Saint Paul est le principal artisan de la foi chrétienne et des premières communautés de l’Église naissante. Sa théologie repose toute entière sur la mort de Jésus sur la croix et inverse les valeurs jusqu’à la subversion. Car celui qui est suspendu au gibet n’est pas seulement le Messie, c’est Dieu lui-même. Un Dieu qui donne sa vie pour sauver les hommes, loin des notions de toute puissance et de domination. Jean Marie Ploux est prêtre de la Mission de France et théologien. Il est l’auteur de "Paul ou la subversion chrétienne" publié chez Salvator, dans lequel il propose une lecture renouvelée des écrits de Paul.
Paul est le premier apôtre, le premier à s'être confronté à des païens, c'est-à-dire des gens hors de l’"orbite" biblique et du monde juif. Il a du s'adapter à leur culture et à leurs concepts pour leur parler du Christ, mort et ressuscité.
c'est un farouche opposant à un groupe considéré comme une secte, les chrétiens
Saint Paul est un contemporain de Jésus, mais il ne l’a pas connu ce qui ne sera pas sans poser problème quant à sa légitimité, face à Pierre notamment. On dispose de deux sources d’information le concernant : ses lettres, antérieures d’au moins vingt ans aux Évangiles, et la deuxième partie du livre des Actes des Apôtres rédigés par Luc. "Il faut admettre que de nombreuses d’incertitudes persistent le concernant reconnait Jean-Marie Ploux. On sait qu’il est né à Tarse, une ville turque très ancienne et qu’il est issu d’une famille aisée de la diaspora c’est-à-dire des communautés juives vivant hors de Jérusalem et de la Judée. On sait aussi qu’il est fabricant de tentes certainement pour les nomades ou pour les armées romaines et qu’il a une grande culture". Si l’on en croit les Actes de Apôtres, Paul été témoin de la lapidation d’Etienne et il est un farouche opposant à celles et ceux qui se réclament de Jésus de Nazareth et qui formaient un groupe considéré comme une secte, les chrétiens.
Ce Jésus qu’il considérait comme un faux messie, il sait désormais qu’il est le Sauveur qu’Israël attend
Un tableau du Caravage représente Paul tombant de cheval au moment de sa conversion et cette idée est ancrée dans les esprits. "Il n’est nullement question de cheval dans les textes sourit Jean-Marie Ploux. Celui qui s'appelle encore Saul raconte qu’il est en route pour Damas avec la mission de faire disparaitre la communauté chrétienne qui s’y est implantée. Or sur le chemin, il vit une expérience dont lui-même a du mal à rendre compte". Il écrit dans la lettre aux Galates (1, 11-12 ) : "Ce n’est pas non plus d’un homme que je l’ai reçu ou appris, mais par révélation de Jésus Christ". "Ce Jésus qu’il considérait comme un faux messie explique Jean-Marie Ploux, il sait désormais qu’il est le Sauveur qu’Israël attend. Toute sa vie va être bouleversée par cette métanoïa, c’est-à-dire cette nouvelle manière de voir et il va la consacrer à annoncer la vérité qu’il a reçue". Paul devient le principal acteur de l’ouverture de la foi chrétienne à l’ensemble de l’humanité.
Dans les Actes de Apôtres, il est fait mention d’une assemblée à Jérusalem, décisive à la fois pour Paul et pour l’avenir de la toute l’Église naissante. Jean-Marie Ploux explique : "C’est au cours de cette assemblée que le statut des Grecs a été tranché - par "grecs" il faut comprendre non juifs. Il a été décidé que ceux qui devenaient chrétiens ne devaient pas d’abord être juifs et donc qu’il n’était pas nécessaire qu’ils soient circoncis". Avec Barnabas, Paul fait adopter cette décision qui conditionne le statut de l’Eglise, son fonctionnement et qui fait de lui un Apôtre au même titre que ceux qui ont été les disciples de Jésus.
La contemplation de Jésus en croix va devenir le fondement de la théologie de Paul
Paul parcourt les grandes cités avec plus ou moins de succès. Il fonde une communauté chrétienne à Corinthe à qui il adressera plusieurs lettres. Dans la première il écrit "[...] j’ai décidé de ne rien savoir connaitre parmi vous, sauf Jésus Christ et Jésus Christ crucifié". La formule "j’ai décidé" a de quoi surprendre. Pour Jean-Marie Ploux elle s’explique : "La contemplation de Jésus en croix va devenir le fondement de la théologie de Paul. Il pose la de la croix et sa réponse peut se résumer en ces termes : celui qui est crucifié n’est pas seulement le Messie, c’est le Fils de Dieu. C’est donc Dieu lui-même qui est sur la Croix". La voilà la subversion chrétienne, absolument révolutionnaire. C’est de la mort de Dieu qu’il est question désormais, un Dieu pauvre et vulnérable, un Dieu qui nous rejoint dans les angoisses les plus profondes, qui partage notre condition et qui en ressuscitant nous fait ressusciter avec Lui.
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