurter la sensibilité des lecteurs du XXIe siècle. Au point de faire dire à certains que l'apôtre était misogyne. "Un terme qui ne convient absolument pas", selon le bibliste Michel Quesnel. Auteur de "Paul et les femmes - Ce qu'il a écrit, ce qu'on lui a fait dire" (éd. Médiaspaul), il entend "rendre justice à ce malheureux".
"Que les femmes gardent le silence dans les assemblées, car elles n’ont pas la permission de parler ; mais qu’elles restent dans la soumission, comme le dit la Loi." (1 Co 14, 34)* Cette phrase, on la trouve dans la première épître aux Corinthiens, un texte authentique de Paul. Au chapitre 11, il est demandé aux femmes, lorsqu'elles prient d'avoir "la tête couverte". La réputation de misogyne qui colle à saint Paul est fondée sur ses écrits mais tous n'ont pas été écrits par lui, précise le Michel Quesnel, prêtre oratorien et spécialiste du Nouveau Testament.
Les textes de Paul sont conditionnés par la culture ambiante. Juif, né à Tarse, dans le sud de la Turquie actuelle, Paul a persécuté les chrétiens avant de se convertir sur le chemin entre Jérusalem et Damas. Il passera le reste de la sa vie à témoigner de sa foi au Christ. Pour Michel Quesnel, vis-à-vis des femmes, Paul était beaucoup plus ouvert que beaucoup de ses contemporains.
Si on est fidèle à Paul, la relation entre hommes et femmes dans l'Église doit être modifiée
L’Apôtre fait l’éloge appuyé de ces femmes dont il loue le zèle pour l’Évangile. Les Actes de Paul, texte apocryphe écrit vers 150 ap. J.-C., montrent même les maris courroucés expulsant Paul, "ce magicien qui séduit toutes les femmes" ( au chapitre 12) ! Il les cite, les reconnaît et leur donne même des responsabilités. Dans l'Épître aux Romains, il donne le nom d'apôtre à une femme.
Les femmes, avaient selon lui, un rôle à jouer. C'est le cas par exemple de Lydie, une notable qui se trouvait à Philippe en Macédoine, qui sans doute conduisait la prière juive, et qui a contraint Paul et ses compagnons à venir habiter chez elle, ayant sans doute eu une très grande autorité dans l'Église de Philippe.
L'ambiguïté des propos de Paul à l'égard des femmes révèle surtout un fort tempérament. Et finalement un apôtre qui ne fait pas de différence entre les hommes et les femmes. Pour Michel Quesnel, Paul a la conviction profonde que, au plan fondamental de la relation à Dieu, les hommes et les femmes sont égaux. Pour Paul, il n’y a plus ni homme ni femme, toutes les barrières et les sujétions sont abrogées : il n’y a plus que l’unique Église des affranchis de Jésus Christ.
L’Église interroge l’Écriture et l’Écriture interroge l’Église. "Le fait que les grandes décisions dans l'Église ne sont prises que par des mâles n'est pas normal, considère le prêtre, cela n'a pas de raison de durer." Pour Michel Quesnel, "si on est fidèle à Paul, la relation entre hommes et femmes dans l'Église doit être modifiée, et en particulier les responsabilités confiées aux femmes doivent être infiniment plus importantes".
* Source : AELF
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